MONTRÉAL – Comme ils l’admettent sans hésiter, Roberto Alomar et Devon White pourraient bien profiter de leur retraite confortablement assis à leur domicile en profitant du soleil probablement avec une consommation à la main.

Mais à 47 et 52 ans respectivement, ils ne souhaitent pas se la couler douce et ils préfèrent s’impliquer dans une multitude de programmes pour redonner à la communauté. En parcourant le Canada avec les camps estivaux organisés par les Blue Jays, ces doubles champions de la Série mondiale (1992 et 1993) ont pu constater que l’affluence de jeunes joueurs de baseball à Montréal ne se situe pas au niveau des autres provinces canadiennes.

Ça ne veut pas dire pour autant qu’il faut délaisser le milieu montréalais, bien au contraire.

« On ne veut pas qu’ils oublient ce beau sport. Le baseball sera de retour, j’y crois, une équipe reviendra bientôt », a affirmé Alomar qui était aussi entouré de Denis Boucher de Baseball Canada pour cette activité dont les jeunes participants ont raffolé.

Si la santé du baseball en sol canadien se dirige dans la direction souhaitée, l’emballant récit actuel des Jays produit déjà un impact positif.

« C’est un gros plus, ça fait que les jeunes sont plus intéressés et c’est plus plaisant à regarder », a convenu celui qui excellait au deuxième but grâce à sa mobilité.

« Il y a moins de joueurs à Montréal, mais nous en avons croisé de très bons à Vancouver, Calgary et Edmonton tandis que ça s’en vient bien à Toronto. Le niveau a monté et, après tout, c’est un sport moins dispendieux que le hockey n’est-ce pas ? », a demandé White.

Sa déclaration démontre à quel point il est conscient de la réalité montréalaise. Devon White

« On comprend que Montréal est avant tout un milieu de hockey, mais on essaie quand même d’aider les jeunes qui désirent jouer au baseball et les lancer dans la bonne direction », a-t-il précisé.

Comme il l’a révélé, White est venu bien près de conclure sa carrière dans la métropole québécoise, mais il avait décliné la proposition d’Omar Minaya, directeur général des Expos, en 2002.

« C’est dommage à dire, mais j’ai refusé parce que l’appui des gens n’était plus là et la surface artificielle du terrain n’était pas adéquate. Je ne voulais pas quitter le sport en raison d’une blessure à un genou ou au dos », a précisé le sympathique Américain qui patrouillait dans le champ avec une grande aisance.

White n’en démord pas, il a répété à plus d’une occasion dans ses réponses que le support des partisans doit être indéniable pour ce que ce sport revive comme le souhaite ardemment des amateurs, des investisseurs et sans oublier le maire Denis Coderre.

« Ce n’est pas à moi de me prononcer sur la possibilité d’un retour parce qu’il y a de la politique derrière ça, mais ils doivent ravoir le support des gens. Le stade était très grand ici et les Expos avaient de la difficulté à attirer 10 000 spectateurs, ce n’était pas bon pour le baseball », a commenté White qui avait trouvé excitant de découvrir Montréal même s’il se sentait dans un autre pays avec la langue française.

White et Alomar ont réalisé que l’amour des Expos n’est pas disparu en voyant plusieurs personnes porter avec fierté des objets aux couleurs de l’équipe disparue en 2004.

« Ça ne me surprend pas. Ils ont eu de bons joueurs et ils ont laissé un héritage à leur façon. Je me souviens des Gary Carter, Andre Dawson, Moises Alou et plusieurs autres. Je souhaite seulement qu’ils ne vont pas les oublier et je continue de croire qu’ils vont revenir », a exprimé Alomar qui semble encore en excellente forme physique.

Le rôle crucial de Russell Martin

En attendant le possible retour des Expos, les fidèles peuvent se tourner du côté de Russell Martin qui représente le Canada à merveille en tant que visage de ce sport au nord de la frontière américaine.

Cito Gaston et Roberto Alomar« C’est très important d’avoir des joueurs canadiens qui évoluent au Canada. Les enfants veulent toujours s’identifier à des idoles qui ont joué ici dans leur jeunesse. Russell n’est pas seulement un joueur de premier plan, c’est une bonne personne. C’est un compétiteur féroce et un modèle de choix », a vanté Alomar.

L’ancien numéro 12 des Blue Jays sait de quoi il parle, il peut côtoyer Martin dans son rôle de conseiller spécial à l’organisation. Cette mission le satisfait pour le moment, mais il ne cache pas que ses visées ne s’arrêtent pas là.

« J’aime ce que je fais, mais je voudrais bien travailler dans les bureaux ou comme gérant un jour. Quand l’opportunité se présentera, je serai là, mais j’aime aider les enfants et je m’implique dans plusieurs projets », a révélé celui qui a réussi son éclosion sous les ordres de son gérant préféré, Cito Gaston.

« Personne ne savait qui j’étais quand je suis arrivé à Toronto et il m’a donné ma chance. En plus de bien faire son travail, il avait beaucoup de classe », a remercié l’auteur de 2724 coups sûrs et 1134 points produits.

S’il finissait par un jour hériter du poste qui a appartenu à Gaston de 1989 à 1997 et 2008 à 2010, il n’est pas impossible qu’il dirige le fils de Vladimir Guerrero qui a été embauché par les Jays cet été.

« Je ne l’ai pas encore vu à l’œuvre, mais je sais qu’il a signé pour beaucoup d’argent, ça je le sais », a admis Alomar en riant. « Vladimir était un excellent joueur très plaisant à regarder sur le terrain. Si son fils peut jouer de la même manière, il sera tout un athlète. »