Ce mercredi 3 novembre (19 h, RDS et RDS Direct), les Raptors de Toronto disputeront leur 9e match de la saison. Ils présentent actuellement une fiche de 5 victoires et 3 défaites, et ils méritent quelques minutes d’attention de votre part. Non seulement traversent-ils une séquence de quatre gains consécutifs, mais ils le font de façon convaincante et contre toutes attentes. C’est le cas de le dire : le mouvement « We the North » est de retour en force après plus de 12 mois dans le néant et plus de 600 jours loin de la maison.

Voici mes dix constatations les plus frappantes en ce début de saison :

10) L’aspect le plus frustrant d’avoir eu à suivre ou couvrir les faits et gestes du club en 2020-2021, c’était le fait que l’éponge a été jetée en cours de saison quand il était devenu évident que la possibilité de participer aux séries pour une 8e campagne d’affilée s’était évaporée. L’objectif n’était plus de gagner, mais plutôt de perdre dans le but d’améliorer son sort au prochain repêchage. L’approche était logique considérant les blessures, la COVID-19 et le fait qu’ils étaient le seul club du circuit sans réel domicile pour la saison. Mais l’organisation avait érigé ses fondations sur des bases de culture forte, unie et compétitive depuis près d’une décennie. S’y éloigner drastiquement et temporairement en a déstabilisé plus d’un. Mais le résultat fut payant. On y reviendra plus bas dans cet article d’ailleurs. Tout ça pour dire ceci : Nick Nurse est de retour en mode 100 % compétitif et performant cette saison. Ça fait du bien à revoir.

9) Ce club sera surtout bâti autour de sa défense. Les joueurs sont polyvalents et les permutations pour contrer l’adversaire peuvent être infinies. Les bras sont longs et les mains sont actives, menant à un paquet de revirements provoqués. On connaissait déjà les aptitudes de Fred VanVleet et OG Anunoby en ce sens. Mais on peut rajouter les noms de Khem Birch et Scottie Barnes à cette liste de défendeurs en haut de la moyenne. Et la plus grande révélation pour embêter l’adversaire après 9 matchs? Gary Trent fils. Ce n’était pas nécessairement sa tasse de thé avec les Trail Blazers de Portland. Cette réputation est en train de changer rapidement. La morale? Les Raptors se feront rarement surclasser cette saison, même quand la touche offensive fera inévitablement défaut certains soirs.

8) La composante canadienne est plus présente que jamais, et les partisans de la ville Reine apprécient. Les Raptors comptent deux Québécois – Birch et Chris Boucher – et un Ontarien Dalano Banton dans leurs rangs cette saison, signe que l’organisation ne prend pas la saveur locale à la légère. Après un camp d’entraînement quasi perdu, Birch prend son envol depuis une semaine. Il comprend bien ses forces et accepte pleinement son rôle : rebonds défensifs et offensifs, écrans solides, défense étanche, actif autour du panier. Il sera dans le cinq partant plus tôt que tard si la tendance se maintient. Banton est excessivement intrigant. J’y reviendrai plus tard. Quant à Boucher, j’ai hâte de voir la suite des événements. Il est en dernière année de contrat et Nurse ne semble jamais avoir été son plus grand fan. Certains soirs, il figure parmi les joueurs les plus efficaces du circuit. D’autres fois, il disparait en début de match et on le cloue au banc. Arrivera-t-il à se faire pleinement valoir? Pas certain.

7) Goran Dragic sera échangé avant la date limite. C’est aussi simple que ça. Il est en fin de contrat et il aura sans doute une certaine valeur sur le marché aux yeux d’un club se cherchant un meneur de jeu fiable et solide pour les séries. Le seul bémol c’est que Nurse a arrêté de le faire jouer depuis quelques matchs. C’est une bonne chose pour le développement du jeune noyau. Mais en parallèle, ça n’aide pas sa valeur marchande. Dans tous les cas, il ne fait pas partie des plans d’avenir de Masai Ujiri.

6) Mon gros questionnement après huit rencontres : y a-t-il suffisamment de francs-tireurs dans ce club pour réellement rivaliser avec les grosses pointures dans l’Est? Poser la question, c’est y répondre. Alors que les prétendants du circuit en ont généralement au moins quatre dans leurs rangs, les Raptors n’ont que Trent qui se qualifie réellement à mon avis. J’aime le potentiel de Svi Mykhailiuk à ce chapitre, mais son rôle devra grandir davantage pour qu’il compte vraiment à mes yeux. Si jamais l’état-major entrevoit une chance de faire du bruit en séries, ils devront rajouter au moins un « shooter » pur avant la date limite.

5) Anunoby a trouvé son début de saison très pénible. Sept tirs réussis sur 34 après deux matchs (20 %), incluant 2-en-14 de longue distance. Il semblait forcer la note et ressortir la pression des attentes élevées à son sujet pour sa 5e saison pro. Depuis ce temps, les choses se sont drôlement bien replacées. Quarante-six pour cent du périmètre et une moyenne de 23 points par sortie (dont un sommet en carrière de 36, lundi à New York). Sans oublier qu’on lui demande généralement de ralentir le meilleur pointeur adverse soir après soir. Son ascension est cruciale au développement global de ce club.

4) En parallèle à l’émergence d’OG, il sera fascinant de surveiller le retour au jeu imminent de Pascal Siakam. Ressemblera-t-il au Camerounais émergent aux côtés de Kawhi Leonard en séries de 2019, carburant à l’énergie de la foule torontoise? Ou à l’ailier ayant d’abord perdu tous ses repères dans la « bulle » d’Orlando, puis dans la fausse maison de Tampa? On aura bientôt notre réponse. Il faudra d’abord qu’il retrouve ses aises individuelles. Ensuite, place à un cours de chimie aux côtés d’un jeune noyau émergent formé de OG, VanVleet, Barnes et Trent qui se débrouille plutôt bien sans lui. Disons que Nurse a encore pas mal de pain sur la planche à ce sujet.

3) La question suivante à 1000$? Que fera-t-on avec le cinq partant quand viendra le temps de jouer avec toutes nos armes lors du retour prochain de Siakam et Barnes (blessé au doigt)? VanVleet, Siakam, OG (et le centre choisi entre Birch et Precious Achiuwa) sont incontournables. Il reste donc une place et deux candidats : Barnes et Trent. Personnellement, je garderais Trent. Sinon, l’adversaire n’aura pas à respecter autant le périmètre. Mais ce scénario semble injuste pour Barnes vu son début de saison hallucinant. Lui aussi, j’y reviendrai dans quelques lignes.

2) Pas de question à se poser ici : le capitaine de ce navire se nomme maintenant VanVleet. C’est incontestable. Autant c’était dommage de voir Kyle Lowry amener ses talents à South Beach, autant sa présence pesait encore lourd autour de Steady Freddie. Il était grand temps de passer à autre chose. Et FVV possède tous les attributs d’un grand leader capable d’influencer le match de 15 façons, même quand son tir de l’extérieur en arrache. Ma seule inquiétude dans son cas serait le surmenage. Il a été surtaxé en étant le troisième joueur le plus utilisé de la ligue en 2020-2021. Et il se place encore dans le top-3 du circuit Silver en ce début de saison, disputant plus de 38 minutes par match. C’est trop à mon goût. Une campagne NBA représente un marathon et non un sprint. Quelques minutes de moins maintenant pourraient s’avérer très bénéfiques dans cinq mois.

1) Et terminons avec mon constat le plus frappant, et positif, de ce début de saison à Toronto : Barnes deviendra fort probablement une vedette dans cette ligue lors des prochaines années. Et Banton a le potentiel d’être vu comme un vol quand on se rappelle que les Raptors l’ont choisi au 46e rang du dernier encan amateur. Voilà ce qui s’appelle réussir son repêchage! Les deux sont longs, dynamiques, fluides et talentueux. Et sont rapidement devenus des chouchous de la foule torontoise. Le pari de Masai était majeur en ignorant Jalen Suggs en faveur de Barnes le 29 juillet dernier. Malgré l’échantillon universitaire limité du jeune homme, lui et ses dépisteurs envisageaient pour Scottie un futur avoisinant celui de Leonard. Si le modèle original voulait quitter le navire après une saison, pourquoi ne pas développer soi-même la version 2.0 en laboratoire?

Et perdre sa place dans la formation partante à court ou moyen terme ne serait probablement pas une tragédie. Ni pour lui ni pour le club. Au contraire, une deuxième unité avec le talent brut et la longueur de Barnes, Banton, Boucher, Achiuwa et Mykhailiuk pourrait faire des ravages et nous rappeler les belles années du « bench mob » à Toronto.

Peut-être ont-ils vu juste dans le cas de Barnes? Si oui, l’avenir s’annonce fébrile sur la planète Raptors!