Si vous étiez sceptique quant au plus faible pouvoir d'attraction du UFC pour son deuxième passage à Vancouver, je vous confirme qu'il ne s'agit pas d'une légende urbaine.

En tant qu'analyste pour la diffusion du gala sur le canal Indigo, j'avais un siège juste à côté de l'octogone et je peux vous confirmer que la foule était moins imposante que l'année dernière. Et qui dit moins imposante dit aussi moins bruyante.

C'était vraiment étrange. Je dirais que jusqu'à l'avant-dernier combat de la soirée, il n'y avait presque personne dans les estrades. À la fin de la pré-carte, il devait y avoir 2000 personnes dans les gradins. Dans un aréna de 20 000 sièges, c'est vide longtemps. Je me demandais si c'était moi qui avais la berlue, mais j'en ai discuté avec plusieurs collègues et ils étaient tous du même avis.

Peut-être que la présence des Canucks en finale de la coupe Stanley y a été pour quelque chose, mais il n'y avait pourtant pas de hockey à l'horaire lorsque les billets ont été mis en vente. Bizarre.

Dans le fond, Shane Carwin était peut-être un adversaire plus intéressant pour Junior Dos Santos, mais Brock Lesnar aurait probablement été plus vendeur.

De toute façon, je crois qu'on a vraiment été gâtés avec la carte qui nous a été offerte et selon moi, le combat très attendu entre Dos Santos et Carwin a livré la marchandise.

Personnellement, je crois que ce combat aurait dû finir au premier round. À mon avis, Herb Dean a donné beaucoup trop de temps à Carwin pour revenir. À un certain moment, Dos Santos a regardé l'arbitre comme pour lui dire : « Que veux-tu que je fasse de plus? Il a la face complètement démolie! ».

En se relevant et en étant capable de faire trois rounds, Carwin n'a laissé aucun doute sur sa force de caractère, mais l'arbitre, lui, doit faire son travail en fonction de la sécurité des combattants d'abord et avant tout. Carwin avait le tour des yeux et le nez de cassés, on n'aurait pas dû le laisser s'exposer à plus de risques pendant deux autres rounds.

Ceci étant dit, Carwin est le seul à blâmer pour les cicatrices qui ornent son visage aujourd'hui. Sa stratégie était discutable. Il a essayé de boxer à longue distance, une grave erreur quand on concède l'avantage de la vitesse et de la portée à son adversaire. Je veux bien croire qu'il y a de la puissance dans ses coups, mais à bout de bras contre Dos Santos, il n'avait aucune chance.

Carwin a essayé d'amener Dos Santos au sol à quelques reprises, mais sans succès. Je ne suis pas surpris. Cigano ne s'entraîne pas avec des piétons et c'est aussi un gars qui est extrêmement fort physiquement. Ce n'est pas facile d'amener un pareil colosse au tapis! Alors plutôt que de dire qu'on avait surestimé la lutte de Carwin, je préfère donner le crédit à Dos Santos pour son bon travail en défensive.

Immédiatement après le combat, les preneurs aux livres ont établi Dos Santos favori pour son éventuelle rencontre avec le champion Cain Velasquez. De mon côté, honnêtement, je suis incapable de départager les deux pour l'instant. Velasquez était négligé contre Nogueira et contre Lesnar, mais il les a défoncés à chaque fois. J'hésiterais longtemps avant de mettre mon argent contre lui. D'un autre côté, c'est difficile de voir Dos Santos comme négligé.

Dans le fond, lancez un trente sous dans les airs et dites-moi ce que ça donne. C'est probablement la meilleure façon de deviner le gagnant, selon moi.

Florian premier aspirant? Je suis perplexe...

J'ai bien aimé la performance de Kenny Florian à ses débuts à 145 livres. Même s'il a perdu le premier round, mais il est bien revenu. Il a commencé à utiliser davantage son jab et plus le combat progressait, plus il prenait le dessus sur Diego Nunes.

Je vous avais prévenu. Nunes n'était pas très connu avant ce combat, mais il est vraiment bon. S'il avait eu dix secondes de plus à la fin du troisième round, il aurait peut-être été capable de causer une surprise. Mais au bout de la ligne, c'est la condition physique qui a fait la différence.

Je suis toutefois d'accord avec ceux qui disent qu'il est trop tôt pour donner un combat de championnat à Florian chez les poids plumes. C'est sûr que KenFlo n'a plus besoin de présentation, son passé parle pour lui-même, mais une chance au titre après seulement un combat... je ne suis pas sûr que ce soit la chose à faire. J'aimerais qu'on lui donne au moins un autre combat pour qu'il trouve sa place dans la catégorie.

D'un autre côté, le UFC demeure une organisation professionnelle, mais on ne se racontera pas de menteries. C'est sûr que les patrons ont des combattants préférés et d'autres qu'ils aiment peut-être un peu moins. Peut-être que Kenny Florian en fait partie, je ne sais pas. Mais moi aussi, je suis un peu perplexe face aux plans que semble lui réserver le UFC.

Munoz ne s'est pas laissé intimider

Le combat entre Demian Maia et Mark Munoz était vraiment bon.

Maia a montré un debout vraiment solide, c'était impressionnant. Il laissait aller ses mains et a même donné de gros coups de pieds. Il a même ébranlé Munoz au premier round. On était loin du gars qui était vraiment horrible dans cette facette de son jeu contre Ed Herman. L'amélioration était flagrante.

Je pense qu'encore une fois, ce qui a fait la différence, c'est la condition physique de Maia. Le Brésilien a gagné le premier round (un juge l'a vu autrement, je ne sais pas où il regardait), mais Munoz a été capable d'aller chercher les deux autres avec des amenées au sol.

Au sol, Munoz ne s'est pas laissé impressionner par le jiu-jitsu de Maia. Il a plutôt eu confiance en ses habiletés et en est ressorti gagnant. Maintenant, s'il ne vient pas de faire son entrée dans le top 5 de la division des moyens, il n'est certainement pas loin. Son prochain adversaire sera certainement encore plus coriace et une victoire le rapprochera encore plus de l'élite.

Herman a beaucoup de potentiel

J'ai aussi aimé la bataille que se sont livré Jon Olav Einemo et Dave Herman. Le momentum a changé de direction à plusieurs reprises dans le combat. L'agresseur pouvait devenir la victime en l'espace de quelques secondes.

Herman, un bon lutteur, a refusé d'être amené au sol et debout, il était vraiment fluide pour un gros bonhomme. Je regarde les gars que le UFC essaie de monter chez les poids lourds et je ne serais pas gêné de leur opposer Herman.

Un gros malaise

Le K.-O. de Sam Stout sur Yves Edwards était beau, mais aussi très laid en même temps. Vous n'avez pas pu le voir à la télévision, mais Edwards ne s'est réveillé qu'après sept minutes passées dans les limbes. À son réveil, il est devenu raide comme une barre et est tombé en convulsions. Quand il s'est finalement relevé, il l'a fait avec l'aide de trois personnes et je peux vous dire qu'il était mêlé.

La plupart du temps, un knockout va semer l'euphorie chez les amateurs de sports de combat. Mais dans ce cas-là, je ne pouvais m'empêcher d'avoir mal au cœur.

Malgré tout, c'est sûr que je suis content pour Stout, qui a encore une fois donné tout un spectacle. Il n'y a jamais de surprise avec lui. Il fonce vers l'avant et ne recule jamais. Remarquez aussi qu'il ne lance jamais un seul coup de poing. Toujours, toujours des combinaisons. Et contre un gaucher, il savait que son crochet de la gauche allait super bien passer.

C'est une chance aussi qu'il possède un aussi bon menton, parce qu'immédiatement après avoir lancé son coup de poing victorieux, il a reçu une bonne droite sur la mâchoire.

Voilà pour mes impressions sur cette belle fin de semaine à Vancouver. La semaine prochaine, on discutera du tournoi des poids lourds de Strikeforce qui reprend samedi.

Bonne semaine!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.