Le Québec compte un autre champion mondial de boxe depuis samedi soir. Il se nomme Adonis Stevenson, aussi connu sous le surnom de Superman.

Alors que madame Karamba l’avait vu gagnant en moins de trente minutes dans sa boule de cristal, Superman n’a pris qu’une minute et seize secondes pour coiffer la couronne mondiale.

Il faut excuser madame Karamba pour une erreur de temps. Que voulez-vous, elle utilise un cadran solaire pour faire ses prédictions. Mais au moins, elle avait vu juste.

Aujourd’hui, Stevenson a fait taire ses critiques. Peut-être n’est-il pas le meilleur boxeur défensif sur cette basse terre, mais sa force de frappe qui sort de l’ordinaire compense pour cette supposée lacune.

Avant l’affrontement, Chad Dawson ne cessait de répéter qu’il n’était pas du même calibre que Donavan George, l’avant-dernière victime du nouveau champion, et il avait entièrement raison. George a été bien meilleur que lui face à Adonis. Au moins il aura tenu le coup jusqu’au milieu du douzième engagement.

IL ÉTAIT ENRAGÉ

Fou de joie après sa victoire, Adonis a souligné qu’il s’était abstenu de relations sexuelles depuis deux mois et qu’il avait hâte de rentrer au bercail…

Vous voyez ce que le manque de sexe peut faire? Souvenez-vous de la performance de Carl Froch face à Mikkel Kessler. Le Cobra a admis après sa victoire qu’il s’était abstenu de faire l’amour pendant trois mois. J’ignore si vous connaissez sa conjointe, un top model, mais ce devait être le vrai martyre pour lui.

Ce que je déplore, c’est qu’environ seulement 6000 personnes ont assisté à l’éclatant triomphe d’Adonis. Il méritait un meilleur sort. Ceux qui étaient au Centre Bell montraient une certaine confiance en lui. Les autres ont maintenant une meilleure idée de son talent.

MIEUX QUE TYSON

Superman a fait encore mieux que Mike Tyson, 27 juin 1988, alors qu’il devenait triple champion mondial des poids lourds en endormant Michael Spinks en 1:31 minutes du premier round.

Stevenson a battu ce record par 15 secondes. Imaginez une minute. Un seul coup de poing, un seul, un crochet de la gauche et Chad Dawson était dans les limbes. Et l’arbitre Michael Griffin a bien fait de mettre un terme à la bataille.

Maintenant qu’il est champion des mi-lourds, que fait-on avec Adonis? Yvon Michel qui a vu un autre de ses poulains couronnés champion mondial, a bien des plans pour lui. Mais il n’a pas voulu les dévoiler tout de suite.

Quant au nouveau champion, le premier nom qu’il a crié après sa victoire, c’est celui de Bernard Hopkins. Ensuite, il a cité le nom de Carl Froch. Peut-être un jour, mais pas tout de suite.

BUTE-PASCAL

À la suite de ce spectaculaire triomphe on peut se poser la question…

L’affrontement entre Jean Pascal et Lucian Bute est-il toujours aussi valable?

Et j’ai aussi retenu ces paroles de Jean Pascal après la victoire de son ami. « Ce sont mes ceintures qu’il a sur les épaules », s’est-il écrié.

Peut-on anticiper un jour voir Stevenson monter sur le même ring que Jean Pascal pour défendre sa couronne des mi-lourds? Pascal n’est pas reconnu pour jouer les deuxièmes violons. On est en droit de se poser la question. Et Lucian Bute dans tout cela? Va-t-on le faire sécher? Car il faut bien l’admettre… la nouvelle coqueluche en ville dans le monde de la boxe, c’est Adonis Stevenson. Pas Lucian Bute, ni Jean Pascal, bien que ces deux derniers soient de calibre mondial.

Ce qu’il faut avant tout à Adonis, c’est de monnayer sa couronne fraîchement acquise. Après tout, il a 35 ans et le temps presse.

ANDRE WARD

Le tombeur précédent de Chad Dawson, Andre Ward, était sur les lieux et il a bien vu Stevenson ne faire qu’une bouchée du rival qui était parvenu à rester debout devant lui jusqu’au dixième engagement le 8 septembre dernier. Ward était analyste pour le compte du réseau HBO et il ne semblait pas plus impressionné que cela par la performance du Québécois.

Personnellement, si j’étais Superman, je tenterais une percée en sol américain ou bien encore en Europe contre un rival de premier choix, mais pas contre Ward ni Froch. Je persiste à croire qu’Adonis doit livrer un ou deux combats préparatoires plutôt que ceux contre les éventuels rivaux, Bernard Hopkins, Carl Froch et Andre Ward.

C’est bien beau les honneurs, mais avant tout Adonis doit penser à sa famille. C’est bien beau d’être champion, mais il faut aussi que le porte-monnaie aille avec le titre.

LEQUEL SUIVRA?

Pourquoi ne pas faire une offre à Mikkel Kessler? Même battu par Carl Froch, Kessler a admis qu’il voulait poursuivre sa carrière. Il était prêt à venir à Montréal pour affronter Lucian Bute. Or, je suppose qu’il serait intéressé à affronter Adonis si le prix était à son goût.

Les catégories mi-lourds et super-moyens sont intéressantes pour les boxeurs de 175 et 168 livres. Chez les mi-lourds, les champions sont Beibut Shumenov, Bernard Hopkins et Nathan Cleverly tandis que chez les super-moyens, Kessler, Carl Froch et Robert Stieglitz sont les têtes dirigeantes.

LES GAGNANTS

Pour moi, il y a quatre grands gagnants aujourd’hui. Il y a Stevenson, lui-même, le groupe Yvon Michel, qui vient de sécuriser l’entreprise pour encore quelques années, les amateurs de boxe du Québec qui se retrouvent avec un autre monarque mondial et surtout, le réseau de télévision HBO qui vient de mettre la main sur une perle rare. Une sorte de matraqueur qu’on ne retrouve plus tellement sur la scène de la boxe et qui vaut son pesant d’or quand vient le temps de présenter des programmes à la télé payante. Ce sont ces super-cogneurs qui obligent les gens à acheter les galas car avec eux on ne sait jamais ce qui peut se produire.

Si on ajoute au nom d’Adonis ceux de Jean Pascal, Eleider Alvarez, David Lemieux, Antonin Décarie, Kevin Bizier, et Arthur Beterbiev, la compagnie d’Yvon Michel se trouve en excellente santé pour l’avenir.

L’AVENIR

L’avenir semble rose pour Yvon et son groupe. Stevenson est maintenant champion. Jean Pascal cogne à la porte d’un match de championnat. Le nouveau venu Arthur Beterbiev semble avoir le talent nécessaire pour aspirer un jour aux grands honneurs, tout comme Eleider Alvarez.

Quant à David Lemieux, je me réserve le droit d’attendre encore un peu. J’ai hâte de voir ses adversaires monter de quelques crans pour savoir si vraiment il est de la graine de champion.

Aujourd’hui, Adonis Stevenson suit les traces de Leonard Dorin, Éric Lucas, Joachim Alcine et Jean Pascal. Il lui a fallu beaucoup de temps et d’énergie pour se rendre là où il est. La vie n’a pas toujours été facile pour lui. Mais il s’est pris en mains et s’est réhabilité.

Bravo à Yvon Michel et son groupe pour avoir cru et encourager celui qui est maintenant champion du monde. Et une bonne pensée pour le regretté Emmanuel Steward, qui l’avait pris en main quelque temps avant sa mort et lui avait inculqué cette confiance en lui qui l’a finalement hissé au rang de monarque des mi-lourds.

Bonne boxe