Les arts martiaux versus la boxe
AMM mercredi, 6 févr. 2008. 20:59 mercredi, 11 déc. 2024. 19:49
«Maman, j'aimerais apprendre la boxe.» «Il n'en est pas question. C'est un sport trop dangereux!» «Maman, j'aimerais faire des arts martiaux.» «Excellente idée. Ça va te discipliner!»
Même enfant, même mère, mais deux réactions totalement différentes.
Et l'éternelle question revient sur le tapis. C'est quoi le meilleur spectacle présentement? La boxe ou bien les arts martiaux mixtes?
Si vous êtes une jeune femme, vous opterez pour les arts martiaux mixtes. C'est prouvé. Pour Mario Latraverse, le superviseur des combats à Montréal, la réponse est simple : « Les combattants des arts martiaux viennent avec leurs blondes, tandis que les boxeurs viennent avec leurs épouses.» Ça veut tout dire et c'est prouvé d'un bout à l'autre de la planète.
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il y aura plus de 20 000 mordus des arts martiaux pour le gala de l'UFC en avril prochain au Centre Bell. Déjà 13 000 billets avaient été vendus par l'entremise des abonnés de UFC.
Comme le disait si bien Mario Latraverse. « Sur ce nombre, il y a quoi? 200, 250 Québécois. Le reste ce sont des Américains.»
Avant d'aller plus loin, tirons une chose au clair. Les combats d'arts martiaux ne sont pas et ne seront jamais des batailles de rue, prenez-en ma parole.
J'ai eu l'occasion au cours des années 50, 60, de travailler dans le domaine des clubs de nuit à Montréal à cause de l'implication de ma famille. Des «bouncers», j'en ai vus.
D'ailleurs, je vais vous énumérer une longue liste des meilleurs «bouncers» du temps. Leurs noms ne sont pas nécessairement en ordre. Mais je défie qui que ce soit qui pourrait me dire que ces hommes forts n'étaient pas la crème de nos meilleurs batailleurs.
Guy Émond! Tiens-toi bien après les oreilles à Jean Paul, c'est toi qui est mon centre de références. J'y vais...
Mad Dog Vachon, Roger Massicotte, Jacques Rougeau, Fernand Payette, Pat St-Louis, Gerry Turenne, Marcel (LaGalette) Diotte, Chapeau Gagné, Claude Dubois, Baptiste Beaudet, Johnny Hogue, Gilles Bacon, René Trudeau, Jacques Ouimet, Albert Kleza, Renato Raynaldo, Claude St-Jean, Guy Charron, Gaby Ferland
Je suis certain que j'ai oublié quelques noms. Mais si quelqu'un peut me dire que je me trompe sur ma liste des meilleurs batailleurs de rues du temps, qu'il me téléphone et me contredise.
Et pourtant, je demeure convaincu que pas un de ces super-hommes auraient pu résister trois minutes sur un ring ou dans un octogone avec ces professionnels des sports de combat.
Un de ces jours, il faudra bien comprendre que la boxe professionnelle est un sport qui s'apprend. Qu'on l'aime ou non, elle est là pour rester. Même chose pour les arts martiaux mixtes. Pour entrer dans l'octogone, il faut absolument avoir pratiqué le jiu-jitsu, le karaté, la lutte gréco-romaine, la boxe et quoi d'autre.
Les boxeurs velcro
Partout où ils passent, les pugilistes des arts martiaux professionnels font salle comble. Les partisans sont jeunes, volubiles et endiablés. Pourquoi?
Parce que la jeunesse veut du sang neuf. De l'action du commencement à la fin d'un combat.
Vous pouvez compter sur vos doigts combien il y a de Oscar De LaHoya, Roy Jones, Felix Trinidad, Wladimir Klitschko, Kelly Pavelick, Jermain Taylor, Floyd Mayweather, Ricky Hatton, Shane Mosley, Edison Miranda, Bernard Hopkins, pour ne nommer que ceux là, pour vous égayer pendant douze rounds, et parfois, le spectacle n'en valait pas la peine.
Des boxeurs velcros, ceux là qui passent leur temps à donner un coup et ensuite accrocher jusqu'à ce que l'arbitre s'interpose, il y en a à la tonne.
En combats ultimes, mêmes deux pugilistes de deuxième ordre peuvent rendre le combat intéressant tout en se tenant debout et en se cognant à qui mieux mieux.
D'ailleurs, s'il fallait que les boxeurs utilisent des gants d'arts martiaux, on pourrait être mis aux arrêts pour contribution à un meurtre. C'est du moins l'opinion de Mario Latraverse.
« On parle même de bannir les gants de huit onces à la boxe, poursuit le superviseur de la Régie. Quant je vois un boxeur cogner sur un sac de sable, ça ne se compare pas à un gladiateur des arts martiaux. C'est beaucoup plus sec, plus puissant. En somme, ce sont deux sports différents.»
«Au début, tout était permis. Des coups de coudes, des coups de genoux à la tête et tout le tralala. Maintenant, il y a des règlements bien établis et ils sont suivis à la lettre».
Pas plus de blessures
Pour le docteur Pierre Meunier, le médecin attitré de la Régie, la boxe et les arts martiaux présentent à peu près les mêmes blessures.
« En combats ultimes, on a des coupures au front, le plus souvent causées par des coups de coudes, admet-il. Il y a aussi des luxations à l'épaule, mais ces blessures se comparent à la boxe. Au Québec, nous n'avons jamais eu de blessure vraiment grave dans les combats d'arts martiaux. Il y a bien eu ce combattant à Rimouski qui a subi une fracture à la rotule, mais c'est à l'hôpital que les choses se sont gâtées, à cause d'une infection à la suite d'une opération.»
Partout au Canada, les arts martiaux mixtes sont permis et très populaires, sauf en Ontario. Le président de la Régie là bas se fiche éperdument de la boxe et des arts martiaux mixtes. D'ailleurs, même le champion du monde des poids coqs en boxe, Steve Molitor, est obligé de se battre sur la réserve indienne où est situé le Casino Rama, à Rama, en Ontario.
« Ken Hayashi est le responsable des sports de combats», raconte le promoteur Stéphane Patry. «C'est ce même homme qui a tué le kick boxing en Ontario et il ne veut absolument rien savoir. C'est un fonctionnaire qui gagne à peu près 75 000 $ par année. Qu'il y ait un combat de boxe ou cinquante galas d'arts martiaux, son salaire est le même».
On pourrait toujours dire que la ville de Vancouver vient de bannir les arts martiaux mixtes, mais cette décision n'est pas celle de la province de la Colombie-Britannique.
«Les dirigeants de la ville de Vancouver ont fait ça strictement parce qu'il y a les Jeux olympiques qui s'en viennent et ils ont eu peur des commentaires négatifs des groupes de pression», enchaîne Patry.
Et la télévision
À la télévision, les galas d'arts martiaux attirent autant sinon plus que la boxe. « C'est 50-50, admet le vice président senior à la programmation de RDS, Robert Turcotte. Les deux produits sont nez à nez. Naturellement s'il y avait plus de champions québécois, ça pourrait être différent. Mais si on a un combat de boxe avec un champion ou encore une tête d'affiche, on aura plus de monde qu'en combats ultimes et vice versa.»
«La boxe est un sport cyclique avec des hauts et des bas. Je suppose que la même chose arrivera aux combats ultimes dans l'avenir. Du coté des cotes d'écoute, nous sommes très satisfaits des deux sports.»
Et dire que tout cela a commencé en juin 2000 quand Stéphane Patry a décidé de risquer entre 150 000 et 200 000 $ de son argent pour présenter son premier spectacle au centre Pierre Charbonneau.
«Il y avait 1 700 personnes ce soir-là, se souvient Patry, qui était le conseiller des galas sur la réserve indienne auparavant. À mon dernier spectacle au Centre Bell, nous étions 8 400 personnes payantes pour voir Steve Bossé et Icho Larenas en finale.»
Quant à la venue de l'UFC à Montréal, Patry voit cela d'un bon œil.
«Ce sera excellent pour Montréal. Il y aura 10 000 chambres d'hôtels occupées et que penser des retombées via les restaurants, les bars, les taxis et quoi encore. S'il y a déjà 13 000 billets de vendus, c'est dire que ce sont 13 000 Américains qui nous visiteront. Ça fait beaucoup d'argent.»
Je sais que les puristes regardent les arts martiaux mixtes d'un drôle d'œil.
Mais c'est moins dangereux que de recevoir entre 400 et 700 coups de poings sur la tête pendant plus de 45 minutes dans un combat de boxe.
Avec les arts martiaux mixtes, il y a très peu de coups portés à la tête à moins d'être un George St-Pierre, Mark Homenick, Patrick Côté ou Sam Stout.
Et dites-vous bien qu'il n'y a personne mais personne, aussi forte soit-elle, qui ne connaissent pas la base fondamentale des arts martiaux qui pourrait résister, ne serait-ce qu'un minute, devant un de ces surhommes.
Viva la boxe. Vive les combats d'arts martiaux. Et vive aussi les bons vieux «bouncers» du temps.
Même enfant, même mère, mais deux réactions totalement différentes.
Et l'éternelle question revient sur le tapis. C'est quoi le meilleur spectacle présentement? La boxe ou bien les arts martiaux mixtes?
Si vous êtes une jeune femme, vous opterez pour les arts martiaux mixtes. C'est prouvé. Pour Mario Latraverse, le superviseur des combats à Montréal, la réponse est simple : « Les combattants des arts martiaux viennent avec leurs blondes, tandis que les boxeurs viennent avec leurs épouses.» Ça veut tout dire et c'est prouvé d'un bout à l'autre de la planète.
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il y aura plus de 20 000 mordus des arts martiaux pour le gala de l'UFC en avril prochain au Centre Bell. Déjà 13 000 billets avaient été vendus par l'entremise des abonnés de UFC.
Comme le disait si bien Mario Latraverse. « Sur ce nombre, il y a quoi? 200, 250 Québécois. Le reste ce sont des Américains.»
Avant d'aller plus loin, tirons une chose au clair. Les combats d'arts martiaux ne sont pas et ne seront jamais des batailles de rue, prenez-en ma parole.
J'ai eu l'occasion au cours des années 50, 60, de travailler dans le domaine des clubs de nuit à Montréal à cause de l'implication de ma famille. Des «bouncers», j'en ai vus.
D'ailleurs, je vais vous énumérer une longue liste des meilleurs «bouncers» du temps. Leurs noms ne sont pas nécessairement en ordre. Mais je défie qui que ce soit qui pourrait me dire que ces hommes forts n'étaient pas la crème de nos meilleurs batailleurs.
Guy Émond! Tiens-toi bien après les oreilles à Jean Paul, c'est toi qui est mon centre de références. J'y vais...
Mad Dog Vachon, Roger Massicotte, Jacques Rougeau, Fernand Payette, Pat St-Louis, Gerry Turenne, Marcel (LaGalette) Diotte, Chapeau Gagné, Claude Dubois, Baptiste Beaudet, Johnny Hogue, Gilles Bacon, René Trudeau, Jacques Ouimet, Albert Kleza, Renato Raynaldo, Claude St-Jean, Guy Charron, Gaby Ferland
Je suis certain que j'ai oublié quelques noms. Mais si quelqu'un peut me dire que je me trompe sur ma liste des meilleurs batailleurs de rues du temps, qu'il me téléphone et me contredise.
Et pourtant, je demeure convaincu que pas un de ces super-hommes auraient pu résister trois minutes sur un ring ou dans un octogone avec ces professionnels des sports de combat.
Un de ces jours, il faudra bien comprendre que la boxe professionnelle est un sport qui s'apprend. Qu'on l'aime ou non, elle est là pour rester. Même chose pour les arts martiaux mixtes. Pour entrer dans l'octogone, il faut absolument avoir pratiqué le jiu-jitsu, le karaté, la lutte gréco-romaine, la boxe et quoi d'autre.
Les boxeurs velcro
Partout où ils passent, les pugilistes des arts martiaux professionnels font salle comble. Les partisans sont jeunes, volubiles et endiablés. Pourquoi?
Parce que la jeunesse veut du sang neuf. De l'action du commencement à la fin d'un combat.
Vous pouvez compter sur vos doigts combien il y a de Oscar De LaHoya, Roy Jones, Felix Trinidad, Wladimir Klitschko, Kelly Pavelick, Jermain Taylor, Floyd Mayweather, Ricky Hatton, Shane Mosley, Edison Miranda, Bernard Hopkins, pour ne nommer que ceux là, pour vous égayer pendant douze rounds, et parfois, le spectacle n'en valait pas la peine.
Des boxeurs velcros, ceux là qui passent leur temps à donner un coup et ensuite accrocher jusqu'à ce que l'arbitre s'interpose, il y en a à la tonne.
En combats ultimes, mêmes deux pugilistes de deuxième ordre peuvent rendre le combat intéressant tout en se tenant debout et en se cognant à qui mieux mieux.
D'ailleurs, s'il fallait que les boxeurs utilisent des gants d'arts martiaux, on pourrait être mis aux arrêts pour contribution à un meurtre. C'est du moins l'opinion de Mario Latraverse.
« On parle même de bannir les gants de huit onces à la boxe, poursuit le superviseur de la Régie. Quant je vois un boxeur cogner sur un sac de sable, ça ne se compare pas à un gladiateur des arts martiaux. C'est beaucoup plus sec, plus puissant. En somme, ce sont deux sports différents.»
«Au début, tout était permis. Des coups de coudes, des coups de genoux à la tête et tout le tralala. Maintenant, il y a des règlements bien établis et ils sont suivis à la lettre».
Pas plus de blessures
Pour le docteur Pierre Meunier, le médecin attitré de la Régie, la boxe et les arts martiaux présentent à peu près les mêmes blessures.
« En combats ultimes, on a des coupures au front, le plus souvent causées par des coups de coudes, admet-il. Il y a aussi des luxations à l'épaule, mais ces blessures se comparent à la boxe. Au Québec, nous n'avons jamais eu de blessure vraiment grave dans les combats d'arts martiaux. Il y a bien eu ce combattant à Rimouski qui a subi une fracture à la rotule, mais c'est à l'hôpital que les choses se sont gâtées, à cause d'une infection à la suite d'une opération.»
Partout au Canada, les arts martiaux mixtes sont permis et très populaires, sauf en Ontario. Le président de la Régie là bas se fiche éperdument de la boxe et des arts martiaux mixtes. D'ailleurs, même le champion du monde des poids coqs en boxe, Steve Molitor, est obligé de se battre sur la réserve indienne où est situé le Casino Rama, à Rama, en Ontario.
« Ken Hayashi est le responsable des sports de combats», raconte le promoteur Stéphane Patry. «C'est ce même homme qui a tué le kick boxing en Ontario et il ne veut absolument rien savoir. C'est un fonctionnaire qui gagne à peu près 75 000 $ par année. Qu'il y ait un combat de boxe ou cinquante galas d'arts martiaux, son salaire est le même».
On pourrait toujours dire que la ville de Vancouver vient de bannir les arts martiaux mixtes, mais cette décision n'est pas celle de la province de la Colombie-Britannique.
«Les dirigeants de la ville de Vancouver ont fait ça strictement parce qu'il y a les Jeux olympiques qui s'en viennent et ils ont eu peur des commentaires négatifs des groupes de pression», enchaîne Patry.
Et la télévision
À la télévision, les galas d'arts martiaux attirent autant sinon plus que la boxe. « C'est 50-50, admet le vice président senior à la programmation de RDS, Robert Turcotte. Les deux produits sont nez à nez. Naturellement s'il y avait plus de champions québécois, ça pourrait être différent. Mais si on a un combat de boxe avec un champion ou encore une tête d'affiche, on aura plus de monde qu'en combats ultimes et vice versa.»
«La boxe est un sport cyclique avec des hauts et des bas. Je suppose que la même chose arrivera aux combats ultimes dans l'avenir. Du coté des cotes d'écoute, nous sommes très satisfaits des deux sports.»
Et dire que tout cela a commencé en juin 2000 quand Stéphane Patry a décidé de risquer entre 150 000 et 200 000 $ de son argent pour présenter son premier spectacle au centre Pierre Charbonneau.
«Il y avait 1 700 personnes ce soir-là, se souvient Patry, qui était le conseiller des galas sur la réserve indienne auparavant. À mon dernier spectacle au Centre Bell, nous étions 8 400 personnes payantes pour voir Steve Bossé et Icho Larenas en finale.»
Quant à la venue de l'UFC à Montréal, Patry voit cela d'un bon œil.
«Ce sera excellent pour Montréal. Il y aura 10 000 chambres d'hôtels occupées et que penser des retombées via les restaurants, les bars, les taxis et quoi encore. S'il y a déjà 13 000 billets de vendus, c'est dire que ce sont 13 000 Américains qui nous visiteront. Ça fait beaucoup d'argent.»
Je sais que les puristes regardent les arts martiaux mixtes d'un drôle d'œil.
Mais c'est moins dangereux que de recevoir entre 400 et 700 coups de poings sur la tête pendant plus de 45 minutes dans un combat de boxe.
Avec les arts martiaux mixtes, il y a très peu de coups portés à la tête à moins d'être un George St-Pierre, Mark Homenick, Patrick Côté ou Sam Stout.
Et dites-vous bien qu'il n'y a personne mais personne, aussi forte soit-elle, qui ne connaissent pas la base fondamentale des arts martiaux qui pourrait résister, ne serait-ce qu'un minute, devant un de ces surhommes.
Viva la boxe. Vive les combats d'arts martiaux. Et vive aussi les bons vieux «bouncers» du temps.