Lucas Martin Matthysse a connu samedi soir quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti auparavant dans sa vie de boxeur. Un K.-O., un vrai.

C’est avec un genou au sol qu’il n’a pas répondu au compte de dix de l’arbitre Jack Reiss.

Avant cet affrontement contre l’Ukrainien Viktor Postol, on ne parlait que de Matthysse. Oscar De La Hoya, son promoteur, le voyait même monter sur le ring contre Manny Pacquiao, à 147 livres.

« Matthysse s'est fait jouer un tour »

Postol a mis fin à ce rêve.

Mais pourquoi donc Matthysse a-t-il été assommé par un pugiliste qui n’avait que onze K.-O. à sa fiche de 27 victoires?

Le pire, c’est que Matthysse n’avait jamais été mis K.-O. de sa carrière et il n’a fallu qu’un seul coup de la droite de Postol pour pratiquement l’assommer.

C’est Yvon Michel qui m’a mis la puce à l’oreille.

« Tu veux savoir pourquoi Matthysse a connu un match aussi difficile et une fin atroce? Regarde son dernier rival, Ruslan Provodnikov, m'a-t-il dit. À peu près tous ceux qui ont affronté le Russe ont connu des difficultés par la suite. »

Yvon a entièrement raison. Tu peux battre Ruslan Provodnikov et par la suite tu vas ressentir les effets. C’est comme si un affrontement contre lui te vidait complètement de tes énergies pour des mois et des mois, pour ne pas dire des années.

C’est arrivé à Matthysse

C’est exactement ce qui est arrivé à Matthysse. En avril dernier, il est parvenu à vaincre Provodnikov dans un furieux combat. Voyez ce qui lui est arrivé contre Postol.

En novembre dernier, Jose Luis Castillo a perdu par K.-O. technique/5 contre Provodnikov. Il n’a pas boxé depuis.

En juin 201, Chris Algieri a gagné une décision partagée contre Provodnikov. Qu’a-t-il fait par la suite? Il a perdu ses deux derniers affrontements par décision contre Manny Pacquiao et l’autre contre Amir Khan.

En octobre 2013, Mike Alvarado s’est fait battre par décision par notre Russe. Il n’a plus gagné un seul combat depuis cette défaite.  En mai 2014, il a perdu contre  Juan Manuel Marquez et ensuite par retrait au troisième engagement contre Brandon Rios.

Même les meilleurs n’échappent pas à ce sort maudit. Prenez le cas de Tim Bradley. En mars 2013, il a vaincu Provodnikov par décision. Il a ensuite perdu contre Manny Pacquiao et a fait match nul avec Diego Gabriel Chaves.

En juin 2012, Jose Reynoso a été éclipsé en deux rounds par Provodnikov. Le combat suivant, il a  dû abandonner au 7e round contre Antonio Orosco.

Enfin, Ruslan Provodnikov a mis fin à la carrière de David Torres le 27 janvier 2012 en l’obligeant à se retirer du combat au 6e engagement.

C’est comme si un sort était jeté

C’est comme si un sort était jeté par Provodnikov, que l’adversaire gagne ou perde. C’est un boxeur qui exige une intensité extraordinaire et qui vide un rival de toutes ses énergies.

Par contre, il ne faudrait pas oublier Viktor Postol, un protégé de Freddie Roach. Il a cet avantage de mesurer 5’11’’, ce qui est passablement grand sur une charpente de 140 livres.

C’était la quatrième fois qu’il se battait en sol américain, où il conserve une fiche parfaite de quatre triomphes, dont trois par K.-O. Alors que Matthysse est rendu au bout du rouleau avec ses 34 ans et ses 41 combats, Postol  prend du galon avec ses 28 triomphes et il n’a que 31 ans.

Reverra-t-on Matthysse dans un autre match de championnat? Peut-être, mais il peut dire adieu à cet affrontement dont rêvait Oscar De La Hoya, contre Manny Pacquiao.

Quant à Postol, c’est maintenant lui le champion et c’est un peu lui qui dictera sa destinée.

Enfin, se battre contre Ruslan Provodnikov, c’est comme subir un sortilège qui retombera de façon néfaste sur l’adversaire pour des mois et même des années à venir. Lucas Martin Matthysse en est la preuve parfaite.

Bonne boxe!