Si vous êtes un vrai parieur, vous n’êtes pas du genre peureux et voulez faire fortune rapidement, misez 100 dollars sur Aveni Yildirim pour son match de samedi soir prochain contre Canelo Alvarez. S’il gagne, vous pourriez vous retrouver avec au moins quarante fois votre mise.  


Mais si les experts l’ont tellement négligé, c’est que ses chances de remporter la victoire sont presque nulles, à moins d’une intervention divine ou bien d’un « lucky punch », un vrai...


Je vous jure que si Canelo s’était mesuré à David Lemieux, qui occupe le 3e rang des aspirants à la WBC, juste derrière Yildirim, les cotes ne seraient pas aussi élevées en faveur du champion. 


D’ailleurs, pour être bien franc, je choisirais Lemieux pour vaincre Yildirim si jamais les deux devaient s’affronter un de ces jours. Mais faut pas rêver... On ne nage pas dans l’argent, dans le monde de la boxe, chez nous au Québec. 

Lorsque Canelo Alvarez (54-1-2, 36 K.-O.) se présentera sur le ring du Hard Rock Stadium de Miami en Floride, domicile des Dolphins, ce samedi, il sera acclamé par environ 15 000 personnes, disons près de 20 % des 65 000 spectateurs que peut accueillir le stade, soit la limite permise par la Commission de boxe de la Floride. 


Lorsque ce sera le tour de Yildirim de faire son entrée, ce sera beaucoup plus calme, exception faite pour ses seconds qui lâcheront quelques cris d’encouragement. 
 

Depuis l’absence de Floyd Mayweather, Canelo est devenu le boxeur numéro un sur la planète, sinon le meilleur boxeur, tout au moins le plus spectaculaire.
 

Fiche peu reluisante 
 

Avant d’aller plus loin, jetons un coup d’œil sur la feuille de route de son prochain rival, le Turc Avni Yildirim (21-1-0, 12 K.-O.), un jeune homme de 29 ans, supposément l’aspirant obligatoire à la couronne WBC du beau Brummell mexicain. Soulignons que l’autre titre, celui de la WBA, sera aussi à l’enjeu. 


Essayez de me faire comprendre comment Yildirim s’y est pris pour être le prochain rival de Canelo.
 

Yildirim est parvenu à coller cinq victoires de suite, depuis sa défaite par K.-O. au 3e round aux mains de Chris Eubank, en 2017. 
 

1) Yildirim n’a pas boxé depuis deux ans, soit depuis le 23 février 2019, alors qu’il avait perdu la décision partagée en dix rounds contre Anthony Dirrell. Les juges avaient été obligés de rendre leur décision après dix rounds à cause d’une vilaine coupure au-dessus de l’œil droit de Dirrell. Ce sont les médecins qui avaient recommandé l’arrêt des hostilités. 
 

2) Le combat précédant, contre Lolenga Mock, il était parvenu à arracher la victoire par décision partagée. Vous souvenez-vous qui est ce Lolenga Mock? C’est ce même boxeur qui n’avait gagné qu’un seul round, peut-être deux, contre Lucian Bute (au Centre Bell, en 2005) lors d’un match pour le titre WBO intercontinental des super-moyens. 
 

Cinq victoires de suite 
 

 3) Voyez contre qui Yildirim a gagné ses matches, dont un seul par RTD/1 contre un certain Jose Antonio Rodriguez Silvencia (3-31-3).  Ce même  Silvencia a été mis hors de combat pas moins de 19 fois au cours de sa carrière. 
 

4) Yildirim a obtenu la décision en douze rounds contre Ryan Ford (17-6-0, 12 K.-O.), un Canadien d’Edmonton qui en 2016 avait vaincu le regretté David Whittom. Ce Ford, qu’on a déjà vu à Montréal en septembre 2017 à la Tohu est peut-être un bon boxeur, mais il a 38 ans et il n’est pas du calibre international.

 

5) En mars 2018, Yildirim a réussi vaincre Derek Edwards par décision unanime. Le nom Edwards vous dit quelques chose? En avril 2011, cet Edwards avait baissé pavillon par K.-O. au 3e round face à Adonis Stevenson. 

Voilà le cheminement d’Avni Yildirim depuis les quatre dernières années. Et ce samedi, il se mesurera à celui que plusieurs croient le meilleur boxeur au monde livre pour livre.   


Ce Yildirim est un grand voyageur. C’est la troisième fois qu’il se battra en sol américain. Il y avait fait une première présence en août 2015 alors qu’il avait vaincu Glen Johnson, au Mana studio de Miami. Depuis, il s’est promené de l’Allemagne, la République Dominicaine, le Mexique et l’Italie. 


Par contre, il faut être honnête. Canelo affronte Yildirim pour se mettre encore plus à l’aise à titre de super-moyens car il a l’intention de coiffer les quatre couronnes. Après Yildirim, ce sera Billy Joe Saunders pour le « Cinco de Mayo » et avant la fin de l’année, il veut aller chercher la ceinture de Caleb Plant, l’actuel roi de l’IBF. 


Les prochains rivaux? 
 

Ensuite, amenez-en des aspirants : Jermall Charlo, Edgar Berlanga, David Benavidez, David Lemieux, Bektemir Melikuziev, Dimitry Bivol et qui sait... Peut-être Artur Beterbiev?
 

Même Errol Spence, le monarque de la WBC et de l’IBF des mi-moyens est prêt à augmenter son poids de 147 livres  pour un match contre Canelo.
 

Ca fait drôle de voir Canelo aussi actif.  Il lui a fallu attendre treize mois entre son K.-O. contre Sergey Kovalev et son affrontement à sens unique contre  Callum Smith. Maintenant, après seulement deux mois depuis son dernier combat, il remonte sur le ring à Miami, là où il y a douze ans, il avait pulvérisé, en 2008,  un certain Raul Pinzon dès le premier engagement. C’était la première fois que Canelo se battait hors de sa terre natale, le Mexique. 
 

Quatre combats en 2021 
 

Canelo veut se battre quatre fois en 2021 et qui sait... Un de ces jours, il célèbrera sa trilogie contre son éternel rival Gennady Golovkin. Mais il est mieux de faire vite, car GGG soufflera ses 39 chandelles, le 8 avril prochain. 
 

Le match sera présenté sur DAZN, avec qui Canelo a une nouvelle entente depuis qu’il a mis un terme à son fabuleux contrat de 365 $ millions. 
 

Les temps sont durs pour la télé américaine. La semaine dernière, la rencontre entre Adrien Broner et Jovanie Santiago, présenté par Showtime, n’a pu attirer plus de 288 000 téléspectateurs pendant que le gala ESPN, retransmis sur RDS et mettant en vedette Oscar Valdez et Miguel Berchelt, est allé chercher 771 000 amateurs. 
 

Pas dans la même classe 
 

Quand on regarde la feuille de route de chacun, on constate qu’ils ne sont pas dans la même classe. À ses cinq derniers combats, Canelo a affronté cinq champions, soit Gennady Golovkin (moyens), Rocky Fielding (super-moyens), Daniel Jacobs (moyens) Sergey Kovalev (mi-lourds) et Callum Smith (super- moyens). 
 

La fiche de ces cinq pugilistes est de 161-6-2, comparativement à 118-85-6 pour les adversaires de Yildirim. 


Les chiffres parlent par eux-mêmes. 


En dépit de cette disparité,  je vais regarder le combat, car Canelo livre toujours une performance de première qualité à la télévision. 

 

Prédiction : Canelo par K.-O. avant le 6e engagement 
 

Bonne boxe!