BROSSARD - Les relations entre Guy Carbonneau et Alex Kovalev n'ont pas toujours été harmonieuses. Mais leur différend n'a jamais rien eu de personnel. Leur opposition a plutôt reposé sur une forme d'incompréhension entre les deux hommes.

Kovalev a accepté d'en parler pendant près d'une demi-heure avant que l'équipe ne prenne la route en direction d'Ottawa où le Canadien doit affronter les Sénateurs, jeudi soir. Le Russe a expliqué que sa frustration venait du fait qu'il n'arrivait pas toujours à comprendre les décisions de son entraîneur.

"Il m'est arrivé de réchauffer le banc. Lorsque cela arrivait, je n'étais pas en colère contre l'entraîneur même si j'étais déçu. Mais je m'interrogeais sur les objectifs qu'il pouvait avoir à ce moment-là. J'aurais aimé savoir, par exemple, pourquoi il faisait appel au troisième trio et même au quatrième trio en supériorité numérique. Est-ce que c'était pour me punir, me lancer un message ou donner confiance à d'autres joueurs? Moi, j'aurais aimé le savoir.

"Je n'ai jamais été en colère contre l'entraîneur, a-t-il insisté. Cela n'aurait rien donné, ni pour moi, ni pour l'équipe. Mais j'aurais aimé comprendre."

À chacun son style

Kovalev reconnaît que chaque entraîneur a son propre style. Carbonneau, lui, n'a jamais craint de faire confiance aux jeunes. Max Pacioretty, Matt D'Agostini, Greg Stewart, Guillaume Latendresse et Maxim Lapierre sont de bons exemples.

"Je me souviens d'avoir fait la navette entre les mineures et la Ligue nationale à mes débuts. J'avoue que j'aurais aimé me retrouver dans la situation des jeunes d'aujourd'hui. Ils accèdent à la LNH tellement rapidement."

Kovalev se dit par ailleurs désolé pour Carbonneau qui, selon lui, aurait mérité le trophée Jack Adams la saison dernière.

"J'ai eu plusieurs entraîneurs qui ont perdu leur emploi. Ce n'est jamais plaisant. A Pittsburgh, Herb Brooks a été congédié, de même qu'Ivan Hlinka. On se sent toujours une part de responsabilité quand ça arrive."

Selon Kovalev, les joueurs n'ont pas levé le pied pour provoquer un changement derrière le banc.

"Les problèmes de l'équipe ne sont pas le fait d'un seul homme. Nous sommes tous responsables, a-t-il dit. Les gens se seraient rendu compte de quelque chose si les joueurs avaient voulu la tête de l'entraîneur. Ces choses-là se voient très bien."

Kovalev affirme n'avoir jamais discuté de Carbonneau lorsqu'il a eu ses entretiens avec Gainey.

"On a parlé de mon jeu mais pas de l'entraîneur. Ce n'est pas mon domaine."

Au sujet des problèmes du Canadien, Kovalev se pose bien des questions. Il se demande pourquoi le style de l'équipe a changé. La saison dernière, le Tricolore préférait contrôler la rondelle au lieu de l'envoyer dans le fond de la patinoire.

"J'ignore quand s'est produit le changement, admet-il. Je crois qu'il s'agit simplement d'un manque de confiance. On se retrouve aujourd'hui à pourchasser l'adversaire pendant une bonne partie du match. C'était assez évident contre le New Jersey."

Il souhaiterait aussi un peu plus de stabilité dans les trios.

"En Russie, les joueurs demeuraient ensemble pendant des années. C'était tellement plus facile. Ils pouvaient se passer la rondelle les yeux fermés."

Kovalev ne s'oppose pas à être jumelé à des jeunes.

"Je leur dis d'être eux-mêmes, de ne pas s'occuper de moi, que je vais m'ajuster à leur jeu, explique-t-il. Je me souviens d'avoir vécu la même adaptation à mes débuts. Je jouais avec Mark Messier et j'étais tellement impressionné. Il est venu me parler et ça m'a calmé."

À Ottawa, Kovalev va retrouver Tomas Plekanec et Andrei Kostitsyn, ses compagnons de la dernière saison.