Les Expos, nos Amours
Baseball dimanche, 5 avr. 2009. 22:01 jeudi, 12 déc. 2024. 08:54
8 avril 1969 : Les Expos gagnent le premier match de leur histoire au compte de 11-10 contre les Mets, au Stade Shea de New York.
14 avril 1969 : Les Expos gagnent leur premier match local, 8-7 contre les Cardinals de St. Louis, au Parc Jarry.
17avril 1969 : Bill Stoneman réussit un match sans point ni coup sûr au Connie Mack Stadium de Philadelphie, dans une victoire de 7-0 des Expos sur les Phillies.
Le lendemain, le quotidien montréalais "Montréal Matin" titrait à la une : "Les Expos, nos Amours", une initiative bien pensée du rédacteur en chef, feu Lucien Langlois.
C'était réglé. Le département de marketing des Expos n'avait plus besoin de promotions supplémentaires pour vendre le baseball aux Québécois. Le tour était joué.
Il y a 40 ans, que de souvenirs
Les moins jeunes se souviendront que les lanceurs partants à New York avaient été Tom Seaver, pour les Mets, et Jim Mudcat Grant, pour les Expos. En fin de compte, c'est Don Shaw qui fut le lanceur gagnant en relève et c'est un autre releveur, le gaucher Dan McGinn, qui eut l'honneur de frapper le premier coup de circuit dans l'histoire du club montréalais.
C'est le maire Jean Drapeau qui avait effectué le premier lancer protocolaire, flanqué du principal actionnaire de l'équipe, Charles Bronfman, et du président, John McHale.
Vive "Jonesville"
À Montréal, une semaine plus tard, on craignait le pire. Jouer au baseball à Montréal le 14 avril n'était pas coutume. Heureusement, Dame Nature avait collaboré et était de la fête. Le mercure avait atteint 60 degrés Fahrenheit (environ 15 degrés Celsius) et le soleil brillait de ses plus éclatants rayons. C'était le printemps. Le terrain n'était pas en excellent état. Il y avait encore des bancs de neige au-delà de la clôture du champ droit. Les préposés au terrain n'avaient pas eu tout le temps requis à leur disposition pour l'aménager adéquatement. La terre était tellement molle en arrière du marbre que le receveur John Bateman semblait s'enliser lentement à mesure que le match progressait.
Mack Jones eut l'honneur de claquer le premier circuit de l'histoire des Expos au parc Jarry et devint du même coup le héros de la première heure des partisans des Expos, notamment ceux qui occupaient les estrades populaires (bleachers) au champ gauche. Jones, voltigeur de gauche, n'avait jamais expérimenté une telle attention à son égard de toute sa carrière. Les amateurs baptisèrent cette section du parc Jarry "Jonesville" et Mack fut naturellement élu maire par acclamation.
En 1969, les amateurs de baseball locaux ont vu défiler chez les Expos plusieurs vedettes des ligues majeures, dont ils avaient beaucoup entendu parler au fil des ans. Les Maury Wills, Jim Mudcat Grant, Dick Radatz, Elroy Face, le gérant Gene Mauch, sans oublier le favori local Claude Raymond, obtenu des Braves d'Atlanta vers la fin de la saison. L'arrivée d'Elroy Face fut mémorable. Face avait conservé une fiche incroyable de 18-1 en 1959 avec les Pirates de Pittsburgh. Il est vrai que les releveurs dans le temps n'étaient pas employés comme aujourd'hui, mais tout de même, 18-1 pour un releveur. Du jamais vu qu'on ne reverra jamais non plus.
Toujours est-il qu'à son premier match dans l'uniforme des Expos, en 1969, Face fut envoyé au monticule avec les buts remplis et aucun retrait. Rien d'anormal jusqu'ici dans son cas. Face, artiste de la balle tire-bouchon (!), tira une fois de plus son épingle du jeu en retirant dans l'ordre les trois frappeurs à lui faire face. Entouré des journalistes après le match, Face avait fait face à la musique, sans trop de mal. Questionné à savoir combien de fois dans sa carrière il s'était retrouvé dans une telle situation, le vétéran répondit : "Je ne me souviens pas trop. Mais je sais une chose. Jamais en première manche".
On ne peut pas dire que le gérant Gene Mauch n'avait pas le sens du spectacle. Mauch adorait le baseball et John McHale ne pouvait trouver un meilleur gérant pour que le baseball majeur lève à Montréal. Mais il n'était pas toujours facile. Un soir, il avait décidé que son jeune lanceur gaucher, Balor Moore, allait "mourir" au monticule. Moore avait de sérieux problèmes de contrôle et lançait la balle partout, sauf dans la zone des prises. Ses soirées de travail étaient généralement de courte durée. Ce soir-là, à Pittsburgh, Moore a subi le martyre. Il a donné des buts sur balles à profusion et une tonne de points "en brouette".
Après la cuisante défaite des Expos, un jeune reporter américain se pointa dans le bureau de Gene Mauch et lui demanda pourquoi il avait patienté aussi longtemps avec Balor Moore au monticule. C'était peut-être une bonne question pour un journaliste qui ne suivait pas les Expos régulièrement, mais le timing était très mauvais, d'autant plus que Gene recherchait depuis cinq minutes des allumettes pour en allumer une. Il leva soudainement la tête et demanda au jeune homme de s'identifier. Le gars répondit qu'il était attaché à la UPI, une agence de presse américaine très prestigieuse à l'époque. Mauch lui répondit : "Get the fuck out of here". Traduction libre : Décalisse.
Plusieurs souvenirs referont naturellement surface en ce qui aurait dû être le 40e anniversaire des Expos cette année. Des bons et des mauvais. C'est la vie.
14 avril 1969 : Les Expos gagnent leur premier match local, 8-7 contre les Cardinals de St. Louis, au Parc Jarry.
17avril 1969 : Bill Stoneman réussit un match sans point ni coup sûr au Connie Mack Stadium de Philadelphie, dans une victoire de 7-0 des Expos sur les Phillies.
Le lendemain, le quotidien montréalais "Montréal Matin" titrait à la une : "Les Expos, nos Amours", une initiative bien pensée du rédacteur en chef, feu Lucien Langlois.
C'était réglé. Le département de marketing des Expos n'avait plus besoin de promotions supplémentaires pour vendre le baseball aux Québécois. Le tour était joué.
Il y a 40 ans, que de souvenirs
Les moins jeunes se souviendront que les lanceurs partants à New York avaient été Tom Seaver, pour les Mets, et Jim Mudcat Grant, pour les Expos. En fin de compte, c'est Don Shaw qui fut le lanceur gagnant en relève et c'est un autre releveur, le gaucher Dan McGinn, qui eut l'honneur de frapper le premier coup de circuit dans l'histoire du club montréalais.
C'est le maire Jean Drapeau qui avait effectué le premier lancer protocolaire, flanqué du principal actionnaire de l'équipe, Charles Bronfman, et du président, John McHale.
Vive "Jonesville"
À Montréal, une semaine plus tard, on craignait le pire. Jouer au baseball à Montréal le 14 avril n'était pas coutume. Heureusement, Dame Nature avait collaboré et était de la fête. Le mercure avait atteint 60 degrés Fahrenheit (environ 15 degrés Celsius) et le soleil brillait de ses plus éclatants rayons. C'était le printemps. Le terrain n'était pas en excellent état. Il y avait encore des bancs de neige au-delà de la clôture du champ droit. Les préposés au terrain n'avaient pas eu tout le temps requis à leur disposition pour l'aménager adéquatement. La terre était tellement molle en arrière du marbre que le receveur John Bateman semblait s'enliser lentement à mesure que le match progressait.
Mack Jones eut l'honneur de claquer le premier circuit de l'histoire des Expos au parc Jarry et devint du même coup le héros de la première heure des partisans des Expos, notamment ceux qui occupaient les estrades populaires (bleachers) au champ gauche. Jones, voltigeur de gauche, n'avait jamais expérimenté une telle attention à son égard de toute sa carrière. Les amateurs baptisèrent cette section du parc Jarry "Jonesville" et Mack fut naturellement élu maire par acclamation.
En 1969, les amateurs de baseball locaux ont vu défiler chez les Expos plusieurs vedettes des ligues majeures, dont ils avaient beaucoup entendu parler au fil des ans. Les Maury Wills, Jim Mudcat Grant, Dick Radatz, Elroy Face, le gérant Gene Mauch, sans oublier le favori local Claude Raymond, obtenu des Braves d'Atlanta vers la fin de la saison. L'arrivée d'Elroy Face fut mémorable. Face avait conservé une fiche incroyable de 18-1 en 1959 avec les Pirates de Pittsburgh. Il est vrai que les releveurs dans le temps n'étaient pas employés comme aujourd'hui, mais tout de même, 18-1 pour un releveur. Du jamais vu qu'on ne reverra jamais non plus.
Toujours est-il qu'à son premier match dans l'uniforme des Expos, en 1969, Face fut envoyé au monticule avec les buts remplis et aucun retrait. Rien d'anormal jusqu'ici dans son cas. Face, artiste de la balle tire-bouchon (!), tira une fois de plus son épingle du jeu en retirant dans l'ordre les trois frappeurs à lui faire face. Entouré des journalistes après le match, Face avait fait face à la musique, sans trop de mal. Questionné à savoir combien de fois dans sa carrière il s'était retrouvé dans une telle situation, le vétéran répondit : "Je ne me souviens pas trop. Mais je sais une chose. Jamais en première manche".
On ne peut pas dire que le gérant Gene Mauch n'avait pas le sens du spectacle. Mauch adorait le baseball et John McHale ne pouvait trouver un meilleur gérant pour que le baseball majeur lève à Montréal. Mais il n'était pas toujours facile. Un soir, il avait décidé que son jeune lanceur gaucher, Balor Moore, allait "mourir" au monticule. Moore avait de sérieux problèmes de contrôle et lançait la balle partout, sauf dans la zone des prises. Ses soirées de travail étaient généralement de courte durée. Ce soir-là, à Pittsburgh, Moore a subi le martyre. Il a donné des buts sur balles à profusion et une tonne de points "en brouette".
Après la cuisante défaite des Expos, un jeune reporter américain se pointa dans le bureau de Gene Mauch et lui demanda pourquoi il avait patienté aussi longtemps avec Balor Moore au monticule. C'était peut-être une bonne question pour un journaliste qui ne suivait pas les Expos régulièrement, mais le timing était très mauvais, d'autant plus que Gene recherchait depuis cinq minutes des allumettes pour en allumer une. Il leva soudainement la tête et demanda au jeune homme de s'identifier. Le gars répondit qu'il était attaché à la UPI, une agence de presse américaine très prestigieuse à l'époque. Mauch lui répondit : "Get the fuck out of here". Traduction libre : Décalisse.
Plusieurs souvenirs referont naturellement surface en ce qui aurait dû être le 40e anniversaire des Expos cette année. Des bons et des mauvais. C'est la vie.