J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop, mais pendant que vous avez les pieds dans la neige et le bout du nez au froid, je suis de retour en Arizona, où j'ai déjà entamé ma préparation en vue de ma deuxième saison chez les professionnels.

Je suis présentement à Peoria, à la limite de Glendale, où je suis propriétaire d'une maison depuis le mois d'octobre dernier. N'allez surtout pas croire que je renie mes origines et que je n'aime pas Gatineau ou Montréal, mais vous serez d'accord avec moi que ce n'est pas l'endroit idéal pour s'entraîner. Du moins, je ne pourrais profiter des mêmes options qu'ici, où chaque jour, j'ai un accès direct au complexe d'entraînement des Mariners.

C'est une décision à laquelle j'ai réfléchi avec mon agent. Il m'a fait comprendre qu'au-delà de tous les avantages pratiques que ça pouvait m'apporter, il s'agissait d'un bon investissement à l'étape où je suis rendu de ma vie - j'ai eu 20 ans la semaine dernière.

J'habite avec Brett Lawrie, un de mes très bons amis qui a été le choix de première ronde des Brewers de Milwaukee au dernier repêchage du baseball majeur. Brett et moi nous sommes connus lors de notre séjour au sein de l'équipe nationale canadienne. Comme les Brewers s'entraînent dans la même région que les Mariners, on a décidé de s'acheter une maison ensemble et de se diviser les dépenses.

Mon nouveau chez-moi est situé au nord de la ville de Peoria. On se croirait en campagne ici, une campagne désertique. Le voisinage est très calme. Le soir, on n'entend rien d'autre que le cri des coyotes. Un visiteur pourrait avoir l'impression qu'on est au milieu de nulle part, mais dans le fond on est à dix minutes du complexe des Mariners.

Plusieurs joueurs des majeures habitent dans les environs. J.J. Putz y possède une maison et a l'intention de la garder même s'il a été échangé aux Mets de New York. Ichiro habite à environ 30 secondes de chez moi. Je compte aussi Mark Lowe et Brandon Morrow parmi mes voisins.

Mon coude va beaucoup mieux

Je suis donc, comme je vous le disais, installé ici depuis le mois d'octobre. Je suis retourné au Québec pour voir la famille dans le temps des Fêtes, mais je me suis remis au travail dès mon retour.

Je vais au gym à tous les jours. Je fais du conditionnement physique, je soulève des poids, je me lance la balle de temps en temps. Dans le fond, je suis le programme qui m'a été remis par les instructeurs des Mariners pour me préparer au vrai camp qui débutera vers la fin février ou le début mars.

L'état de mon coude, qui m'avait forcé à mettre fin prématurément à ma saison, s'est amélioré. J'ai pris un mois de repos complet et le travail qui a été fait par la suite a donné de bons résultats. J'ai recommencé à lancer tranquillement.

Je mentirais si je disais que je suis revenu à 100% de mes capacités, mais on m'assure que c'est tout à fait normal. Quand tu reviens d'une blessure, il y a toujours un petit doute qui subsiste. La moindre petite chose que tu ressens te fait réfléchir à ta blessure, un réflexe qu'on n'a pas quand on n'a jamais été blessé.

Je côtoie plusieurs joueurs qui sont déjà passés par là et qui me disent que ma retenue est tout à fait normale. On m'assure qu'à force de travailler, je vais retrouver mon endurance et tout va rentrer dans l'ordre.

Je me croise les doigts pour la Classique mondiale

Je viens d'apprendre que mon nom fait partie de la formation provisoire du Canada en vue de la Classique mondiale de baseball. Ça m'étonne, parce que j'avais parlé avec le gérant de l'équipe, Greg Hamilton, et à la lumière de nos discussions, je n'avais pas l'impression qu'il me ferait une place. Il m'avait demandé comment je me sentais et comment je voyais les prochains mois, mais je lui avais dit que je ne savais pas à quoi m'attendre.

J'adorerais participer à ce tournoi, mais après avoir parlé avec le nouveau directeur général des Mariners, je serais surpris si les dirigeants de l'organisation me donnaient le feu vert pour y aller. La balle est dans leur camp et aux dernières nouvelles, je n'ai pas le droit d'y aller.

J'espère qu'ils changeront d'idée si mon développement se déroule bien. Plutôt que de me retrouver au camp des mineures pour suivre ma petite routine avec les autres jeunes, j'aimerais bien mieux me rendre à Toronto dans un climat de compétition. Ce serait beaucoup plus agréable et, je crois, meilleur pour ma progression.

Personnellement, je crois que ce n'est pas en jouant avec des gars de ton calibre que tu vas apprendre quelque chose. En tout cas si je me fie à mon cheminement personnel, je me suis toujours amélioré davantage quand je vivais quelque chose de gros. Par exemple, quand je me suis rendu à Taiwan avec l'équipe nationale senior, j'ai eu l'impression de faire des pas de géant.

Ça ne veut pas dire que je n'ai rien appris l'an dernier alors que j'évoluais dans le calibre A avec le club-école des Mariners. J'ai réalisé, à mesure que ma saison progressait, que j'apprenais des choses qui me seraient utiles plus tard. Souvent, je commettais une erreur, je revenais en arrière et je recommençais. C'est souvent ce qui se produit dans mon cas. J'apprends de mes erreurs, je ne les refais jamais deux fois.

La prochaine étape

Si tout va comme prévu, je gravirai un échelon cette année et je devrais évoluer dans le A « fort », avec les Mavericks de High Desert, en Californie.

Une chose est sûre, je ne retournerai pas à Appleton, où j'habitais l'an passé, parce que les Timber Rattlers du Wisconsin sont maintenant affiliés aux Brewers de Milwaukee. C'est drôle, parce que c'est là que mon ami Brett devrait commencer sa saison. Moi, si je retourne dans le même calibre, ce que je ne souhaite évidemment pas, ce sera avec les Lumberkings de Clinton, en Iowa, dans la même ligue au sein de laquelle j'évoluais l'année dernière.

Je considère que j'ai eu une bonne première année chez les pros en 2008. Quand j'étais en santé, lors des trois premiers mois de la saison, je n'ai pas déçu. J'ai démontré que j'étais capable de faire le travail. J'espère maintenant passer à la prochaine étape.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.