Roy Jones a perdu son dernier combat mais il a retrouvé son père! Eh oui, Roy Jones Junior n'a pas fait le poids contre Antonio Tarver. Mais vous aurez remarqué son paternel dans son coin lui prodiguant ses conseils entre les rounds. C'était la première fois depuis plusieurs années que les Jones père et fils travaillaient ensemble.

Jones pourra toujours se vanter d'avoir pu résister durant 12 assauts face à Tarver, mais il ressemblait beaucoup plus à un danseur de l'école Arthur Murray qu'au grand champion qu'il était jadis.

Personne ne savait avant le combat que Jones n'avait qu'une seule idée en tête. Rester debout durant les 12 assauts. Pendant les 36 minutes de bataille, il n'a lancé que 320 coups et atteint la cible seulement 85 fois pour une pauvre moyenne d'efficacité de 27%. Ce n'est certainement pas le Roy Jones qui m'a tant épaté jadis.

Jones a bien essayé de faire son fanfaron. Au début il a amusé la foule avec ses pas de danse. Il s'est même payé le luxe d'un (Ali Shuffle) après une attaque d'Antonio Tarver.

Plus les minutes s'écoulaient plus on sentait que Jones n'était plus que la carcasse de celui qui a dominé si nettement la scène de la boxe pendant plus d'une décennie.

On a vu une lueur d'espoir en troisième et quatrième rounds alors qu'il a ouvert la machine, mais on s'est vite aperçu que,il n'avait plus l'énergie et la force d'antan. C'est à compter du cinquième engagement qu'on a compris que le temps avait fait son œuvre. Par la suite, ce furent des grimaces, des pas de danses des mimes de visage, mais aucun coup de puissance.


Comme les autres

Presque tous les boxeurs ont cette mauvaise habitude de livrer un combat de trop. L'immortel Joe Louis a baissé pavillon par KO/8 contre Rocky Marciano avant d'accrocher ses gants.

Le fameux Sugar Ray Robinson a été défait dans deux de ses trois derniers combats avant de comprendre qu'il était temps de devenir danseur dans les cabarets.

Le darling des Jeux olympiques de Montréal, Sugar Ray Leonard, a été vaincu dans deux derniers matches en carrière.

Chez nous au Québec, Le Bœuf de Chomedy, Robert Cléroux s'est fait battre par Billy Joyner avant de comprendre qu'il était temps de partir.

Donato Paduano, l'Ange du ring, a été vaincu dans deux de ses quatre derniers matches. Le dernier par décision par un boxeur de deuxième ordre du nom de Jimmy Gradson.

Même Fernand Marcotte, un de nos meilleurs pugilistes du temps a été défait dans quatre de ses six derniers combats.

Naturellement, il y a toujours des exceptions à la règle… Bravo à un Lennox Lewis, qui, encore en pleine possession de tout son talent, a décidé d'abandonner après avoir vaincu Hassim Rahman, Mike Tyson et Vitali Klitschko. Tous par KO.

Naturellement, il y a aussi le fameux Rocky Marciano qui a décidé de mettre un terme à sa carrière avec une fiche vierge, qui fait encore loi aujourd'hui.


C'est le temps…

C'est le temps de partir Roy… Tu n ‘es pas blessé sérieusement. Ton visage ne montre pas trop les effets destructeurs de tous ces coups. Tes jambes sont encore agiles.

Tu as retrouvé ton père que tu ne fréquentais plus depuis déjà quelques années. Maintenant que vous vous êtes réconciliés, c'est le temps de jouir pleinement de la vie.

De ne plus se lever à l'heure des coqs pour aller respirer l'air pollué des autos en courant tous les matins. De cogner sur un sac de sable jusqu'à ce que les jointures s'écrasent.

Pour ceux qui diront que je me suis trompé dans mes prédictions je réponds : Même le Pape n'est plus infaillible.

Au cours des années, Roy Jones m'a fait passer par toute la gamme des émotions. Jamais j‘aurais cru qu'un boxeur pouvait être aussi talentueux.

Pour moi, c'était un ami, même si je ne l'ai jamais rencontré. Et un ami, un vrai, tu ne le laisses pas tomber aussi facilement, surtout dans les moments les plus difficiles.

Enfin, un petit mot à Antonio Tarver. Je suis convaincu qu'il a eu pitié de Roy Jones surtout au onzième engagement. Il aurait pu l'assommer à un certain moment, mais au lieu de poursuivre son attaque, il a reculé, laissant ainsi à l'ex-champion le temps de reprendre quelque peu son souffle. Bravo pour un tel geste. On ne frappait pas Wayne Gretzky tellement fort le long de la clôture dans les derniers matches de son illustre carrière.

Voilà, c'est terminé… J'espère juste que Roy Jones va maintenant accrocher ses gants. Son heure est venue. Il est riche, il est en santé, il a retrouvé son père… Il ne lui reste plus qu'aller s'amuser avec ses amis à jouer au basketball…

Salut champion