Ça fait maintenant cinq jours que les Raptors de Toronto ont dû s’avouer vaincus au deuxième tour des éliminatoires de la NBA face aux vaillants Celtics de Boston. Avez-vous eu le temps de digérer le tout comme moi un peu?

On nous avait promis une série physique, intense et serrée et c’est ce qu’on a eu. On avait envisagé un duel d’entraîneurs brillants et chevronnés… et c’est ce qu’on a vu. Fred VanVleet avait affirmé que les Raptors seraient très durs à abattre à quatre reprises en sept rencontres… et il avait raison. Bref, il n’y a aucun (ou si peu) de regrets à avoir pour les champions en titre selon moi. Ils avaient promis, malgré le départ de Kawhi, de défendre leur trophée avec fierté cette saison et de vendre leur peau à cher prix en séries. Promesse tenue!

À la base, ce qui explique le plus cette défaite crève-cœur selon moi fut le passage à vide de Pascal Siakam pendant tout le temps passé en Floride depuis juillet. Si le Camerounais avait le moindrement ressemblé au joueur partant du match des étoiles en début 2020, les Raps auraient probablement mérité leur place dans le carré d’as. Plus Siakam tentait de se remettre sur la bonne voie, plus il s’enlisait à mes yeux. Comme dans du sable mouvant. Son tir de l’extérieur était devenu pitoyable. Ses attaques vers l’anneau manquaient de conviction. Ses décisions avec le ballon étaient déficientes et ont mené à trop de revirements (5 lors du match ultime). Les Celtics connaissaient bien ses feintes de prédilection et il n’arrivait pas à se créer des tirs intéressants comme par le passé. C’était dommage à regarder.

Bref, on doit probablement arriver au constat suivant : Siakam est un excellent joueur qui n’a pas fini de s’améliorer, et assurément une vedette numéro deux ou trois dans un club capable de rafler les grands honneurs. Mais il ne sera probablement jamais un numéro un comme l’a été Kawhi en 2019. Pas de vraie honte à y avoir. Des joueurs « alpha » capables d’atteindre ce sommet sont rares dans la NBA. Très rares. Je tenterais de voir la situation comme un recadrage de son rôle tout simplement. On a enfin déterminé son « plafond » individuel, après des années d’amélioration fulgurante, hors normes et quasi inexplicable. Masai Ujiri et Nick Nurse savent maintenant quelle case il peut remplir et devront trouver les bonnes façons de l’entourer pour les prochaines saisons.

En ce sens, on doit maintenant se tourner vers la suite des choses dans l’univers « We the North ». Et l’avenir s’annonce flou à quelques égards à mon avis. Voici donc les sujets chauds ou les questions épineuses à régler pour monsieur Ujiri pendant l’entre-saison :

*Nick Nurse : Problème réglé. Les Raptors ont annoncé mardi une prolongation de contrat de plusieurs saisons avec leur entraîneur-chef adoré de tous. Aucune surprise. Il adore Toronto et doit tout à l’organisation qui a cru en lui pour remplacer Dwane Casey en 2018. Et l’organisation l’adore tout autant. La stabilité en haut de la pyramide est donc assurée dans l’immédiat. Regardons maintenant les autres blocs clés de la structure.

*Fred VanVleet : Le joueur autonome le plus important des Raptors. C’est certain que Masai voudra garder à long terme celui qui est parti de rien et qui a été développé de toutes pièces par l’organisation depuis son arrivée en 2016. Mais combien vaut-il dans le marché actuel : 18 millions par année? 20? 24? Ujiri voudra-t-il risquer le contrat de la durée maximale de cinq saisons ou préférerait-il garder un peu de flexibilité à cet égard? Et si un club inférieur comme les Knicks, Pistons (ou autre) arrivait avec une offre monstre qui allait au-delà de la limite établie dans la tête du président? Pas évident… Je crois donc que « Steady Freddie » sera de retour, mais il ne s’agit pas d’une certitude.

*Serge Ibaka : Le Congolais d’origine, également un joueur autonome, performe actuellement à un très haut niveau. Peut-être au plus haut niveau de sa carrière si on se fie aux propos de notre expert Peter Yannopoulos. Ujiri voudra donc assurément le garder lui aussi. Mais une fois de plus, la question s’impose : pour combien de saisons et à quel salaire annuel? Il a reçu 41 millions de dollars lors des deux dernières campagnes. Ses agents ne voudront probablement pas, basé sur son rendement récent, que sa rémunération annuelle baisse beaucoup par rapport à ce chiffre. Il n’a que 30 ans et des joueurs polyvalents et complets comme lui ne courent pas les rues. Accepterait-il 45 millions pour trois saisons? Ou est-ce utopique comme cible? Ujiri y trouverait son compte, mais Serge voudra-t-il encaisser davantage? Dossier intrigant à suivre…

*Marc Gasol : Je crois personnellement qu’on ne reverra pas le gentil géant espagnol dans l’uniforme des Raptors. Les arguments pour le ramener sont clairs : son leadership, son expérience, sa défense contre les Joel Embiid de ce monde, ses habiletés de passeur. Mais les raisons de tourner la page le sont tout autant. Sa mobilité diminue à vue d’œil. Il marque de moins en moins de points. Nurse ne l’utilise plus jamais lors de fins de matchs serrées. Bref, il n’est plus tout à fait adapté à la NBA moderne où les joueurs de centre classiques disparaissent à vue d’œil. Le scénario le plus probable selon moi, c’est qu’on le verra quitter le Canada alors que l’équipe attribuera les fonds de son imposant salaire de 2019-2020 (25,6 millions) pour palier à la hausse massive de salaire de Siakam la saison prochaine. Scénario deux possible : il accepte de revenir pour une saison seulement, avec un salaire de cinq millions tout au plus.

*Chris Boucher : Bien malin celui qui pourrait déjà prédire le sort du Montréalais d’origine lors des prochains mois. L’optimiste en moi croit qu’une fois que le départ de Gasol (et le retour d’Ibaka) sera confirmé, l’état-major des Raptors se tournera vers Chris pour lui offrir le rôle de centre substitut en lui promettant plus de temps de jeu. J’ai envie de penser qu’ils apprécient sa progression, sa polyvalence, ses capacités athlétiques et qu’ils veulent mener à terme l’investissement de temps et de ressources qu’ils ont fait à son égard depuis deux ans. Je me garderai cependant une gêne pour deux raisons.

1) Nurse avait la chance de l’utiliser un peu plus au cours des deux derniers mois mais a choisi de l’employer seulement lorsque l’enjeu était réduit. A-t-il vraiment confiance en lui? Ou lui demandait-il simplement d’être attentif et patient afin d’obtenir une vraie chance en 2021?

2) Si une belle offre provient d’une autre organisation au cours des prochains mois, Chris pourra-t-il vraiment la refuser? Surtout si elle implique plus de $ et du temps de jeu assuré? J’ai l’impression que non, car Boucher aura déjà 28 ans dans quelques mois et n’a pas encore obtenu de gros contrat professionnel. C’est sa chance.

*Kyle Lowry : Le garde des Raptors est maintenant bien ancré comme meilleur joueur de l’histoire des Raptors. Aucun débat possible. Ses performances courageuses et répétées face aux Celtics ont épaté tout le monde. Et l’élimination surprise de Kawhi avec les Clippers mardi a mis en valeur à quel point ses acolytes à Toronto l’an dernier avaient probablement été sous-estimés dans l’équation. Lowry le premier. J’inclus son nom dans cet article non pas parce qu’il est joueur autonome actuellement (il lui reste un an de contrat) mais parce qu’il faudra être réaliste pour la suite des choses. Il a 34 ans et sa mentalité de guerrier soir après soir empêche de dire que ses meilleures années sont encore devant lui sur le plan physique. Ujiri et Nurse devront d’abord évaluer comment gérer ses minutes de jeu la saison prochaine. Et établir combien de bonnes saisons il a encore potentiellement à offrir. Si on juge qu’il n’en reste pas tant, on devra s’assurer d’avoir une relève en place plus tôt que tard. Car K-Lo est assurément le moteur, le cœur et l’âme de ce groupe.

*Giannis Antetokounmpo : Ujiri devra vite établir s’il croit réellement avoir des chances de convaincre le « Greek Freak » de quitter Milwaukee pour Toronto à la fin de son contrat dans une saison. Malgré les rumeurs optimistes à ce sujet, je n’y crois malheureusement pas. Mais si jamais j’ai tort et que Masai sait des choses que nous ignorons, il devra gérer sa masse salariale en conséquence afin de pouvoir lui faire une place dans un an. Entretemps, les partisans des Raptors ne s’empêcheront probablement pas d’y rêver.

Sur ce, je tiens à vous signaler que notre couverture des séries de la NBA est loin d’être terminée à RDS et RDS2. En fait, essentiellement tous les matchs impliquant les Lakers/Nuggets/Celtics/Heat seront offerts sur une de nos deux antennes au cours du prochain mois. On vous y attend avec impatience.

LeBron... Davis... Jokic... Murray... Tatum... Brown... Walker... Butler... Bam!

Du gros basket en perspective!