Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on ne peut pas confondre le Wisconsin et l'Arizona. Si mon premier camp d'entraînement professionnel s'est déroulé sous un soleil radieux, il neige et il pleut sans cesse depuis que j'ai débuté ma saison à Appleton, le domicile de ma nouvelle équipe.

Au moment où je vous parle, mon équipe devrait être sur le terrain pour affronter les Dragons de Dayton, mais la pluie qui tombe depuis maintenant quatre jours nous empêche de suivre notre calendrier régulier. On s'entraîne donc à l'intérieur en attendant que les conditions nous permettent de faire notre travail. C'est un peu déprimant et la compétition commence à me manquer.

Même si la météo n'est pas d'humeur, j'aime bien ma nouvelle ville d'adoption. En fait, Appleton me fait un peu penser à la région de Gatineau, d'où je suis originaire. En Arizona, l'environnement était typiquement américain : des grosses villes, des gros buildings, tout est très commercial. Ici, dans cette ville d'environ 70 000 habitants, il n'y a pas de gros centre-ville. On y trouve tout ce dont on a besoin, mais ce n'est rien de fancy. Un beau petit coin tranquille.

L'endroit semble idéal pour accueillir une petite équipe de baseball. Notre stade est très beau, même si c'est difficile d'en apprécier le confort dans les conditions actuelles. Pour nos matchs à l'étranger, nous voyageons par autobus. Nos adversaires les plus près se trouvent à environ deux heures de route, tandis que les plus longs voyages, pour aller à Dayton, sont d'une douzaine d'heures.

J'aime bien notre groupe de joueurs, je m'entends bien avec presque tout le monde. Comme partout, il y a quelques pommes pourries, des gars qui ne semblent que vouloir piquer les autres, mais bon, on fait avec. Et pour ceux qui se poseraient la question, non, je ne me fais pas écoeurer parce que je suis francophone.

Une excellente première sortie

Sur le plan personnel, j'ai eu le temps d'effectuer une sortie et ça n'aurait pas pu mieux aller. C'était le 5 avril, lors du premier match d'un programme double contre les Bandits de Quad Cities River. Disons que j'ai sorti ce que j'avais dans ma poche : en quatre manches, je n'ai rien donné d'autre qu'un but sur balles et j'ai retiré quatre frappeurs sur des prises.

La raison pour laquelle on m'a retiré du match même si tout baignait dans l'huile, c'est que les entraîneurs tiennent mordicus à ne pas excéder la limite de lancers qu'ils ont fixée pour moi. On a établi que je n'effectuerai jamais plus de 55 lancers par sortie, ce qui fait que ma soirée de travail va généralement durer trois, peut-être quatre manches. On m'a expliqué que dans ces circonstances, il me serait impossible d'ajouter des victoires à ma fiche, que des défaites, et qu'on ne voulait pas me placer dans cette situation. C'est pour ça que malgré ma volonté d'être utilisé comme partant, je travaillerai à partir de l'enclos des releveurs pour commencer.

Au début, j'ai mal accepté cette décision. Je n'aime pas arriver dans un match en relève, mais je dois vivre avec. On m'a fait comprendre que c'était la meilleure chose à faire pour mon cheminement. Je prends donc ça relax et je sais que je m'en porterai mieux à la fin de l'année.

Je ne voudrais quand même pas partir en peur et dire que le calibre du A "moyen" dans lequel j'évolue présentement n'est pas assez fort pour moi. J'ai déjà gagné beaucoup en confiance, mais je vais attendre de voir ma progression à mes trois ou quatre prochaines sorties avant de tirer des conclusions de mon travail. Si je continue à dominer, le temps viendra où je devrai passer à autre chose, mais je vais attendre un peu avant de porter un jugement là-dessus.

Un petit quizz

En terminant, une petite note qui pourrait intéresser les amateurs de baseball purs et durs du Québec. Devinez qui est mon entraîneur des lanceurs avec les Timber Rattlers… Un indice : il a lancé pendant 12 ans dans les majeures, de 1989 à 2000, avec les Brewers, les Cubs et les White Sox.

La réponse : Jaime Navarro, qui a déjà connu cinq saisons d'au moins 11 victoires dans les années 1990.

L'entraîneur des frappeurs de l'équipe a quant à lui déjà joué avec les Aigles de Trois-Rivières il y a très, très longtemps. En fait, il m'a dit qu'à l'époque, les Aigles était le club-école d'une équipe des majeures. Il a habité deux ans en Mauricie.

Là-dessus, je vous dis à la prochaine, en espérant que le soleil se soit pointé le bout du nez la prochaine fois qu'on se reparlera!

*Propos recueillis par Nicolas Landry