Après un règne sans partage des Klitschko pendant près de 10 ans, une nouvelle page est en train de s'ouvrir chez les poids lourds, avec une guerre de succession salivante, entre une nouvelle génération emmenée par Fury et Wilder, et un Haye qui n'a pas dit son dernier mot.

Depuis la défaite suprise de Vladimir Klitschko face au show-man Tyson Fury, la catégorie-reine est en effet en pleine effervescence.

« Les cartes sont redistribuées », estime Jean-Marc Mormeck, ancien champion WBA/WBC des lourds-légers. « En poids lourds on attend le punch, les sensations et ce n'était plus le cas au cours du long règne des frères Klitschko », a-t-il expliqué à l'AFP.

« Une nouvelle génération de "double-mètre" arrive et c'est bon pour l'ensemble de la boxe », a-t-il dit.

Cette période de transition a tous les ingrédients pour redonner un peu de piment à une catégorie en perte de vitesse ces dernières années.

Mormeck qui, lors de sa chance mondiale à Düsseldorf en mars 2012 face à Vladimir Klitschko avait subi le surcroît de poids (+ 13 kg), d'allonge (+ 17 cm) et de taille de son adversaire (1,98 m contre 1,81 m), attend avec beaucoup d'impatience la revanche accordée à l'Ukrainien par Fury. Le Britannique a préféré cette option quitte à abandonner son titre IBF fraîchement gagné.

La foudre dans les poings

« En novembre, avec ses 2,06 m Fury (nouveau champion WBA/WBO/IBF) ne s'est pas démonté face à Klitschko. Il a même été hautain avec lui en mettant ses poings dans le dos à quelques occasions. Vladimir n'a pas trouvé la solution. La question est de savoir si à bientôt 40 ans il voudra encore se faire mal pour revenir », ajoute le Guadeloupéen.

Quant à David Haye, auteur d'un retour foudroyant, mais face à un adversaire bien faible, « il est un peu tôt pour tirer des conclusions sur son retour, mais il a encore la foudre dans les poings », a assuré Mormeck, qui sait de quoi il parle, lui-même battu face au Britannique il y a près de dix ans « sur un coup ».

Fin 2009, Mormeck était d'ailleurs monté chez les lourds avec l'intention initiale de retrouver Haye. Une revanche qui n'aura finalement jamais eu lieu.

« Vladimir, qui n'aime pas le combat rapproché, adorait être confronté à plus petit que lui. Il faisait porter tout son poids sur son adversaire, le ceinturait et ne ne laissait pas s'exprimer », a-t-il rappelé.

« Il faudra compter sur Haye à l'avenir », a ajouté le jeune retraité des rings qui devrait poursuivre une carrière de promoteur.

L'un des plus grands promoteurs français Gérard Teysseron a été en revanche plus circonspect sur le combat « de reprise » de Haye qui a mis K.-O. à la première reprise l'Australien Mark de Mori samedi à Londres. « Je ne regarde même plus ce genre d'affrontements tellement ils sont déséquilibrés. Ce n'est pas valorisant pour la boxe », a-t-il déclaré à l'AFP.

Anthony Joshua le plus doué

« Si la revanche a bien lieu, je vois Klitschko vainqueur face à Fury », a-t-il par ailleurs ajouté. « Je dois néanmoins reconnaître que Fury est très compliqué à boxer. Il faudrait un ring de 1,50 m sur 1,50 m pour pouvoir le cadrer », a-t-il dit.

Gérard Teysseron, qui a vu passer entre ses mains les meilleurs boxeurs français, considère que « la nouvelle donne mondiale va permettre de libérer des ceintures. Cela pourrait ensuite mener vers des réunifications », a-t-il dit.

En WBC, Johann Duhaupas « a fait un très beau combat face à Wilder, champion WBC, et mérite une deuxième chance mondiale. Il faudrait déjà qu'il décroche un titre EBU », a-t-il ajouté. « Quant à la génération Yoka (champion du monde amateur des lourds, NDLR) ou (le Britannique) Anthony Joshua (champion olympique), il faudra attendre les années 20 », a-t-il conclu.

« L'attente ne sera peut-être que de deux ou trois ans pour Joshua invaincu depuis son apparition chez les professionnels », a considéré Sébastien Acariès qui perpétue la tradition de la famille. « Il a le punch d'un David Haye, la technique d'un Wilder, la mobilité d'un Klitschko. À 25 ans, c'est le plus jeune de tous et le plus doué. Il possède une grande marge de progression mais même s'il est prêt demain pour un championnat du monde, il ne faudra pas brûler les étapes », a conclu le promoteur français.