Mercredi soir, les Raptors de Toronto ont finalement rendu hommage à la première vedette de l’histoire de l’organisation : « Air Canada » Vince Carter.

De passage au Air Canada Centre avec les Grizzlies de Memphis pour y affronter la meilleure équipe de l’Est, Carter a été présenté à la foule à la suite d’une vidéo hommage. D’abord prête à huer le déserteur, comme d’habitude, la foule torontoise s’est vite réchauffée pour son ancien joueur étoile. On peut enfin parler d’une réconciliation entre les deux. Après un divorce où tous les coups bas étaient permis, on regarde vers l’avant afin de saluer l’unique carrière de Vince Carter, premier ambassadeur de marque du basket-ball de la NBA à Toronto.

Repêché au 5e rang en 1998 par les Warriors, Carter a été immédiatement transigé aux Raptors contre son coéquipier avec UNC dans la NCAA, Antawn Jamison, sélectionné au 4e rang. Avec cette manœuvre, Toronto misait déjà beaucoup sur l’avenir du prometteur garde qui aura au final joué six saisons au nord de la frontière américaine.

C’est à Toronto que « Half Man Half Amazing » est né. Lors des festivités entourant le Match des étoiles, en 2000, Carter s’est fait un nom à la suite de sa marquante performance lors de l’annuel concours de « Slam Dunk ». À sa première sélection sur l’équipe d’étoiles (il en totalise huit en carrière), Carter a offert au public une performance d’anthologie qui encore à ce jour est considérée comme l’une des meilleurs de l’histoire. Les nostalgiques citent le duel entre Michael Jordan et Dominique Wilkins tandis que les contemporains se souviennent de l’endroit où ils étaient lorsque Vince Carter a réinventé le concours de « Slam Dunk ». Après le départ de son cousin Tracy McGrady, en 2000, Carter était la seule vedette établit des Raptors et jusqu’à 2004, l’identité même de l’équipe.

C’est d’ailleurs cette notion identitaire qui sera à la base du divorce houleux entre Toronto et Carter. En 2004, Vince Carter et la nouvelle direction des Raptors n’étaient pas sur la même longueur d’onde et le joueur vedette ne se gênait pas pour exprimer son mécontentement en public. Carter accusait les Raptors, notamment, de ne pas faire d’efforts concrets afin de proposer une équipe compétitive. La grogne s’accentua jusqu’en décembre, moment où les Raptors transigent Carter aux Nets du New Jersey, à l’époque, contre une poignée de vétérans et des choix au repêchage. « Air Canada » s’est envolé vers d’autres cieux et l’amertume qu’il a laissée derrière le hantera au cours des dix saisons suivantes.

Jusqu’à hier.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cette transaction. On est loin du 15 avril 2005, par exemple, lorsque Carter visita les Raptors pour la première fois dans son nouvel uniforme. Des partisans s’étaient rassemblés afin de brûler des maillots de l’ancienne vedette de l’équipe, en plus de le huer copieusement tout au long de la rencontre. La violence des gestes était moins notoire lors des visites subséquentes, mais les huées ne manquaient jamais à l’appel. Vince Carter était, jusqu’à hier, persona non grata dans le temple des Raptors.

Félicitations donc à l’organisation des Raptors pour le touchant hommage et, surtout, félicitations aux partisans qui ont finalement enterré la hache de guerre afin de passer vers un autre chapitre de l’histoire de l’équipe. Celui bonifié par l’oubli des blessures du passé, le regard vers l’avenir. Celui où l’équipe, près d’un mois après le début de la saison, présente la meilleure fiche de l’Est. Vingt ans plus tard, les Raptors ont finalement une identité. Reconnaître l’importance de Carter lors des balbutiements de la jeune formation était une étape nécessaire dans la construction de cette nouvelle identité.

Maintenant, les Raptors sont là. Le Nord, c’est eux.

Ailleurs dans la NBA

Assistons-nous à la naissance d’une nouvelle incarnation des « Bad Boys Pistons », mais cette fois à Houston? Avec un Dwight Howard en santé et un Trevor Ariza sur les périmètres, les Rockets présentent l’une des meilleures défensives de la NBA depuis le début de la saison, tout en froissant leurs adversaires avec un jeu physique et dérangeant. La NBA d’aujourd’hui ne permettra jamais à une équipe de jouer comme les Pistons des années 80, sauf que les Rockets de 2014 flirtent du mieux qu’ils peuvent avec l’idéologie derrière ces garnements ayant remporté deux championnats (1989 et 1990) avant l’éclosion de Michael Jordan.

Dix-huit mois après avoir fait son « coming-out » lors d’un entretien privilégié avec le magazine Sports Illustrated, le vétéran centre Jason Collins a choisi la retraite afin de poursuivre d’autres projets. Collins, avec sa décision de s’affirmer publiquement, a aidé la NBA et le sport professionnel nord-américain à faire un pas de plus vers l’acceptation totale et complète de l’homosexualité dans les vestiaires. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, comme en témoigne le cirque médiatique entourant toutes les décisions de Michael Sam, mais nous sommes plus près d’une démarginalisation que jamais. Les vieilles mentalités sont toujours trop coriaces et des hommes comme Collins finiront par les faire disparaître. Espérons plus tôt que tard.

Des nouvelles de LeBron à Cleveland? Disons qu’il y a encore une affiche « en construction » à l’entrée du vestiaire. Soyons patients avant de tirer des conclusions.

La statistique de la semaine

2-0 : les Lakers ont une fiche parfaite depuis le retour au jeu de Nick Young, incluant une victoire mercredi contre les Rockets. Coïncidence? À vous de me le dire.