Lorsque Jean Pascal a lancé que tout était en place pour qu’il ait la chance de remettre la main sur un titre mondial il y a trois semaines, force est d’admettre aujourd’hui qu’il avait raison.

Le Lavallois a frappé un grand coup lundi après-midi, puisqu’il s’est entendu sur les termes d’un mégacombat avec le champion unifié des poids mi-lourds Sergey Kovalev qui aura lieu au début 2015 au Québec. Le 14 mars et le Colisée Pepsi ont été évoqués, mais rien n’est encore officiel.

Les amateurs et les journalistes ont unanimement louangé l’audace de Pascal de se frotter au talentueux boxeur russe et n’ont également pas manqué de souligner au passage à quel point l’actuel champion du WBC et The Ring Adonis Stevenson se retrouve désormais le bec à l’eau.

Qu’à cela ne tienne, Stevenson entend toujours se mesurer à son aspirant obligatoire - peu importe qui le WBC lui imposera - le 4 avril prochain au Centre Bell et le désistement annoncé de Pascal ne l’importune pas du tout. Qui plus est, le cogneur n’a que faire d’avoir spectaculairement perdu la bataille de l’opinion publique, a appris le RDS.ca.

À vrai dire, l’entourage de Stevenson considère le duel entre Pascal et Kovalev comme une « demi-finale » avec comme récompense le privilège de l’affronter. Le clan du Blainvillois est convaincu que le temps fera son œuvre et que la chance d’unifier toutes les ceintures arrivera.

Si Stevenson n’a pas encore obtempéré à croiser le fer avec Pascal ou Kovalev jusqu’à maintenant, c’est parce qu’il n’a absolument aucun motif financier à agir de la sorte. Tant et aussi longtemps que le réseau américain Showtime acceptera de lui verser des bourses dans les sept chiffres pour affronter des rivaux de la trempe de Dmitry Sukhotskiy, c’est ce qu’il fera.

En excluant la question monétaire de l’équation, il ne fait cependant aucun doute que Stevenson se précipiterait pour tenter de régler le compte de Pascal, car la rivalité entre les deux boxeurs est réelle et elle remonte à l’époque où ils évoluaient dans les rangs amateurs.

Un modus operandi connu

À l’autre bout du spectre, Kovalev s’avérerait un client particulièrement docile, ce qui explique pourquoi il a accepté d’affronter Pascal chez lui. Appuyé par HBO, mais sans bassin de partisans, il a donné carte blanche à sa promotrice afin de lui dénicher les combats les plus lucratifs.

Sauf que contrairement à Showtime, HBO exige des adversaires de renom pour justifier les importants droits d’acquisition (license fee) qu’il verse et le nom de Pascal a rapidement surgi. À l’exception de Stevenson, le Lavallois est le seul véritable athlète qui répond aux exigences.

À ce titre, Kovalev se comparerait avantageusement au champion des moyens de la WBA Gennady « GGG » Golovkin, qui serait prêt à défier n’importe qui, n’importe où. Tout cela dans le but d’accroître sa popularité et de maximiser les revenus des combats qu’il dispute.

Au final, la tournure des événements est loin de surprendre ceux qui suivent l’actualité pugilistique de très près, étant donné que le gérant de Stevenson, Al Haymon, est réputé pour en mettre plein les poches à ses protégés tout en minimisant les risques dans le ring.

Les carrières de Floyd Mayweather fils et Danny Garcia ne sont que quelques-uns des exemples qui illustrent ce phénomène. À court et moyen terme, la stratégie est extrêmement payante, mais à long terme, le boxeur risque de s’aliéner ses plus fidèles partisans. Du moins sur papier.

Mais puisque certains membres de l’entourage de Stevenson sont convaincus que Kovalev ne fera qu’une bouchée de Pascal, ils se disent que la perte de la bataille de l’opinion publique pourrait s’avérer bien peu chère payée quand Pascal aura une défaite de plus à son dossier.