Les partisans du Canadien, votés comme les meilleurs selon un sondage mené par Sports illustrated auprès des joueurs de LNH, n'ont pas volé cet honneur. Ils le méritent amplement.

Depuis quelques années, on sent ce mariage d'amour qui s'est fait entre les joueurs et les partisans de l'équipe. Montréal a déjà vécu sa période creuse mais depuis quelques années, les choses ont changé. J'ai déjà vécu l'atmosphère de HockeTown à Detroit alors qu'à la même époque, c'était plutôt tranquille à Montréal.

Je crois que le déclic s'est fait avec l'arrivée des jeunes loups, qui ont su épater la foule. La direction a réussi le tour de force de renouveler sa clientèle. Tous les matchs sont présentés à guichets fermés et on sent l'euphorie dans la ville. Les partisans suivent leur équipe partout à travers la LNH et on n'a jamais vu autant de chandails aux couleurs de l'équipe au Centre Bell.

Les joueurs ressentent cette passion dans la victoire comme dans la défaite. Quand l'équipe gagne, il n'y a pas un meilleur endroit pour exercer le métier. Quand l'équipe perd, les partisans ne se privent pas pour le faire savoir. Le Canadien fait vibrer le Québec.

Si certains se plaignent de la grande couverture médiatique, je peux vous assurer que plusieurs équipes rêvent d'avoir une telle portée dans leurs médias locaux. À Phoenix, il n'y a qu'un seul journaliste qui suit les Coyotes. On ne peut donc pas s'attendre à ce que les gens vibrent pour leur équipe. Selon moi, la couverture médiatique force les joueurs à mieux jouer.

Alexei Kovalev a déclaré qu'il fallait respecter l'amateur qui payait son billet le gros prix pour assister à un match. Je ne crois pas toutefois que tous les joueurs du Canadien ont le même respect, particulièrement chez les jeunes mais avec le temps, ils vont finir par comprendre. Je suis persuadé que ces jeunes sont très heureux d'évoluer dans un environnement unique celui de Montréal.

Roman Hamrlik, que j'ai déjà dirigé, m'a dit qu'il adorait jouer ici. Il adore l'atmosphère euphorique de Montréal, lui qui a déjà connu d'autres villes de hockey comme Calgary et Edmonton. Il a aussi joué à Tampa et à Long Island.

Il ne faut pas se conter d'histoire, les joueurs autonomes d'impact qui ont dit non au Canadien l'été dernier l'ont fait particulièrement parce qu'ils jugeaient que l'équipe n'était pas assez compétitive pour aspirer à la conquête de la coupe Stanley. Ils savent bien sûr qu'il y a de la pression à jouer à Montréal et ils savent aussi qu'ils seront pointés du doigt si l'équipe ne gagne pas. Ils ne veulent pas nécessairement vivre cela. Avec le temps, les joueurs autonomes vont changer leur fusil d'épaule parce que Montréal est en train de se bâtir une équipe gagnante.

Ça prend un caractère particulier pour signer un contrat avec le Canadien. Il faut que le joueur aime jouer au hockey, qu'il soit passionné et qu'il sache dans quel marché il s'en va. Si le joueur est du type à se défoncer tous les soirs, il n'aura jamais de problème. Si c'est un joueur qui aime se traîner les pieds, je lui conseille de ne pas signer avec le Canadien parce qu'on va le lui faire savoir.

Je peux témoigner de cette grande fierté des partisans de l'équipe, puisqu'ils me l'a font ressentir depuis la conquête de la coupe Stanley en 1993. Partout où je vais, les gens m'appellent coach et je suis très flatté d'être encore reconnu et respecté. Les gens n'ont rien oublié de cette conquête. En retour, j'essaie de leur rende mon appréciation en les respectant. Quand on me demande un autographe, je ne me défile pas et j'accepte avec plaisir.


*propos recueillis par Robert Latendresse