Il a la carrure d’un acteur d’Hollywood, le sourire d’un vendeur de balayeuses itinérant, la force de frappe d’un Rambo de la rive Nord et la science de boxe digne d’un champion.

Et pourtant, on ne l’a jamais vu à la télé payante? Mais dites-vous bien que c’est la dernière fois. C’est comme si c’était écrit dans le ciel.
Comme c’est facile de s’emballer devant un pugiliste aussi talentueux que Gennady Golovkin.

Mais attention!

Il n’y a pas si longtemps, je m’émerveillais devant les prouesses d’un jeune Québécois du nom de David Lemieux. Vous vous souvenez?
David Lemieux, quelle merveille! Un vrai. « Blue chip » pouvait-on entendre ici et là dans le milieu des connaisseurs de boxe. Après tout, en 2010, ce jeune homme montrait une fiche très impressionnante. Peut-être aussi impressionnante que celle de Gennady Golovkin au même moment, 25 victoires en autant de combats, dont 24 par K.-O.. Seul Jason Naugler était parvenu à se rendre jusqu’à la fin de la rencontre contre notre Montréalais.

Soudainement, en avril 2010 au Centre Bell, apparut devant lui un Mexicain du nom de Marco Antonio Rubio. Pas un champion, mais un excellent boxeur.

Pourquoi s’en faire…? Notre David devrait l’éclipser rapidement. Après tout, il était le grand favori pour gagner ce combat. En sept rounds, le tour était joué. Rubio avait totalement démoli notre « Blue chip ». Il lui avait laissé prendre l’initiative pendant les quatre ou cinq premiers assauts. Juste assez pour que le jeune se fatigue. Puis Rubio avait ouvert tout grand la machine. Si bien qu’à la fin du septième engagement, Lemieux était à bout de souffle, ce qui obligea Russ Anber à lancer la serviette.

Pour la première fois de sa carrière, Lemieux encaissait une défaite et souillait sa fiche parfaite à tout jamais.

Est-ce le même sort que Marco Antonio Rubio fera subir à Gennady Golovkin, samedi soir prochain a Carson, en Californie? Je ne le crois pas.

Golovkin est un fin renard. Disons que c’est un bon boxeur. Mais en plus, il cogne comme une mule. Chaque coup qu’il lance fait mal. D’ailleurs, il a endormi ou presque 27 de ses 30 rivaux qu’il a vaincus jusqu’ici. Il n’a jamais subi la défaite et il a passé le K.-O. à ses 17 derniers adversaires.

Croyez-le ou non, mais une seule fois en carrière, il s’est rendu au 10e round et c’est dans ce dixième assaut qu’il avait obligé Kassim Ouma à se retirer après 1:57 minutes.

Pour moi, ce Gennady Golovkin, si jamais il parvient à se débarrasser du Mexicain assez rapidement et de façon spectaculaire, deviendra la coqueluche des amateurs de boxe, si ce n’est déjà fait.

Déjà le réseau HBO l’a à l’œil et les dirigeants salivent juste à penser qu’un jour ils pourraient l’opposer à Floyd Mayweather, Miguel Cotto ou encore à Julio Cesar Chavez, pour ne nommer que ceux-là.

Mais qui est ce Rubio?

C’est celui que les champions fuient comme la peste. Pourtant, il a 34 ans et a déjà été passé K.-O. trois fois en carrière par Saul Roman, Kofi Jantuah et Kelly Pavlik. Mais depuis ce revers par K.-O. technique en neuf rounds face à Pavlik, en 2009, il a collé une fiche respectable de 16 victoires contre un seul revers, ne cédant que devant Julio Cesar Chavez, par décision.

Rubio aurait bien voulu affronter Miguel Cotto, mais ce dernier l’a laissé sécher préférant se mesurer à Sergio Martinez. Or, pourquoi accepter un combat contre Gennady Golovkin ? « Parce que je ne recule devant personne « s’est contenté de répondre Rubio. Disons qu’il a accepté de faire de son plein gré ce que la plupart des autres adversaires de GGG ont été obligés de faire parce qu’ils n’avaient pas d’autres options.

Deux fois en championnat du monde

Deux fois Rubio s’est rendu en championnat mondial des poids moyens. Deux fois il a raté sa chance. Ce samedi, Rubio pourrait mettre la main sur le titre WBA/Super mondial des poids moyens, celui de l’IBO et enfin le titre WBC/mondial par Intérim des moyens.

Personnellement, j’ai choisi GGG pour l’emporter par K.-O. pas plus tard qu’au sixième engagement. Je veux bien croire que Rubio est un boxeur d’endurance, mais contre Golovkin je doute qu’il puisse faire le poids. S’il avait absorbé tous les coups de Lemieux jadis, il ne pourra pas en faire autant avec GGG. Peut-être ce dernier ne cogne pas plus fort que notre Québécois, mais il est plus précis et cogne à répétition..

Enfin, juste un petit mot sur David Lemieux. Je sais que son prochain combat devrait avoir lieu aux États-Unis, fin décembre ou début 2015. J’ignore qui sera son rival, mais je sais que ce sera un pugiliste qui est classé parmi les 10 meilleurs aspirants au monde. Or, bonne chance à Lemieux qui ne manquera sûrement pas de regarder Rubio se débrouiller face à GGG. Après tout, à 25 ans, on a le droit de rêver. Et qui sait. Un jour, peut-être, assistera-t-on à un affrontement Lemieux-GGG.

Nous aussi on a le droit de rêver…

Bonne boxe!