Les Raptors ont conquis le Canada... et la NBA
NBA vendredi, 14 juin 2019. 08:33 dimanche, 15 déc. 2024. 15:25Il est une heure du matin et je suis encore dans les bureaux de RDS. En temps normal, je dormirais présentement à poings fermés, en vue du réveil de mes deux enfants vers sept heures du matin. Mais ce soir est différent et le marchand de sable ne cogne pas à la porte. Les Raptors de Toronto viennent d’être couronnés champions de la NBA pour la première fois de leur histoire. Juste le fait de rédiger cette phrase semble surréel. Alors, prenons le temps de digérer le tout ensemble, vu que je suis encore réveillé...
Le 18 juillet dernier, une onde de choc traversait la NBA au grand complet. Les Spurs de San Antonio venaient de conclure une transaction majeure avec les Raptors, envoyant leur mécontente vedette Kawhi Leonard au nord de la frontière. Le pari du patron torontois, Masai Ujiri, était fascinant. Il obtenait un joueur polarisant, mais énigmatique, en dernière année de contrat, blessé pour la majorité de la saison précédente. Les chances que Leonard demeure à Toronto après sa visite d’un an semblaient très minces. Ujiri mettait tous ses jetons au centre de la table. D’une part, il signalait aux partisans galvanisés son intention de gagner immédiatement. Sachant aussi qu’une reconstruction complète serait possiblement inévitable dès l’été 2019.
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Onze mois plus tard, on peut déclarer sans hésiter que cette transaction s’est avérée une des plus instantanément fructueuses de l’histoire de la NBA. Le constat est clair : tous les morceaux du casse-tête sont tombés en place au cours des prochains mois :
*Leonard est resté en santé et a montré des facettes offensives de son jeu que le système rigide de San Antonio n’avait jamais permis
*Pascal Siakam a émergé plus vite que prévu pour devenir une deuxième source offensive de premier plan
*Kyle Lowry, initialement outré par le départ de son ami DeMar DeRozan, a fini par accepter que l’opportunité qui s’offrait à lui méritait un rendement et une attitude impeccables de sa part
*Marc Gasol s’est amené de Memphis à la date limite et s’est trouvé un rôle clé en l’espace de quelques mois
*Tous les joueurs de Nick Nurse ont semblé accepter leur nouveau rôle
*Pendant ce temps, les Celtics de Boston n’arrivaient pas à surmonter leurs problèmes de chimie, malgré leur grand talent sur papier. Scénario semblable à Philadelphie, où la chimie était meilleure, mais les rôles n’étaient pas suffisamment définis. Et à Milwaukee, la progression au sommet de l’Est était fulgurante. Ne manquait aux Bucks que l’expérience des grands moments.
Une chance s’offrait à nos voisins ontariens, suffisait de la saisir.
Vous connaissez la suite...
Les Raptors ont franchi le Magic en 5 au premier tour, après un lent départ. Ils ont eu besoin de sept rencontres acharnées, et d’un bond favorable, pour venir à bout des Sixers. Ils auront bavé pendant deux matchs avant de résoudre l’énigme proposée par les jeunes Bucks.
Ce qui nous amène au duel ultime : la finale de rêve opposant Raptors et Warriors!
Les blessures ont ultimement coulé Golden State. Kevin Durant a joué un grand total de 12 minutes, risquant tout pour aider les siens. Résultat : un tendon d’Achille déchiré et une rééducation probable d’une saison complète. Klay Thompson a raté le troisième match avant de revenir. Puis une vilaine chute au sixième duel a servi de clou final dans le cercueil des champions en titre. Résultat : un ligament déchiré au genou et une rééducation minimale de six mois. Une catastrophe pour les Warriors autant à court terme qu’à moyen terme.
Mais ce narratif sera vite oublié selon moi. Dans 5 ans, dans 15 ans, dans 25 ans, en se remémorant cette conquête historique torontoise, on parlera peu des blessures malchanceuses de Golden State selon moi. On se souviendra davantage de l’acharnement de Lowry, de la progression de Siakam, du calme de Gasol, de la polyvalence parfois frustrante de Serge Ibaka, du sang froid de Fred Van Vleet, du brio de Nurse, de l’audace de Masai. Mais d’abord et avant tout, on parlera en termes folkloriques d’un robot conçu pour jouer au basketball nommé Leonard. De sa défense, ses blocs, sa constance, ses gros dunks dans le trafic et en transition. Et d’un tir inoubliable qui a touché quatre fois à l’anneau avant de semer l’hystérie dans un pays tout entier. Tir qui a ensuite engendré un mouvement et un engouement pancanadien qu’on n’est pas prêts d’oublier.
Au nom de mes collègues à RDS, qui ont contribué de prêt et de loin à vous présenter ce tsunami sportif depuis deux mois, je vous remercie d’avoir embarqué dans le navire tôt ou tard. Jamais l’intérêt pour le basket n’a été aussi fort et médiatisé au Québec. Et c’est tout à votre honneur en tant que partisans.
Le roi est mort. Longue vie au nouveau roi. Le roi du Nord !