J’ai eu beaucoup de plaisir à vous présenter mon premier top-5 NBA de la semaine dernière, et encore plus de plaisir à vous lire par la suite. De façon globale, votre consensus au sommet du palmarès « meilleurs Raptors de tous les temps » n’était pas tout à fait le même que le mien. J’avais placé Kyle Lowry au premier rang (pour l’ensemble de son œuvre) alors que plusieurs d’entre vous auraient préféré Vince Carter. Très légitime dans les deux cas. Lowry en a accompli davantage à Toronto, mais « Air Canada » aura marqué l’imaginaire des partisans à tout jamais.

C’est justement monsieur Carter qui a inspiré le top-5 d’aujourd’hui, alors qu’il aurait dû disputer son 1556e et dernier match dans les rangs professionnels cette semaine. Huit clubs et 24 saisons plus tard! VC est possiblement le « dunker » le plus électrique de tous les temps et je me suis mis à rêver aux meilleurs concours de dunks de l’histoire du circuit.

Cette compétition a vu le jour en 1984 à Denver, devenant rapidement une des traditions annuelles les plus populaires de la NBA aux yeux des partisans. À ce jour, il y a eu 35 éditions. Certaines de nature assez ordinaire. Mais plusieurs tout à fait extraordinaires! C’est donc avec beaucoup de détermination, sans qu’on ait trop à me tordre le bras, que j’ai replongé dans chacune d’entre elles pour déterminer les meilleures. J’inclus ci-dessous un lien YouTube pour visionner des résumés de chacune de ces éditions, question de se remettre un peu dans le bain. J’ai retenu les éditions marquantes, en vue de vous présenter mon top-5 définitif :

Voici mes neuf finalistes, en ordre chronologique :

Année Ville Champion
1986 Dallas Spud Webb
1988 Chicago Michael Jordan
2000 Oakland Vince Carter
2003 Atlanta Jason Richardson
2005 Denver Josh Smith
2006 Houston Nate Robinson
2008 La Nouvelle-Orléans Dwight Howard
2016 Toronto Zach LaVine
2020 Chicago Derrick Jones Jr.

J’ai commencé par exclure, à regret, l’édition de 1986. Je dis à regret parce que le champion en fut un d’exception : Spud Webb. Pour ceux qui ne le connaissent pas vraiment, Webb mesurait 5 pieds 7 pouces. Oui oui, 5’7''! Et il arrivait non seulement à dunker facilement, mais à le faire avec flair et panache. Tout ça avec le physique et le visage d’un adolescent.

Bien qu’il ait réussi à capter l’imaginaire du public avec sa performance, et à vaincre son légendaire coéquipier Dominique Wilkins en finale, ce ne fut pas tout à fait suffisant pour se hisser dans le top 5.

La cuvée de 2003 est sous-estimée. Desmond Mason et Jason Richardson, deux ailiers aux physiques très semblables, s’étaient livré un duel épique qu’on a tendance à oublier :

Même un certain Michael Jordan s’est avoué impressionné par leurs prouesses. Exclure cette édition fut déchirant, mais on peut faire mieux.

2006 est dans le même bateau que 2003. Mémorable, même si un peu négligé. Cette fois, c’est un duel Nate Robinson c. Andre Iguodala qui nous avait tous épatés. « Iggy » apportait sa dose de fluidité explosive. Alors que « Nate the Great », du haut de ses 5 pieds 9 pouces, se révélait essentiellement au grand public comme un Spud Webb moderne et encore plus puissant.

Il aura même sauté par-dessus Spud Webb, en chair et en os, pour un de ses dunks époustouflants. Robinson remportait alors son premier de trois concours de dunks et je lui lève mon chapeau. Mais on peut encore faire mieux…

En 2008, le concours de dunks prenait une tangente inattendue avec le brio de Dwight Howard, alors âgé de 22 ans seulement. Jamais un joueur de son gabarit (environ 6’10'', 265 livres) n’avait réussi à avoir la cote dans ce type de compétition auparavant. Doté d’une carrure semblable, Amar’e Stoudamire était passé bien près en 2005, mais on y reviendra. Howard avait donc réussi des exploits uniques dont on se souviendra longtemps :

Ses deux premiers dunks dans cette vidéo sont hallucinants et presque impossibles à répliquer. L’ensemble de l’œuvre se compare à presque n’importe qui au fil du temps. Je le place toutefois au 6e rang, car il fallait faire des choix déchirants…

Maintenant, place au top-5!

5) Édition 2005 – Josh Smith devant Amar’e Stoudamire

Je l’avais complètement oublié celle-là. Vive l’internet pour nous aider à revivre les moments importants ! J.R. Smith, un athlète hors pair, avait fini au troisième rang. Ça en dit long. Stoudamire, traversant ses belles années aux côtés de Steve Nash à Phoenix, avait justement bénéficié de la présence de notre Canadien favori pour réussir quelques exploits. Mais c’est Josh Smith, âgé de 19 ans seulement (auteur d’une carrière respectable dans la NBA mais sans plus), qui avait volé la vedette en collant trois dunks de très grande qualité.

Du solide sur toute la ligne !

4) 2020 – Derrick Jones Jr devant Aaron Gordon

Quel sort cruel attendait Aaron Gordon une fois de plus dans le cadre de cette exhibition ! Il sera sans contredit le meilleur ‘dunker’ à ne jamais avoir soulevé le trophée.  Il y a quelques mois à peine, il faisait pas moins de 5 dunks qualifiés de parfaits par les juges… et terminera quand même au deuxième rang derrière Derrick Jones Jr. De la pure folie…

Je n’enlève rien à Jones, qui a été magique, mais Gordon se devait de l’emporter. Pour une raison inexplicable, son bond par-dessus le géant Tacko Fall à la toute fin lui aura valu un maigre 47 et une deuxième place. Ah ben coudonc…

Sa frustration était-elle plus grande en 2020, ou bien en...

3) 2016 – Zach LaVine devant Aaron Gordon

Douloureux pour moi de départager les éditions 2016 et 2020 en fait. Dans les deux cas, le résultat final fut semblable. Le duel athlète hors pair vs athlète hors pair était à couper le souffle. Et le niveau de créativité de messieurs Gordon et LaVine a peu d’égal :

Encore une fois, j’aurais donné le trophée à Gordon. Et la raison pour laquelle je place cette édition devant celle de 2016 se trouve à 2:38 de la vidéo. L’ailier du Magic dunkait par-dessus la mascotte du Magic, en passant le ballon sous ses fesses. Quoi ??!!?? Quatre ans et cent visionnements plus tard, j’ai les mêmes frissons que j’avais eus à l’époque et je ne comprends toujours pas les lois de la physique lui ayant permis d’accomplir ce tour de force. Ce que LaVine fait à différents moments lui aurait permis de remporter facilement une tonne d’éditions précédentes, mais pas celle-ci à mon sens. Dans tous les cas, ce fut une cuvée mémorable.

2) 1988 – Michael Jordan devant Dominique Wilkins

J’y vais d’une touche rétro pour mon choix au deuxième rang, alors que deux futurs membres du Temple de la Renommée, alors au sommet de leurs pouvoirs respectifs, s’étaient livré une lutte à finir dans la ville des vents. Certains diront que cette édition lança ce concours dans une nouvelle dimension. Ne tentez pas de comparer un pour un les dunks de « MJ » et « Nique » en 1988 à ceux de Gordon et Jones 28 ans plus tard. C’est un exercice futile. Le sport évolue à une vitesse folle et les athlètes changent tout autant. Pour l’époque, rien ne s’y comparait :

Ils ont fait huit dunks chacun, et le niveau d’excitation de la foule grimpait à chaque fois. Dominique attaquait l’anneau avec une rage qui a fait de lui un des dunkers les plus féroces de tous les temps. Alors que MJ voguait dans les airs avec une grâce unique. La foule partisane a possiblement influencé les juges sur le résultat final, mais ce fut le duel qui restera gravé en mémoire et non le nom gravé sur le trophée.

1) 2000 – Vince Carter devant Steve Francis

Permettez-moi de vous remettre ici dans le bon contexte : le concours de dunks n’avait pas eu lieu depuis le triomphe de Kobe en 1997 et pour être franc, la compétition se cherchait une nouvelle identité depuis le duel Jordan/Wilkins de 1988. « Air Canada » aura ainsi eu la gentillesse d’inaugurer le nouveau millénaire avec une bombe nucléaire d’excitation et de prouesses athlétiques. Je ne me souvenais même plus des autres concurrents ce soir-là avant de commencer mes recherches. C’est tout dire. Il y avait Vince, et une bande de figurants. Carter avait donné le ton dès le départ avec un 360 fluide et féroce, et n’a jamais relâché l’accélérateur par la suite. L’électricité dans l’amphithéâtre perçait l’écran. On se levait d’un bond quand VC décollait. Un moment inoubliable :

Les réactions de ses pairs, éparpillés tout autour du terrain, résument bien la soirée. Ils n’avaient jamais rien vu de tel. Puissance, finesse, explosion, violence contrôlée, créativité. Tout y était. Après sa troisième fresque, il nous faisait comprendre avec justesse que la soirée était terminée.

Et depuis ce temps, on se dit qu’on ne doit jamais rater l’édition suivante, de peur de ne pas être témoin de la réincarnation de monsieur Carter. Pour moi, il propulse à lui seul l’édition 2000 au premier rang.

Êtes-vous d’accord?