Je suis honoré d'avoir eu Patrick comme joueur. Oui, gagner une coupe Stanley est une affaire d'équipe, mais je suis convaincu à 100% que n'eût été de ses performances extraordinaires, particulièrement en temps supplémentaire, nous n'aurions jamais gagné en 1993.

Il a été un grand athlète, quelqu'un qu'on ne connaît pas comme homme. Je le considère comme un homme tout à fait exceptionnel avec un cœur d'or. Il a fait bien des choses pour bien des gens et il ne s'en est jamais vanté.

Patrick est au même niveau que ceux qu'il va rejoindre au plafond du Centre Bell, les Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur et compagnie. Patrick Roy est le plus grand gardien de l'histoire de la Ligue nationale. Le Canadien en 1986 avec son groupe de jeunes n'aurait pas gagné sans lui. En 1993, ses exploits ont été incroyables. C'est le plus grand joueur !

Il a dit après son point de presse qu'il n'avait pas marqué de buts durant les séries. Oui, c'est vrai, mais il a arrêté plus que sa part de chances de marquer contre lui. Tous les matchs où j'ai été derrière le banc du Canadien et que Patrick était devant le filet, j'ai toujours cru que j'allais gagner.

Ce qui faisait que j'avais tellement confiance en lui est son désir de gagner, sa compétitivité. J'ai côtoyé quelques autres joueurs de sa trempe dans ma carrière : Guy Carbonneau, Steve Yzerman et Brian Sutter. Il y a aussi eu Doug Gilmour et Kirk Muller. Je suis choyé d'avoir eu ce genre d'athlète sous ma tutelle.

Outre la conquête de la coupe Stanley en tant que telle, mon meilleur souvenir de Patrick Roy est arrivé quand nous étions à Los Angeles pour le quatrième match de la finale. Patrick s'est levé dans la chambre et a dit à ses coéquipiers : « Je donne deux buts ce soir, vous n'avez qu'à en marquer trois et on gagne le match ». Nous avions gagné 3-2 en prolongation. C'était notre 10e victoire consécutive en prolongation.

Tu peux analyser ça de tous les côtés, il l'a annoncé. C'est comme Babe Ruth qui a dit qu'il allait frapper des circuits. Des gens ont ri de moi quand j'ai dit, il y a 15 ans, que Patrick Roy était le Joe Montana, le Michael Jordan de cette équipe-là. Il est le même genre d'athlète que ces deux grands du sport. Je n'exagère pas. Il était le genre d'athlète capable de transformer une défaite en victoire.

Ça fait 15 ans que le Canadien a gagné la coupe Stanley. Je n'ai pas marqué de buts, ni arrêté de rondelles. Je n'étais que l'entraîneur. Mais, ça fait 15 ans que je vis avec cette coupe Stanley qui n'a été oubliée de personne. Ça fait 15 ans que les gens me font vivre cette coupe Stanley.

Ma vie a été changée par cette coupe Stanley et par le 33.

Propos recueillis par Philippe Malo