Constats de mi-saison dans la NBA
NBA jeudi, 18 janv. 2018. 13:03 samedi, 14 déc. 2024. 00:30Nous venons déjà de franchir le cap de la mi-saison dans la NBA et ce ne sont pas les histoires croustillantes qui manquent. En fait, votre humble serviteur doit s’avouer agréablement surpris de l’aspect plutôt imprévisible de la campagne en cours. Une autre finale Warriors/Cavaliers s’avère beaucoup moins évidente qu’on ne l’aurait cru à l’origine. Une bonne nouvelle en ce qui me concerne! Voici donc les histoires qui ressortent du lot après 41 matchs.
Danger à Cleveland
Âgé de 33 ans maintenant, avec plus de 1300 matchs dans les jambes, LeBron James continue de défier les lois de l’évolution physique. Tom Brady et lui ont assurément compris des choses que le commun des mortels ne saisit pas encore.
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Le King a rarement été aussi bon du périmètre, de trois points, aux lancers francs, aux rebonds et au chapitre des aides durant sa carrière. Tout en disputant en moyenne 37 minutes par rencontre. Ceci étant dit, les Cavs, dans leur ensemble, font apparemment du surplace. Après 12 matchs, leur fiche était de 5 victoires et 7 défaites. Ensuite, on a vu leur meilleur visage alors qu’ils ont remporté 18 de leurs 19 duels suivants. Depuis ce temps? Trois victoires et neuf défaites. Oui, j’ai bien dit neuf défaites! Une série d’insuccès comme on en a rarement vu dans la carrière de James. Celle-ci coïncide en grande partie avec le retour de blessure d’Isaiah Thomas.
La chimie du groupe est assurément à refaire, mais les problèmes sont en fait plus complexes que cela. Premièrement, ils se classent parmi les trois pires formations défensives de la ligue. Thomas sera toujours une lacune à exploiter par l’adversaire à ce chapitre. Et les autres vétérans du groupe ne semblent pas intéressés à y mettre l’effort nécessaire. Du moins, pas avant l’approche des séries on dirait. Et finalement, à mon humble avis, il faut regarder le fameux dossier des contrats et de l’incertitude à long terme du noyau de l’équipe pour expliquer un flagrant manque de cohésion. LeBron refuse de confirmer qu’il reviendra à Cleveland après cette saison, rajoutant de l’huile persistante sur le feu des rumeurs l’envoyant à Hollywood cet été. Et Thomas ne cache pas son désir de prouver à toute la ligue qu’il a retrouvé la forme dans le but de frapper le gros lot dans quelques mois. À Cleveland ou ailleurs. Ce n’est pas une recette qui inspire confiance pour la suite. Malgré tout, les chances qu’ils passent sous peu en cinquième vitesse et atteignent à nouveau la finale de l’Est demeurent élevées.
Des Raptors étonnants
Je vous parlais, dans mon aperçu de saison en octobre dernier, d’une saison 2017-2018 potentiellement décevante pour les Raptors. Je ne voyais pas assez de bons jeunes dans le décor en mesure de pousser les vétérans vers l’avant. Je croyais que Kyle Lowry et Serge Ibaka, maintenant rémunérés à gros prix, avaient atteint leur plafond. Que Jonas Valanciunas allait devenir désuet dans la nouvelle NBA. Etc.
Je dois maintenant me rendre à l’évidence : les hommes de Dwane Casey ont prouvé que ma perception était erronée. Les dinosaures ontariens occupent le deuxième rang dans l’Est avec 30 gains et 13 revers. Leur fiche de 16-3 à domicile n’est devancée que par les Spurs de San Antonio. Lowry et Ibaka ne dépassent pas les attentes, mais font bien leur boulot. Demar DeRozan est au 7e rang des marqueurs du circuit et continue de progresser. JV trouve des moyens de suivre la cadence et de se rendre utile. Mais d’abord et avant tout, le directeur général Masai Ujiri a trouvé le moyen d’offrir à Casey pas moins de sept autres joueurs de soutien qui contribuent tous de façon substantielle aux succès de l’équipe. Ils ont chacun entre 20 et 30 ans et la majorité est payée bien en deçà du salaire moyen de la ligue. Delon Wright et OG Anunoby sont les deux révélations à mes yeux. Cette profondeur offrira une belle fraicheur ainsi qu’une panoplie d’options au personnel d’entraîneurs en fin de saison.
Des Celtics encore plus étonnants
Soyez honnêtes. Brutalement honnêtes svp. Qui d’entre vous auraient prévu que les Celtics de Boston présenteraient une fiche de 34 victoires et 11 défaites en date du 18 janvier? Qu’ils seraient au premier rang dans l’Est et au deuxième rang dans toute la NBA? Et ce, sans les services de Gordon Hayward depuis la première demie du premier match de la saison. Si vous avez levé la main, vous êtes ou bien un devin, ou bien un menteur!
Ce que Brad Stevens a accompli jusqu’à présent avec sa troupe est tout simplement hallucinant! Il est en voie de succéder à Gregg Popovich comme maître dans l’art de la maximisation du talent de ses joueurs et du fonctionnement impeccable d’une équipe. Si la saison se terminait demain, Stevens serait l’entraîneur de l’année. Kyrie Irving serait mon choix comme joueur le plus utile. Al Horford serait dans le top-3 des joueurs défensifs par excellence. Jaylen Brown serait en lice dans la catégorie du joueur le plus amélioré. Sans oublier l’excellent Jayson Tatum, candidat légitime pour la recrue par excellence. Ce n’est pas peu dire.
Je demeure relativement convaincu qu’il manque encore un joueur d’impact au groupe pour qu’ils soient établis favoris de l’Est devant les Cavs à l’aube des séries 2018. Mais l’écart entre les deux s’est restreint beaucoup plus rapidement que quiconque aurait pu le prévoir.
Une cuvée hors pair de recrues
Markelle Fultz, tout premier choix des Sixers lors du plus récent repêchage de la NBA, n’a essentiellement pas mis les pieds sur le terrain cette saison en raison de problèmes persistants à l’épaule droite. Ceci n’empêche pas la cuvée générale de recrues 2017-2018 d’être une des meilleures des 20 dernières années.
Toujours à Philadelphie, le garde Ben Simmons, qui avait raté sa première année complète, est encore plus dominant et électrisant que prévu. Lonzo Ball (Lakers) se cherche un tir du périmètre, mais son ratio aides/revirements est excellent et ses instincts de basket sont impossibles à ignorer. Et que dire de son coéquipier Kyle Kuzma, choisi au 27e rang, qui est en voie d’être qualifié de vol tellement il a démontré du potentiel.
Donovan Mitchell s’est rapidement établi comme pierre angulaire du Jazz de l'Utah, tout comme l’explosif Dennis Smith à Dallas. Et voici trois autres noms à retenir, qui se démarquent aussi tout en faisant partie d’équipes plutôt médiocres : Lauri Markkanen (Bulls de Chicago), Josh Jackson (Suns de Phoenix) et De'Aaron Fox (Kings de Sacramento). Ah oui, il y a aussi ce Jayson Tatum à Boston qu’il ne faudrait pas oublier. La ligue sera entre bonnes mains pendant encore plusieurs années.
L’Ouest en mouvance
Depuis environ vingt ans, l’Association de l’Ouest domine celle de l’Est à tous les chapitres. Peu importe la statistique ou le palmarès que vous choisirez, les chiffres appuieront ma déclaration.
Le champion de l’Ouest a remporté 13 des 19 dernières finales et la force de frappe globale de ses 8 clubs accédant aux séries est toujours supérieure. Cette tendance est-elle toutefois en train de changer? Ou d’évoluer lentement mais surement? Alors que les équipes classées 9 à 12 dans l’Ouest lors des années passées étaient toujours considérées plus fortes que les derniers clubs méritant une place en séries dans l’Est, ceci est pas mal moins vrai cette année. L’émergence de joueurs comme Giannis Antetokoumpo, Joel Embiid, Andre Drummond, Hassan Whiteside, Victor Oladipo, Dennis Schroder et Kristaps Porzingis est en grande partie responsable de ce renversement de situation selon moi.
Alors que dans l’Ouest, les Clippers (perte de Chris Paul), le Jazz (perte de Gordon Hayward) et les Grizzlies (vieillissement) ont régressé. Le Thunder d’Oklahoma City ne répond pas tout à fait aux attentes. Et les Nuggets de Denver, tout comme les Blazers de Portland, semblent faire du surplace depuis l’an dernier, alors que leur noyau de jeunes vedettes devrait émerger davantage.
Les surprises individuelles
Je tiens aussi à souligner les saisons exceptionnelles et inespérées de certains joueurs qui devraient se tailler une place sur l’équipe d’étoiles.
Commençons avec Victor Oladipo à Indiana. Quand les Pacers ont échangé Paul George à OKC l’été dernier, j’étais le premier à crier au vol quand j’ai vu qu’ils obtenaient seulement Oladipo et Domantas Sabonis en retour. En revisitant le tout quelques mois plus tard, je serais presque prêt à dire que les Pacers ont fait une bonne affaire. Ils allaient perdre George de toute façon après la saison 2017-18. En réussissant à exploiter le plein potentiel de leurs deux nouveaux venus (qui stagnaient en Oklahoma), ils ont redonné vie à une organisation qui était vouée à la loterie cette saison.
Oladipo arrive au 11e rang des marqueurs de la ligue et offre une production égale (même supérieure) à celle de PG13 avec le même club l’an dernier. Soulignons aussi l’amélioration de Porzingis à New York et le brio de Lou Williams avec les Clippers (auteur d’un match de 50 points à Golden State la semaine dernière). Sans oublier un des meilleurs marqueurs du circuit (que vous connaissez probablement à peine) : Devin Booker, des Suns de Phoenix. Il a seulement 21 ans et marque déjà 25 points en moyenne par soir.
Le géant qui dort
Quelle devrait être la fiche d’une équipe qui a été privée de son meilleur joueur et de son meneur de jeu pour la majorité de la saison? Une équipe bien dirigée, mais qui n’a pas repêché un seul joueur dans le top-20 depuis maintenant vingt ans? Vous vous doutez où je m’en vais avec ce préambule, non? Les Spurs de San Antonio se classent 3es dans l’Ouest et 5es dans la ligue avec un cumulatif de 30 victoires et 16 défaites. Leur fiche de 19-2 à domicile est la meilleure du circuit Silver.
Tony Parker a raté 26 matchs et Kawhi Leonard en a manqué 37. Un seul joueur, LaMarcus Aldridge, passe plus de 27 minutes par rencontre sur le terrain. Gregg Popovich fait donc appel, de façon significative, à au moins 10 joueurs par soir. Parfois même 11 ou 12. Il gère son effectif de main de maître et s’assure d’être fin prêt quand arrivent les séries.
L’autre grande force des Spurs, menés par leur directeur général de longue date RC Buford, sera encore et toujours de dénicher et développer des talents cachés aux quatre coins de la planète. Le meilleur exemple de ceci cette saison est le letton Davis Bertans. Il marque plus de 11 points par match depuis le début du mois de janvier, incluant 28 il y a dix jours à Sacramento, alors qu’il était un illustre inconnu tout récemment.
On prend cette équipe pour acquis année après année, mais je trouve important de rappeler systématiquement aux lecteurs à quel point la culture basket développée par monsieur Popovich au Texas devrait servir de référence à l’échelle mondiale.
Champions en titre sur pilote automatique
Vous auriez sans doute trouvé ça étrange que je rédige un bilan complet de mi-saison sans faire une seule allusion à l’équipe qui présente la meilleure fiche de la ligue. Non? Disons tout simplement que les Warriors de Golden State font leur petit bonhomme de chemin. Ils vont probablement terminer la campagne avec un palmarès identique ou semblable à celui de l’an dernier (67-15). Tout ça, sans trop forcer ni pousser la machine, tout en gérant les blessures mineures ici et là à Green, Durant et surtout Steph Curry. Pour l’instant, les hommes de Steve Kerr demeurent les favoris incontestés pour préserver leur titre de champions. Si vous voyez une équipe en mesure de les détrôner, n’hésitez pas à partager votre point de vue.
Je vous reviens sous peu avec un nouvel article mettant en vedette le Québécois Olivier Hanlan, qui continue de bosser dans le but d’atteindre son but suprême : la NBA.