On pourrait croire que je ne porte plus à terre depuis que j'ai affronté des frappeurs des majeures pour la première fois dans un "vrai" match, mercredi, mais pour tout vous dire, je suis un peu frustré.

Voyez-vous, c'est que les Mariners ont décidé de ne pas me faire lancer dans un match régulier de la Ligue des Cactus, mais plutôt dans ce qu'on appelle un match B, le type de rencontre où on retrouve généralement des joueurs qui suivent un programme de remise en forme ou des lanceurs qui n'ont pas encore eu l'occasion, à ce stade-ci du camp, de grimper sur le monticule.

J'aurais préféré qu'on me donne la chance de montrer ce que j'ai dans le ventre dans un vrai match. Je ne vous cache donc pas que j'étais assez déçu, d'autant plus que l'organisation ne semble pas, jusqu'ici, avoir un plan précis pour moi au camp d'entraînement.

Aujourd'hui, je suis allé voir mon instructeur des lanceurs, Mel Stottlemyre, pour lui faire part de mon mécontentement. Je m'entends bien avec lui, c'est un bon gars, mais il arrive de l'organisation des Yankees et ça paraît. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il a longtemps travaillé au sein d'une équipe qui utilisait des vétérans aguerris et qui ne laissait pas beaucoup de place aux jeunes. Aujourd'hui, on dirait que parce que je suis une recrue, il a de la difficulté à me faire confiance, mais ce n'est pas parce que j'ai 19 ans que je ne peux pas lancer!

C'est l'essence des propos que j'ai tenus quand je suis allé le voir. Je lui ai dit que j'aimerais me frotter aux meilleurs, montrer ce que je sais faire et je lui ai demandé à quoi je pouvais m'attendre au cours des prochains jours. J'ai été un peu surpris quand j'ai vu qu'il n'était pas vraiment capable de m'expliquer comment on entendait m'utiliser pour le reste du camp. Pour l'instant, je sais que je lance dans l'enclos des releveurs demain, mais c'est tout.

Je ne suis pas ici pour faire le piquet. Je veux jouer et j'espère que ça va débloquer…

Pour ce qui est de ma première sortie, ça n'aurait pas pu mieux se dérouler. Au départ, j'étais supposé lancer pendant deux manches, mais les Padres de San Diego, l'équipe que nous affrontions, ont décidé que le match ne durerait que sept manches et j'ai dû sortir du match pour laisser la chance aux autres de voir de l'action.

Je n'ai eu besoin que de dix lancers pour faire le travail qu'on m'a demandé de faire. J'ai affronté quatre frappeurs - des gars que je ne connais pas, qui sont environ de niveau AA - et tout s'est déroulé à mon goût : trois roulants, dont un simple à l'avant-champ, et un retrait sur des prises.

Les trois roulants prouvent que mes lancers fonctionnaient bien. Je suis un lanceur qui, si tout va bien, va accorder beaucoup de roulants et va laisser sa défensive faire son travail. Je ne recherche pas le retrait au bâton, même si ça se prend toujours bien.

Je me sentais vraiment bien sur le monticule. La veille du match, j'ai beaucoup pensé à ce moment, j'avais hâte que ça arrive. Quand je suis arrivé dans l'enclos pour me réchauffer, les papillons ont commencé à apparaître dans mon estomac, mais aussitôt que je suis arrivé sur le terrain, tout s'est bien déroulé. Je ne suis pas de nature nerveuse et ça m'en prend plus que ça pour me stresser.

Le golf avant le hockey

Une demi-douzaine de personnes de mon entourage avaient fait le voyage en Arizona pour me voir lancer hier, notamment les membres de la famille chez qui j'ai habité en Outaouais. Ils sont arrivés il y a quelques jours et je crois qu'ils prévoient partir la semaine prochaine. C'est bien agréable de passer du temps avec eux.

Il n'y a pas grand-chose à faire pour les touristes ici. Je leur ai fait faire le tour de la ville. Ils voulaient magasiner et je leur ai montré les centres commerciaux. Ce soir, on va tous voir le match du Canadien à Phoenix, qui est à environ 35 minutes de route d'où j'habite.

Je mentirais si je vous disais que je suis un grand amateur de hockey. Je suis ça, mais avec un certain détachement. J'aime certains joueurs plus que d'autres, comme les Sidney Crosby, Alexander Ovechkin, Ilya Kovalchuk et compagnie, mais je n'ai pas vraiment d'équipe favorite. J'aime bien les Penguins de Pittsburgh, une équipe jeune qui a selon moi de bonnes chances de se rendre loin depuis qu'elle a fait l'acquisition de Marian Hossa. Mais je ne ferai jamais mon horaire en fonction de celui d'une équipe. Si on me dit que le Canadien joue à la télé à 19h00, je ne changerai pas mes plans pour aller écouter le match à tout prix.

En Arizona, le golf est beaucoup plus populaire que le hockey. Ma balle rapide est pas mal meilleure que mes coups de départ, mais j'aime bien fouler les terrains de golf de temps en temps. J'attends d'ailleurs d'un jour à l'autre mes nouveaux bâtons, que j'ai dû faire fabriquer sur mesure.

Je serais incapable de vous dire mon handicap. En fait, quand je vais jouer, je ne compte pas vraiment mes coups. J'y suis allé quelques fois avec des coéquipiers depuis que je suis ici. On prend le meilleur coup des quatre et on a bien du plaisir. C'est ce qui compte, non?

J'ai essayé une fois de tenir une carte de pointage. C'était au club de golf Le Sorcier, à Gatineau, un très beau parcours, mais très difficile. Disons que je ne me suis pas donné de chance… Je me suis écoeuré de compter bien avant la fin de ma ronde!

Aux côtés du grand Vlad

Avec le début du calendrier de la Ligue des Cactus, les occasions de rencontrer les joueurs d'autres équipes des majeures ont commencé à se présenter. Même si je fais maintenant partie de la même confrérie que tous ces gars-là, ça demeure impressionnant pour moi de croiser des joueurs que je considérais comme mes idoles il n'y a pas si longtemps.

Par exemple, on affrontait les Angels de Los Angeles mercredi et vous pouvez vous imaginer à quel point ça m'a fait drôle de marcher aux côtés de Vladimir Guerrero avant la rencontre. Je le regardais jouer avec les Expos il n'y a pas si longtemps et j'étais maintenant rendu sur le même terrain que lui. Je n'en revenais pas!

Les Mariners et les Padres ont chacun leur complexe d'entraînement, mais les deux équipes partagent le même stade pour disputer leurs matchs, ce qui fait que j'ai eu l'occasion de croiser Jim Edmonds et Jake Peavy. Aujourd'hui, les Rockies sont en ville et j'ai entre autres aperçu Matt Holliday. J'ai cherché Jeff Francis du coin de l'œil, mais je ne l'ai pas vu. Comme il n'était pas supposé lancer, je crois qu'il n'a pas fait le voyage avec son équipe.

Mes amis les journalistes

Dans ma dernière chronique, je vous parlais d'Ichiro et de toute l'attention médiatique qu'il attirait. Évidemment, de mon côté, c'est pas mal plus tranquille. Même si j'ai été repêché en première ronde, je ne suis qu'un petit Canadien qui n'a encore rien accompli dans les majeures. Mais quand même, j'apprends chaque jour à interagir avec les journalistes.

Depuis le début du camp, j'ai rencontré les différents membres des médias de Seattle et je dois dire que la plupart sont très corrects. Comme pour chaque joueur, ils viennent me voir après que j'aie lancé. Parfois, ils tentent d'en savoir un peu plus sur moi et je n'ai pas de problème avec ça. Je suis conscient qu'ils ont un travail à faire et tant que c'est fait avec respect, je suis prêt à collaborer.

Il arrive par contre que certains journalistes se montrent un peu trop insistants à mon goût. Ils ne te lâchent pas et quand ce n'est pas pour te poser toujours les mêmes questions, c'est pour tenter de s'immiscer dans ta vie privée. Parfois, ça n'a plus de lien avec le baseball et je ne vois pas l'intérêt.

Sur ce, c'est le moment de vous dire à la prochaine. J'espère que ma situation sera plus claire quand on se reparlera dans quelques semaines!

*Propos recueillis par Nicolas Landry