La période de réflexion de Marc Bergevin n'est pas terminée, semble-t-il. Et même si elle l'était, aussi drôle que cela puisse paraître, il n'aurait pas le temps de nous communiquer l'identité du nouvel entraîneur. Trop occupé ailleurs, le nouveau directeur général.

C'est pourquoi, à défaut de filet mignon, on nous a servi cette semaine un amuse-gueule en Scott Mellanby pour nous aider à patienter.

Faut dire que Bergevin n'a pas chômé ces derniers temps avec l'audition des candidats pour le poste d'entraîneur, l'embauche de Rick Dudley, le renouvellement de l'entente de Larry Carrière et l'acquisition de Mellanby. Il a aussi vu à l'oeuvre deux fois chacune les quatre équipes participantes au tournoi de la coupe Memorial. Enfin, il a tenu une réunion de trois jours avec tous les recruteurs de l'organisation, la semaine dernière.

Demain, après avoir participé à son premier meeting des directeurs généraux aujourd'hui, à New York, Bergevin sera un observateur attentif au combine, à Toronto, un camp d'évaluation au cours duquel les dirigeants et les recruteurs des 30 organisations de la Ligue nationale rencontrent les 105 premiers joueurs répertoriés en vue du prochain repêchage amateur. Cette année, les invitations s'adressent à 88 joueurs nord-américains, dont 10 gardiens de but (incluant Malcolm Subban, le frère de l'autre), et à 17 Européens, dont trois gardiens.

C'est une occasion unique de faire la connaissance et de discuter avec les meilleurs espoirs au monde, en plus de tester leurs habiletés sur la patinoire et hors glace. L'exercice prendra fin samedi.

Il s'agit d'un moment important pour Bergevin et Trevor Timmins puisque le Canadien réclamera des joueurs au troisième rang des première et deuxième rondes. Compte tenu de la chute de l'équipe au classement, leur marge d'erreur est quasi nulle.

Bergevin, qui s'était engagé à ne négliger aucun détail dans sa quête d'éléments québécois, tiendra son propre combine le 12 juin à Montréal en accueillant plusieurs jeunes du Québec qui n'ont pas été invités à Toronto. Puis, les hommes de hockey tiendront un premier camp de développement pour tous les jeunes qui appartiennent à l'organisation.

Une semaine après le repêchage des 22 et 23 juin, on a prévu un autre camp de développement pour tous ceux qui auront été réclamés par Timmins.

Entre-temps, Bergevin aura eu le temps de dévoiler le nom de son entraîneur, d'amorcer les discussions en vue du renouvellement de quelques contrats, dont ceux de Carey Price et de P.K. Subban, et de préparer la course aux joueurs autonomes du premier juillet. On s'attend à ce qu'il soit actif sur le marché de l'autonomie, surtout si Geoff Molson accepte de libérer le contrat de Scott Gomez de la masse salariale.

En pleine finale

Il est possible que le successeur de Randy Cunneyworth soit connu la semaine prochaine. On présume qu'on procédera à une annonce entre deux matchs de la finale. Entre les quatrième et cinquième matchs, il y aura une période d'arrêt de deux jours, notamment.

Si Bergevin confirmait l'embauche de l'entraîneur à ce moment-là, ce ne serait pas une première pour le Canadien puisque Bob Gainey et Jacques Martin ont tous les deux été embauchés durant une finale de la coupe Stanley. On ne pourra pas étirer la sauce indéfiniment. Dans le contexte médiatique actuel, compte tenu de la très forte représentation des médias écrits et parlés dans l'entourage de l'équipe et de la présence très active des réseaux sociaux, il serait impossible de garder secrète une nouvelle d'une telle importance durant une semaine complète si la décision était déjà prise.

Parlant de contrat...

Parlant des négociations de contrats qui attendent Bergevin, il doit, en toute justice, ajouter le nom de David Desharnais à la liste, même s'il reste une année à écouler à son entente. Bergevin n'était pas là, la saison dernière, pour assister à la belle éclosion de Desharnais qui s'est hissé au rang de premier centre de l'équipe, mais il n'est pas sans savoir ce qu'il a accompli.

Or, des quatre centres du Canadien, Desharnais a été le moins bien rémunéré. Il a touché un salaire de 750 000 $ pendant que le «quatrième» centre, Scott Gomez, empochait 7.5 millions $. Le deuxième centre, Tomas Plekanec, a touché 5 millions $. Le troisième centre, Lars Eller, a empoché 787 000 $.

Le problème, c'est que le contrat de Eller est terminé. Il franchira probablement le cap du million de dollars alors que le salaire prévu pour Desharnais la saison prochaine est de 950 000 $, ce qui signifie qu'il sera encore le centre le moins bien payé du Canadien.

L'équipe a une responsabilité morale envers Desharnais qui a terminé la saison à cinq points du premier rang des marqueurs et de Max Pacioretty. Il est clair qu'il ne peut pas être moins bien payé que Eller dont la production a été de 28 points seulement.

Quand Bergevin procédera à une analyse détaillée de son enveloppe salariale, c'est sûrement un aspect qui lui sautera aux yeux. L'agent de Desharnais, Joseph Tacopina, attend peut-être le moment opportun pour lui parler d'une certaine forme d'injustice à l'égard de son client.

Un autre fleuron pour Hartley

Bob Hartley a été bon pour les Cataractes de Shawinigan. Et si les Cataractes s'avéraient maintenant un point tournant dans la vie de Hartley? Cette victoire des nouveaux champions canadiens du hockey junior ne pouvait se présenter à un meilleur moment pour la suite de sa carrière.

Bergevin connaît sans doute fort bien l'impressionnante feuille de route de Hartley. C'est encore plus vrai du côté du DG des Flames de Calgary, Jay Feaster, qui est le parrain de son fils. Son bilan est impressionnant.

1990 : À ses débuts comme entraîneur, l'équipe de sa ville natale, les Hawks de Hawkesbury, a remporté le championnat de la saison régulière et des séries éliminatoires de la Ligue centrale junior A de l'Ontario.

1991 : Même double championnat de cette ligue avec les Hawks.

1993 : À Laval, il remporte la coupe du Président, emblème du championnat des séries éliminatoires de la Ligue junior majeur du Québec.

1997 : Gagnant de la coupe Calder, à titre de champions des séries éliminatoires de la Ligue américaine, avec les Bears de Hershey.

2001 : Gagnant de la coupe Stanley avec l'Avalanche du Colorado.

2012 : Champions des séries éliminatoires avec les Lions de Zurich, de la Ligue Élite de Suisse.

2012 : Gagnant de la coupe Memorial à titre de conseiller principal des Cataractes de Shawinigan.

Il est bien possible que ce dernier fleuron joue un rôle dans sa décision que Bergevin ou Feaster devra prendre prochainement à son sujet. Partout où passe Hartley, les championnats semblent lui coller à la peau.

On dit souvent que Michel Therrien et lui sont les deux derniers candidats en lice à Montréal. Quel drôle de hasard quand on y pense puisque ces deux-là, qui sont comme des frères, sont en compétition direct en ce moment. Durant cette période d'incertitude, ils continuent à se parler régulièrement.

Therrien me racontait récemment qu'ils ne font jamais allusion à la situation du Canadien quand ils échangent entre eux. Pour rester tout à fait honnêtes l'un envers l'autre, ils ne se racontent pas où ils en sont dans leurs pourparlers avec Bergevin. Comment l'un pourrait-il raconter à l'autre qu'il a vaguement discuté avec le patron du Canadien quand, dans les faits, il l'a rencontré plus d'une fois? Ces deux-là se respectent trop pour s'envoyer mutuellement dans le champ gauche. Alors, ils jasent de choses et d'autres en oubliant volontairement le principal.

Oubliez tout de suite qu'ils pourraient travailler ensemble derrière le même banc, même s'ils formeraient à n'en pas douter un formidable duo. Les deux sont des entraîneurs en chef, pas des adjoints.

Le jour est tout près où on connaîtra le gagnant de cette longue et intrigante course. On pourrait voir Therrien profiter d'une seconde chance avec le Canadien tandis que Hartley pourrait tenter de replacer sur les rails une autre formation en difficulté à Calgary.

Ces deux entraîneurs jouent peut-être leur carrière actuellement. Hartley a été sorti de la Ligue nationale il y a cinq ans. Therrien est sans emploi depuis trois ans. Ça représente une éternité pour des entraîneurs aguerris qui ont beaucoup à offrir.

Je les soupçonne de ne pas très bien dormir ces temps-ci.