Nouvelle agréa…….ble! Air connu en cette période des Fêtes. Les frères Molson, nouveaux propriétaires des Glorieux, ne pouvaient trouver un meilleur truc pour entreprendre en beauté leur nouveau mandat, soit en retirant les chandails des deux plus anciens joueurs de l'histoire du Canadien, Émile Bouchard, 90ans, et son ancien coéquipier Elmer Lach, qui célèbrera son 92e anniversaire de naissance le 22 janvier prochain. Oui. Quelle nouvelle agréable pour les partisans du Tricolore.

Il y a longtemps qu'une campagne publicitaire orchestrée par le fils de Butch, Jean Bouchard et l'animateur Ron Fournier, moussait la candidature de Butch, mais la direction du Canadien, le président Pierre Boivin en tête, s'entêtait toujours à faire la sourde oreille. Heureusement que les nouveaux acquéreurs de la Sainte-Flanelle ont rétabli les choses et mis les pendules à l'heure.

Tout le monde, du moins plusieurs, ont bien entendu parler de celui qu'on avait surnommé le Roc de Gibraltar à la ligne bleue du Canadien, surtout après tout ce qui a été dit et écrit sur lui au cours des derniers mois, surtout sur son état de santé des plus précaires. Mais beaucoup moins d'Elmer Lach. Si Elmer a mérité un tel honneur, ce n'est pas nécessairement parce que les Molson voulaient faire plaisir aux partisans anglophones du Tricolore. Non. Elmer Lach avait une fiche et des statistiques assez éloquentes pour que son chandail, le no 16, soit retiré en même temps qu'Henri Richard, il y a quelques années.

Pas chanceux…ou joueur salaud?

Il a subi une fracture d'un bras dès son premier match avec le Tricolore en 1941. «En 1941-42, dit-il, je n'ai joué qu'un seul match. En 1946, seulement 31, en raison d'une fracture du crâne. Nick Metz, des Leafs, un concitoyen de la Saskatchewan par surcroît, m'avait asséné un coup de bâton dans le dos et dans ma chute, j'ai donné violemment tête première sur la glace. Les joueurs ne portaient pas de casque protecteur dans le temps. En 1949, j'ai subi deux fractures de la mâchoire et plus tard, des fractures d'un coude et du nez.

« Un soir, j'ai subi une coupure qui a nécessité 18 points de suture alors que j'étais bien installé sur le banc des joueurs. Un adversaire passant trop près du banc du Canadien, m'avait atteint accidentellement avec son bâton. Était-ce vraiment accidentel ? On ne le saurait jamais, mais je me suis toujours permis d'en douter. Je reconnais que j'étais un joueur au style agressif, salaud et même cochon. Peut-être un peu trop. J'étais un joueur marqué. Si je n'avais pas été blessé aussi souvent et manqué autant de parties, j'aurais terminé ma carrière avec des statistiques beaucoup plus élogieuses. »

En 1942-43, l'instructeur Dick Irvin a formé la célèbre ligne du « Punch » avec Toe Blake à l'aile gauche, Maurice « Rocket » Richard à droite et Lach au centre. « Il n'y a jamais eu d'animosité entre nous trois. Pourtant, Blake avait quatre ans de plus que moi et j'avais quatre ans de plus que le « Rocket ». Je venais de l'Ouest (Saskatchewan), Blake de l'Ontario (Sudbury) et Richard de Montréal.

C'est lors d'un voyage dans l'Ouest pour recruter des joueurs, en 1939-40, que Paul Haynes, ancien joueur du Tricolore, est revenu avec Lach, le défenseur Ken Reardon, Joe Benoit, un compteur prolifique, en plus d'un dénommé John Adams. Reardon et Lach ont connu des carrières fructueuses avec le Canadien ayant tous deux été élus au Temple de la renommée du hockey à Toronto. Ils ont tous deux établis résidence à Montréal.

Reardon a épousé la fille du propriétaire du Canadien, le Sénateur Donat Raymond. Il est décédé en mars 2008. Lach a travaillé plus de 30 ans comme relationniste et représentant pour la compagnie de transport Maislin à Montréal. Il a pris sa retraite en 1980. Il passe ses moments de loisir à jouer au golf au Québec l'été et en Floride l'hiver. « Je joue encore sous mon âge, mais plus sous la normale depuis plusieurs années. Le hockey m'intéresse moins qu'avant. Il y a eu trop de changements. Il m'arrivera d'aller au Centre Bell une couple de fois par saison, mais surtout pour y rencontrer des amis.

Elmer a totalisé 215 buts et 408 passes pour un total de 623 points avec le Canadien en carrière, soit de 1940-41 à 53-54. Il a gagné la coupe Stanley trois fois et le championnat des compteurs deux fois en 1945 et 48. De plus en 1945, il a mérité le trophée Hart attribué au joueur le plus utile à son club. Il a aussi dominé la Ligue pour les assists à trois reprises et a été élu sur les équipes d'étoiles cinq fois. Quand il s'est retiré, ses 408 mentions d'assistances constituaient un record de la Ligue nationale, marque éclipsée plus tard par le fameux Gordie Howe.

« Malgré mes succès individuels, c'est la conquête de la coupe Stanley, en 1953, qui m'a procuré ma plus grande satisfaction, parce que j'avais compté le seul but du match décisif en prolongation, sur une passe de Maurice, lors d'une victoire de 1-0 sur les Bruins de Boston au Forum et qui nous permettait de gagner la coupe. Ce but je ne l'oublierai jamais. Ce fut la plus grande sensation de ma carrière », dit-il.

-Plus grande que de voir ton chandail retiré par le Canadien, Elmer?

-Faut dire en toute sincérité que celle-là, je ne l'avais pas vu venir.