CHICAGO – Durant la majorité des 13 minutes de son point de presse, Alex Rodriguez est demeuré calmement assis en offrant sa meilleure imitation d’un homme songeur. Il a reposé son menton sur sa main droite, puis sur sa main gauche. Il cherchait du regard tous les gens qui lui adressaient des questions. Il a souligné de nombreuses fois les enjeux auxquels il devait faire face.

Des enjeux que tout le monde connaissait déjà, à part peut-être quelqu’un au réveil d’une longue hibernation.

Rodriguez s’adressait à cette salle remplie de journalistes, mais aussi, surtout, aux partisans de partout à travers le monde et, pour une raison nébuleuse, à tous les « Hispaniques de ce monde ».

Le troisième but des Yankees tenait à ce que tous ces gens soient informés des sept derniers mois qui avaient été « les pires de toute sa vie, sans aucun doute. » Et que même s’il « lutte pour sa vie », il n’en demeure pas moins investi pour son équipe en plus d’être « humble et excité » devant cette nouvelle opportunité de jouer dans la MLB, de porter l’uniforme des Yankees et de pratiquer le sport qu’il aime encore plus que tout.

Pour ce qui est du sujet des accusations contre lui que Bud Selig et la MLB ont exposé en annonçant sa suspension exemplaire jusqu’à la fin de la saison 2014, disons que la discrétion était au rendez-vous.

« Je ne vais pas entrer dans aucun détail à propos de ceci aujourd’hui, » affirmait-il dès la première question sur le sujet.

« Mais ce que nous contestons depuis le début, c’est la procédure, » ajoutait-il quelques instants plus tard. « Éventuellement, nous allons nous assoir et vider la question. Pour l’instant, c’est tout ce que je peux confortablement vous dire. »

Souhaitons que ses arguments soient plus incisifs le jour venu, car autrement, Rodriguez purgera sa suspension dès que le processus d’appel sera expiré. Présentement, il peut jouer, mais pour la suite, il s’agira peut-être d’une sortie définitive pour lui.

Le plus honnête des passages de ce point de presse improvisé avant son retour au jeu est survenu quand un journaliste lui a demandé si les Yankees, qui lui doivent toujours la rondelette somme de 94 millions de dollars jusqu’en 2017, souhaitaient le revoir sur le terrain.

« Si je suis productif, » répondit-il esquissant un sourire en coin. «Si je le suis, ils voudront de moi. »

S’il existe une forme de justice karmique dans toute cette histoire, c’est ici. Soit la MLB fera un exemple de Rodriguez en l’exilant loin de son sport ou bien il le fera lui-même.

Questionné à ce propos, Rodriguez affirmait qu’il n’avait pas poussé la réflexion jusque-là.

Pourtant, il ne cachait pas un peu plus tôt qu’à 38 ans, un âge vénérable pour un sportif professionnel, il ressentait pleinement tous les effets négatifs du vieillissement lors de son programme de réhabilitation. Il n’a pas caché aussi le fait qu’à sa dernière présence avec les Yankees, lors des éliminatoires de l’an dernier, son jeu était pitoyable. Joe Girardi, à l’époque, l’avait d’ailleurs cloué au banc faute d’espoir d’une production tardive de la part de son ancien joueur étoile.

Pour son retour au jeu lundi, contre les White Sox, Girardi a offert le quatrième rang de l’ordre des frappeurs à Rodriguez et son traditionnel troisième but en défensive. Questionné par rapport à ses attentes, l’entraîneur des Yankees s’est montré réaliste et diplomate devant la situation délicate.

Éventuellement, les attentes des joueurs par rapport aux tricheurs du sport se feront entendre. Pour l’instant, elles sont déversées au compte-goutte dans une mère de commentaires et d’opinions.

D’ici là, Alex Rodriguez est seul sur son île, probablement pour de bon, et il devra découvrir avec le temps que la solitude comporte son lot de désagréments.

Accueil hostile à Chicago

Les partisans du Cellular Field attendaient Rodriguez de pied ferme lundi soir et une voix à l’unisson rappela vite à A-Rod que même s’il était de retour sur le terrain, il n’était pas forcément le bienvenu sur celui-ci.

À sa première présence au bâton, Rodriguez a essuyé un déluge de huées avant de frapper un premier coup sûr cette saison, un simple dans le champ. Par contre, l’effort du troisième but des Yankees n’inspira personne parmi ses coéquipiers qui ont regardé les White Sox prendre les devants 7-0 lors des trois premières manches du match.

Les choses ne sont pas rétablies pour les Yankees par la suite tandis que les White Sox ont conservé le beau coussin qu’ils se sont offert jusqu’à la toute fin du match, remportant le premier match de la série 8-1.

Dans la défaite, Rodriguez est allé quatre fois au bâton et a récolté un coup sûr en plus d’être la victime d’un retrait au bâton. Brett Gardner a produit le seul point des Yankees, en septième manche. Andy Pettitte s'est fait malmené tôt dans le match et n'aura occupé la butte que deux manches et deux tiers, juste assez pour son neuvième revers de la saison.

Du côté des White Sox, Jose Quintana a récolté sa sixième victoire de la saison en six manches et deux tiers de travail. La relève des Sox n’a rien donné aux Yankees par la suite.

Le bâton d’Alex Rios s’est chargé du gros de l’offensive des locaux en produisant quatre points et deux coups surs. De plus, Rios a volé son 25e but de la saison dans la victoire des siens.

La série se poursuivra mardi soir, toujours à Chicago.