Il y a 20 ans aujourd’hui, les joueurs du baseball majeur déclenchaient une grève.

C’est une date sombre pour les anciens partisans des Expos, car pour plusieurs, cet arrêt de travail représente le début de la fin pour Nos Amours.

À l’époque, les propriétaires du baseball majeur voulaient imposer un plafond salarial. La position des joueurs et de leur syndicat dirigé par Donald Fehr était sans équivoque. Il n’en était pas question!

Après des mois de négociations qui s’apparentent à un dialogue de sourds, le 12 août 1994, les joueurs mettent leur menace à exécution. La grève est déclenchée.

« Marquis Grissom avait dit aux journalistes de ne pas aller trop loin, qu’on recommencerait dans deux semaines », se rappelle l’ancien chroniqueur Serge Touchette.

Un mois plus tard, devant l’impasse le 14 septembre, c’est la saison et les Séries mondiales qui sont annulées.

« Ça n’avait aucun bon sens! », continue Touchette. « Annuler la Série mondiale, ils l’ont fait. »

À Montréal, c’est la consternation. À l’arrêt de la saison, l’équipe présentait la meilleure fiche de baseball majeur. Le rêve d’un premier championnat venait de s’écrouler.

« On a été puni sévèrement »

« J’avais évalué les pertes pour la saison entre 16 et 20 millions $ », explique l’ancien président des Expos Claude Brochu. « C’était énorme pour nous et c’est un peu ce qui a précipité les changements pour 1995 qu’on a appelé la vente de feu. »

Avec la grève de 1994 et de la vente de feu en 1995, de nombreux partisans délaissent l’équipe. Dix ans après le conflit, les Expos déménagent à Washington et deviennent les Nationals.

« La grève nous a fait très mal à Montréal », reconnaît Brochu. « Nous avons été punis sévèrement. »

Cet arrêt de 232 jours n’a rien réglé dans l’immédiat. Les joueurs sont retournés au travail en avril 1995 sans nouvelle convention collective. C’est toutefois en 1996 qu’entre en vigueur un nouveau contrat de travail - sans plafond salarial -, mais avec un système de partage des revenus.

« Ç’a été une victoire spectaculaire de la part des joueurs pour la simple raison qu’il n’y a pas de plafond salarial encore aujourd’hui », analyse Touchette. « Et le baseball n’a jamais fait autant d’argent que présentement. Donc, les joueurs n’avaient pas complètement tort. »

« Une victoire spectaculaire des joueurs »

« Ce qui s’est créé, c’est le système de péréquation qui permet des transferts de centaines de millions de dollars », précise Brochu. « Les clubs sont en bonne santé financière, nous avons une forme de contrôle et depuis la grève, nous avons une paix syndicale et ça semble continuer. »

Et si les amateurs de baseball du Québec peuvent rêver au retour d’équipe, c’est un peu grâce aux sacrifices de 1994 et aux ententes qui en ont découlé.