ADDIS ABEBA (AFP) - L'Ethiopien Million Wolde, champion olympique du 5.000 mètres à Sydney en 2000, a appelé les jeunes de son pays à se mobiliser davantage contre le sida, une pandémie qui menace "notre génération", a-t-il déclaré mercredi à Addis Abeba.

"J'appelle les jeunes d'Ethiopie (...) à faire l'effort d'apprendre tout sur le VIH/sida, sur sa propagation et la manière de se protéger", a déclaré Million Wolde, 22 ans, devant plusieurs centaines d'étudiants réunis à l'amphithéâtre de la Faculté de Commerce et d'Economie de l'université d'Addis Abeba.

"Je suis ici pour lancer un appel à l'action", a-t-il souligné.

Son appel intervient quatre mois après celui du quadruple champion du monde du 10.000 mètres, Haile Gebreselassie, qui a demandé aux jeunes Ethiopiens de jouer un rôle primordial dans la lutte contre la pandémie.

"J'exhorte les membres de ma génération à (s') arrêter et à réfléchir une nouvelle fois, et à ne jamais abandonner", a lancé Million Wolde, fustigeant les relations sexuelles non-protégées, lors d'une réunion organisée par l'UNICEF et l'OMS.

Selon Michel Jancloes, représentant de l'OMS en Ethiopie, citant une récente enquête nationale, la plupart des garçons et filles de ce pays de la Corne de l'Afrique sont sexuellement actifs avant l'âge de 17 ans.

Les jeunes Ethiopiens, de 15 à 24 ans, constituent environ 30% de la population éthiopienne totale, estimée à 65 millions, selon Addis Abeba.

Le taux de chômage chez les jeunes atteint près de 54%, souligne l'UNICEF. L'OMS précise que la moitié des nouvelles infections par le VIH constatées aujourd'hui le sont dans cette catégorie sociale.

Outre les 250.000 enfants de moins de cinq ans porteurs du VIH, l'Ethiopie compte 3 millions de séropositifs adultes, avec un taux de prévalence chez les adultes estimé à 7,3%.

"La différence entre vous et moi, c'est que j'ai subi un test et découvert ma séropositivité et qu'avec le soutien de Mekdem Ethiopia (organisation de personnes vivant avec le virus du VIH), je suis capable de vivre une vie saine avec le virus", a expliqué une mère de cinq enfants, Elisabeth Tefera, venue témoigner devant les étudiants.

"Vous ne devez pas avoir peur de moi ou des gens porteurs du virus, mais de la maladie", a-t-elle insisté, en appelant à "la fin des discriminations".

Selon Ibrahim Jabr, représentant de l'UNICEF en Ethiopie, 250 jeunes sont infectés toutes les heures dans le monde.

"Imaginez 24 avions Airbus avec 250 jeunes à bord qui se crashent chaque jour, quelle serait la réponse des pays du monde entier", s'est-il interrogé en tentant de donner une "dimension visuelle" des ravages causés par le sida sur cette planète.

Toutefois, il reste une "fenêtre d'espoir" en Ethiopie, a souligné Dagnachew Hailemariam, vice-secrétaire général du Conseil national anti-sida. Il s'agit des enfants de 5 à 14 ans parmi lesquels le taux de prévalence est "très faible", selon lui.

Addis Abeba, qui a mis au point un programme de réponse "multi-sectorielle" au VIH/sida, a axé prioritairement sa politique fédérale de lutte contre le fléau sur la prévention.