J'avais prédis Washington en six. Finalement ça ira en sept. Je demeure toutefois avec les Capitals, qui constatent comme nous tous, que ça se joue sur la patinoire. N'eut été de la performance de Jaroslav Halak lundi, on ferait le bilan du Canadien à l'heure actuelle. Mais si Halak récidive, tout est possible.

À chaque match, on découvre Halak un peu plus. Lundi, j'ai découvert un gardien qui peut réaliser des performances phénoménales et extraordinaires. Je ne pense pas qu'il y a un seul mot pour véritablement décrire ce qu'il a fait lors du sixième match. Il a littéralement sauvé le Canadien. C'est spécial ce que nous découvrons sur le Slovaque, qui démontre qu'il a l'étoffe d'être le numéro un même si on ne lui a jamais donné ce titre.

On a vu les joueurs des Capitals frustrés après chacun des arrêts de Halak. Moi, j'ai vu une performance qui était à la hauteur des Patrick Roy et Martin Brodeur. Pour un match, il a été l'équivalent de ces deux grands gardiens.

Comme entraîneur, j'ai déjà surmonté un déficit de 1-3 pour gagner une série. J'étais à l'époque derrière le banc des Red Wings de Detroit et nous étions largement favoris contre les Maple Leafs de Toronto. Je sais que c'est cliché mais c'est vrai. Dans une telle position, il faut aborder un match à la fois et une période à la fois. Quand tu disputes un septième match sur la route, la pression est sur l'équipe locale. Dans ce cas-ci donc, toute la pression est sur les épaules des Capitals.

Nous étions les favoris et on s'était mis dans le trouble avant de remporter le septième match 3-0 grâce au brio de notre gardien Glen Hanlon. Je me souviens que notre victoire lors du sixième match avait eu un effet d'assommoir sur les Leafs, qui ne donnaient l'impression de ne plus avoir la confiance pour venir nous battre à Detroit.

À l'aube d'un septième match, l'entraîneur n'a pas besoin d'y aller d'un grand discours. Il doit encourager ses joueurs, dire les bonnes choses et appuyer ses hommes. Il ne doit pas hésiter à couper son banc, si le besoin se présente. L'entraîneur n'a pas à motiver ses joueurs, qui savent quoi faire. Tous les joueurs du Canadien savent ce qu'ils ont à faire.

Peu d'observateurs concédaient la série au Canadien. Plusieurs prédisaient une victoire facile à l'équipe de Bruce Boudreau en quatre parties. La pression n'existe pas sur le Canadien, qui n'a rien à perdre et tout à gagner. Personne ne voyait le Canadien dans la position de passer au deuxième tour en sortant les champions de la saison régulière. Ce que le Canadien a accompli jusqu'à maintenant est quelque chose de bien contrairement à ce que les gens disaient et je m'inclus dans ce lot.

L'indiscipline

Le Canadien peut se compter chanceux que l'attaque massive des Capitals soit en panne sèche. Avec un seul but en 30 avantages numériques depuis le début de la série, les hommes de Bruce Boudreau n'aident pas leur cause mais celle du Canadien.

Hall Gill et Josh Gorges font le travail en infériorité numérique mais celui qui fait la différence, c'est le gardien. Il faut lui donner le crédit.

Le Canadien doit tout faire pour éviter le banc des pénalités dans la septième rencontre parce que si les Capitals tirent plus de 40 fois mercredi, ils vont gagner la série.

Les Capitals doivent cesser de se dire qu'ils étaient les favoris parce que ça ne compte plus. Maintenant, la série se résume à un match. Ce n'est plus le temps de regarder en arrière et de se dire qu'on aurait dû gagner parce qu'on était en avance 3-1. Il faut simplement jouer le meilleur match possible parce que si Halak joue comme il l'a fait lundi, les Caps pourraient avoir des mauvaises surprises.

Boudreau doit demander à ses joueurs de jouer de la même façon que lundi et il n'a rien à changer à sa formation.

Jacques Lemaire

Jacques Lemaire a été un des meilleurs instructeurs technicien de l'histoire de la LNH. Il a accompli un travail exceptionnel et il a gagné la coupe Stanley en plus de mériter le titre d'entraîneur de l'année deux fois. Il a été un innovateur et c'est un des grands de la LNH derrière le banc. Je lui souhaite bonne chance et il mérite une belle retraite.

Jacques serait un consultant exceptionnel pour une équipe. J'espère que son départ permettra à Mario Tremblay d'avoir une nouvelle chance d'être entraîneur en chef à nouveau dans la LNH.

*propos recueillis par Robert Latendresse