Le mardi 22 décembre 2020, après la plus brève saison morte de son histoire (72 jours seulement), la NBA sera déjà prête à relancer les hostilités. Que les joueurs s’en réjouissent ou non. Le raisonnement derrière cette décision est simple : la ligue veut revenir à ses vieilles habitudes de calendrier le plus rapidement possible. Terminer sa saison en automne n’est pas idéal, tel que les dirigeants de la ligue l’ont constaté au niveau des cotes d’écoute en séries aux États-Unis il y a quelques mois. Un nouveau champion sera donc couronné en juillet prochain, et ça signifie qu’il est grand temps de se pencher sur une nouvelle campagne déjà forte en intrigues.

 

Voici les cinq thèmes qui m’interpellent le plus à quelques jours de la nouvelle campagne :

Des Raptors sans pression

Nos amis torontois ont été forcés de se trouver un domicile temporaire dans l’immédiat, optant pour le soleil floridien de Tampa et l’édifice utilisé par le Lightning en temps normal. Jouer à plus de 2000 kilomètres au sud du Scotiabank Arena est loin d’être idéal... mais tout de même inévitable. Et pourtant, malgré ce fâcheux détail, j’entrevois la nouvelle saison d’un œil étrangement optimiste pour la troupe de Nick Nurse.

Tous les experts leur accordent d’emblée une place en séries, mais peu voient les Raptors finir dans le top-4 dans l’Est. Assurément, j’aurais préféré que Serge Ibaka demeure pour encore quelques saisons. Mais la clé était de garder Fred VanVleet et Nick Nurse à long terme. En ce sens, c’est mission accomplie pour Masai Ujiri. Peuvent-ils légitimement rafler les grands honneurs avec la formation actuelle? Probablement pas. Mais peuvent-ils viser une place au deuxième ou troisième tour en séries? Je crois sincèrement que oui.

Les raisons de mon optimisme :

Le Amalie Arena se transforme en Aréna Banque Scotia

- Débuter une campagne avec des attentes réduites, ce n’est jamais mauvais. Le collectif se soude plus facilement et on joue généralement sans pression. Surtout avec un collectif jeune et gonflé à bloc.

- Les années d’apogée de Fred VanVleet débutent à l’instant.

- Pascal Siakam ne retrouvera peut-être pas le statut de vedette en devenir de février dernier, mais il sera assurément meilleur que dans la bulle à Orlando.

- OG Anunoby pourrait très bien prendre un autre pas vers l’avant cette saison.

- Kyle Lowry demeure un des guerriers parmi les plus motivés et fiables de la NBA.

- Aron Baynes ne coupera le souffle à personne avec son style de jeu, mais deviendra une des nouvelles coqueluches des partisans. Il cadre parfaitement dans ce que le club souhaite faire soir après soir.

- Chris Boucher continuera de provoquer et produire à chaque présence sur le terrain. Et Nick Nurse n’aura d’autre choix que de l’utiliser davantage en raison du contrat qui lui a été accordé en novembre.

- Matt Thomas semble dans une forme splendide et a clairement appris de sa première saison NBA. Le franc-tireur sera d’autant plus utile aux succès du groupe en 2021.

- Le garde Malachi Flynn, choix de première ronde des Raptors, a l’air vraiment bon. Tout simplement. Ne soyez pas surpris s’il devient le moteur derrière la résurgence du « bench mob » torontois d’il y a quelques années.

 -Aucun club rival dans l’Est ne s’est amélioré de façon hors norme ce printemps au point d’être hors d’atteinte.

Bref, on aura nos premières réponses en ce qui a trait aux Raptors dès le 23 décembre à 19 h sur RDS2 dans le cadre de leur ouverture de saison face à Zion et les Pelicans.

Tous les yeux rivés vers Brooklyn

Si vous avez un seul club à suivre dans la NBA au-delà des Raptors en ce début de nouvelle saison, ne regardez pas plus loin qu’à Brooklyn. Les Nets auront la chance de faire basculer l’ordre établi dans l’Est, alors que plusieurs tangentes s’annoncent fascinantes :

Steve Nash, contre toute attente, prendra les commandes d’une équipe NBA pour la première fois. Le joueur canadien le plus accompli de l’histoire semble avoir tous les atouts requis pour exceller, mais devra apprendre les rudiments du métier à la dure. Lui qui n’a jamais été assistant à temps plein par le passé. De plus, il devra bâtir une chimie instantanée autour de deux des personnalités les plus polarisantes du circuit Silver.

Kevin Durant disputera mardi son premier match officiel en 561 jours. Il se remet d’une des blessures les plus dévastatrices de son sport en temps normal : une déchirure complète du tendon d’Achille. La planète basket tout entière a hâte de découvrir s’il ressemblera ou non au KD d’antan. Selon tout ce qu’on lit, la forme est au rendez-vous et les partisans des Nets ont de quoi s’enthousiasmer. Mais il n’en demeure pas moins qu’il est maintenant âgé de 32 ans et que rien n’est acquis dans son cas. Même à 80 % de sa plus récente version, il redeviendrait un des 20 meilleurs joueurs de la ligue.

À ses côtés, il y aura Kyrie Irving. Avant même le premier match, il a déclaré qu’il ne parlerait pas aux médias cette saison car il ne discutait jamais avec « des pions ». Ouf. Pas certain que ça soit l’approche mentale idéale à adopter. Ceci étant dit, il demeure un des manieurs de ballon et marqueurs les plus naturels sur la planète. Et il a déjà prouvé sa capacité à devenir un acolyte parfait à une méga-vedette dans le but de rafler les grands honneurs.

Sur papier, les Nets ont une des trois équipes les plus dangereuses dans l’Est. Mais dans les faits, les virages périlleux possibles sont nombreux.

Là aussi, on aura nos premières réponses sur les ondes de RDS2 dès le mardi 22 décembre à 19 h alors que Brooklyn se frottera à Steph Curry et les Warriors pour entamer la nouvelle saison.

James Harden : le joker

Vous êtes sans doute au courant du roman-savon impliquant James Harden depuis quelques semaines. Non? Même si son contrat le liant aux Rockets est encore valide pour deux saisons, il a demandé à être échangé car il ne voit plus de possibilités d’avenir intéressantes au Texas. Il a ensuite décidé d’aller faire la fête à Las Vegas alors que le camp débutait à Houston. Et a même eu l’audace de dicter précisément son désir d’évoluer à Brooklyn ou Philadelphie cette saison. Chapeau aux dirigeants des Rockets de ne pas plier devant les ultimatums et de prendre leur temps avant de faire quoi que ce soit. Ils détiennent le gros bout du bâton et leur mandat est simple : extraire le plus de valeur de toute transaction potentielle impliquant un des meilleurs marqueurs de sa génération.

Alors pourquoi qualifier Harden de « joker », vous vous demandez? C’est tout simple. Si jamais il était échangé prochainement, l’échiquier sera assurément modifié considérablement. Surtout si c’est un aspirant dans l’Est qui obtient ses services. C’est tout dire sur son talent brut.

Vous me demandez de mettre un petit 2 $ sur le dénouement de l’histoire? Je prédis que Daryl Morey, nouveau DG des Sixers qui a misé gros sur Harden tout récemment à Houston, l’amènera avec lui en Pennsylvanie aux côtés de Joel Embiid. Tôt ou tard. Et devra se départir de Ben Simmons pour arriver à ses fins. Il s’agirait d’une expérience fascinante qui aurait le potentiel de tout chambouler l’ordre établi.

Les Canadiens prennent de plus en plus de place

D’un œil, on surveillera quotidiennement le classement en cette saison écourtée de 82 à 72 matchs. C’est de l’acquis. Mais de l’autre, on ne cesse jamais d’étudier l’évolution personnelle de différents individus. Particulièrement celle des 6 joueurs canadiens suivants :

Jamal Murray a pris un pas de géant vers l’avant à Orlando il y a quelques mois. Il devra maintenant poursuivre sur cette lancée à Denver pour solidifier sa place parmi l’élite. Tout indique qu’il sera à la hauteur du défi.

Luguentz Dort aussi a fait couler bien de l’encre en Floride, particulièrement avec une performance épique lors du match ultime face à Harden et les Rockets. Bien qu’une progression individuelle est à prévoir pour Lu, tout a basculé collectivement à OKC depuis un mois. Le quatuor de vétérans Chris Paul, Dennis Schroder, Danilo Gallinari et Steven Adams a changé d’adresse et la reconstruction annoncée il y a un an est maintenant réelle. Le Thunder détient une farandole de choix de premier tour lors des prochaines années et le meilleur est certainement à venir. Mais la tâche s’annonce désagréable pour Luguentz, Shai Gilgeous-Alexander et leurs amis en 2021.

La saison dernière, deux recrues ont volé la vedette plus que tout autre : Zion Williamson et Ja Morant. Avec raison. Les deux ont été époustouflants et nous ont montré à quoi ressemblerait l’avenir de la NBA. Pendant ce temps à New York, notre ami ontarien RJ Barrett, le 3e choix au total, rongeait son frein. Il faisait partie d’une équipe perpétuellement médiocre et les « experts » qualifiaient sa saison de relativement décevante. Me voici convaincu que le jeune homme sera bon en 2021. Très bon même. Contrairement au joueur décrit au prochain paragraphe, on dit que son désir de faire partie de l’élite du circuit n’est égalé que par son éthique de travail.

Je suis peut-être injuste envers Andrew Wiggins. Il n’a encore que 25 ans. Kyle Lowry, lui, est seulement devenu Kyle Lowry autour de 28 ans. N’est-ce pas? Même si tout est encore possible, je doute que la trajectoire de carrière de l’ex-phénomène torontois soit semblable. Le talent brut y a toujours été. Mais le désir ardent de devenir le meilleur n’y est pas. Ceci étant dit, une nouvelle (dernière?) chance phénoménale s’offre à lui cette saison à Golden State. En l’absence de Klay Thompson, Steph Curry se cherche un nouvel acolyte offensif et Wiggins détient les meilleurs atouts pour répondre à l’appel. Surprend-nous mon Andrew!

Je termine avec deux mentions spéciales. D’abord le montréalais Karim Mane effectuera ses premiers pas chez les pros, ayant fait le saut directement des rangs du Cégep Vanier. La marche est haute et on devra être patients dans son cas. Les dirigeants du Magic aiment toutefois beaucoup son potentiel. Le scénario idéal pour lui serait de pouvoir se développer à un rythme méthodique au sein de l’organisation et de pouvoir fouler un parquet de la NBA à quelques reprises durant la saison. Question d’y goûter et de se faire une tête. Il aurait grandement bénéficié de minutes accrues dans la G-League, mais celle-ci fonctionnera à régime très réduit en raison de la pandémie.

Et à Dallas, les nouvelles sont étonnantes et encourageantes dans le cas de Dwight Powell. Le 21 janvier 2020, il se déchirait le tendon d’Achille lors d’un duel face aux Clippers sur nos ondes. Une tournure dévastatrice pour une carrière émergente. Mais moins de douze mois plus tard, on nous apprend qu’il est pleinement rétabli et débutera la saison aux côtés de Luka Doncic. On a tous hâte de voir à quel point il pourra être efficace. Avec un Powell en santé face aux Clippers en séries il y a quelques mois, je crois que le dénouement aurait pu être différent.

Un favori clair et net

Et à tout seigneur tout honneur... je me dois de dédier le chapitre final de cette chronique aux champions en titre.

À l’aube de la saison 2019-2020, il n’y avait aucun favori clair aux yeux des experts NBA. Les Clippers, Lakers, Bucks, Celtics, 76ers étaient tous pressentis pour faire de grandes choses. Le champ de bataille était, disons, très ouvert.

Mais à quelques jours d’une nouvelle campagne, le son de cloche est très différent. Les Lakers ont été établis grands favoris et c’est très logique. Non seulement ont-ils été franchement dominants dans la bulle en route vers les grands honneurs. Mais ils se sont améliorés sur papier depuis ce temps. Rajon Rondo, Dwight Howard, Danny Green, Avery Bradley et JaVale McGee ont quitté Hollywood. Mais LeBron, Davis, Markieff Morris et Kentavious Caldwell-Pope ont prolongé leurs pactes respectifs. Puis Dennis Schroder, Marc Gasol, Montrezl Harrell et Wesley Matthews sont venus bonifier le casse-tête. Du beau boulot accompli par leur DG Rob Pelinka.

La cible dans leur dos sera énorme, la fatigue à surveiller, la chimie sera à refaire et le parcours sera sûrement parsemé d’embûches. Mais si « le King » et « the Brow » restent en santé, il est difficile de concevoir un monde où les hommes dorés n’atteindront pas la grande finale à nouveau.

Que les jeux commencent!

Bien content de vous savoir encore des nôtres pour une belle saison de basket à RDS.

Et vous, votre prédiction?

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