Ce dimanche, Pedro Martinez sera admis au Temple de la renommée du baseball, à Cooperstown.

En 1990, je portais les couleurs des Dodgers de Bakersfield dans la ligue de la Californie. Pendant ce temps à Los Angeles, Ramon Martinez faisait la pluie et le beau temps en route vers une saison de 20 victoires avec le grand club. Tout le monde connaissait Ramon Martinez, mais seule une petite poignée de joueurs connaissaient son frère, Pedro. À Bakersfield, notre équipe était décimée par les blessures de nos lanceurs partants et pourtant, nous étions en position de faire les séries. Un certain soir de la fin du mois d’août 1990, j’arrive tôt au stade afin de me préparer au match le plus important de la saison. Si l'on remporte ce match, nous accédons aux séries, sinon, nos chances sont très minces. En raison de l’état de nos lanceurs, mon réflexe, depuis quelque temps, était de demander à mon gérant, qui lançait pour nous aujourd’hui. Un peu hésitant, il m’annonce qu’il a dû faire appel à un lanceur de la ligue des recrues du nom de Pedro Martinez.

« Es-tu sérieux? »

Lorsque tu évolues au niveau A fort, tu penses qu’il y a un monde de différence avec le A recrue. J’étais frustré, tout comme mes coéquipiers qui se demandaient bien pourquoi les Dodgers nous imposaient un joueur de la ligue des recrues pour notre match le plus important. Lorsque Pedro a fait son entrée dans le vestiaire, la situation s’envenimait. Non, mais, comment un gars de son physique pourra « performer » se demandait tout un chacun? Pedro a vite réalisé ce qui se passait dans le vestiaire et dans un fort accent espagnol, nous dit simplement : « Soyez sans crainte les gars, ils ne toucheront pas à la balle! »

D’un seul coup, il venait de détendre l’atmosphère et même si on ne le croyait pas, son commentaire avait de quoi nous donner une certaine confiance.

Pedro MartinezNeuf manches lancées plus tard sans accorder de point et n’allouant que trois coups sûrs, je comprenais le jeune Dominicain de nous avoir rassuré en début de match. Cette attitude de gagnant ne l’a jamais quitté. Ma vue du champ centre était parfaite pour voir ce si petit lanceur, lancer des balles de feu vers les frappeurs tout en les déstabilisant avec un changement de vitesse qui ressemblait à une balle yoyo! Sans surprise selon moi, Pedro a franchi les prochaines étapes très rapidement pour enfin atteindre les majeurs en 1992 et pour de bon en 1993. Lorsque les Expos ont fait son acquisition en novembre 1993 contre Delino DeShields, les partisans et médias montréalais se demandaient tous quelle mouche avait bien pu piquer la direction des Expos. Le chroniqueur de journal Le Soleil, Maurice Dumas me téléphona, sachant que j’avais eu l’immense privilège de jouer avec Pedro pour me demander mon avis sur la transaction. Je n’allais pas me faire prendre une deuxième fois sur mes impressions de Pedro. Je mentionne à Maurice que les Expos viennent de faire un grand coup et que Pedro aidera les Expos beaucoup plus que les gens pensent. Je n’avais pas tort, mais jamais je n’aurais cru à une telle domination.

Pedro était non seulement dominant avec sa balle rapide qu’il maîtrisait à la perfection, mais n’avait peur de personne! Tous ces fameux tirs à l’intérieur pour passer un message à l’équipe adverse étaient volontaires. Il était le roi et maître au monticule et s’assurait de le faire comprendre à tous. Une mécanique parfaite lui a permis, malgré un physique peu imposant, de lancer à des vitesses folles. Mais malgré un talent fou et des habilités hors du commun, c’est son attitude avec ses coéquipiers qui le démarquait de tous. Toujours là pour encourager et surtout pour remonter le moral d’un coéquipier qui venait de commettre une bévue. Son amour pour le public n’a fait aucun doute, et ce, dès qu’il a porté l’uniforme des Expos. Lorsqu’il a gagné la Série mondiale pour la première fois avec les Red Sox, il a ouvertement mentionné qu’il avait une pensée pour les partisans des Expos. D’ailleurs, soyez sans crainte, lorsque Pedro prendra la parole lors de son intronisation au Temple de la renommée du baseball à Cooperstown ce dimanche 26 juillet prochain, il aura une pensée pour les partisans des Expos. Trois fois gagnants du trophée Cy Young et huit fois sur l’équipe d’étoiles, Pedro Martinez aurait été pendant plus de 10 ans, le meilleur lanceur au monde. D’avoir été témoin de ses débuts dans le baseball professionnel me rend fier, mais le fait qu’il a s’est établi comme joueur étoiles dans le baseball avec les Expos, nous rend tous fiers! Ce dimanche, son nom sera immortalisé parmi les grands de ce sport. Pedro a été un ambassadeur remarquable pour le baseball à tous points de vue et ce sera l’occasion de lui dire simplement, merci!