Il y a eu la filière camerounaise avec Hermann Ngoudjo et Olivier Lontchi. Il y a eu la filière de boxe de la Roumanie qui a produit 3 champions du monde. Réunis sous la bannière Interbox, Leonard Dorin, Adrian Diaconu et Lucian Bute ont fièrement représenté la boxe du Québec et du Canada.

Un autre pays vient de nous donner un troisième champion du monde. Joachim Alcine, Jean Pascal et Adonis Stevenson du Groupe Yvon Michel sont tous nés à Haïti avant de déménager en bas âge à Montréal. La filière de boxe haïtienne connaît beaucoup de succès et l‘avenir s‘annonce très prometteur. Dierry Jean et Bermane Stiverne devraient se battre en combat de championnat du monde au cours des 12 prochains mois.

Les Alcine, Pascal, Jean, Stiverne et Stevenson ont tous grandi dans la région montréalaise. Pour eux la boxe a été un exutoire et une manière saine de canaliser leurs énergies.

«On n‘a pas eu la vie facile, Dierry, Adonis et moi», raconte Bermane Stiverne. «Avant de commencer la boxe nous étions un peu agités et la boxe nous a changé», dit-il en riant. «Ce sport a pris tout notre temps et c’est comme ça qu’on a changé. Ça a changé notre vie! Et aujourd’hui ça porte fruit.»

Et probablement que leurs actions influencent d‘autres jeunes québécois d‘origine haïtienne, ou de toutes autres origines. Ces jeunes voient qu‘il est possible par un sport de bien s‘intégrer et de prendre sa place dans la société. Et peut-être un jour aussi accéder au sommet.

Stiverne inspiré par Stevenson

Samedi, Stevenson est devenu champion du monde en battant un champion bien établi depuis plusiweurs années au sein de l‘élite grâce à sa force de frappe.

Dans sa tête, Bermane Stiverne peut facilement faire la transposition avec sa propre situation, lui qui est dans l‘attente de son combat contre le champion poids lourds Vitali Klitschko.

Lui aussi sera le négligé.

Lui aussi afronte un champion réputé.

Lui aussi affronte un gars plus grand que lui.

Lui aussi a une grosse force de frappe.

Lui aussi peut mettre la main sur la ceinture verte du WBC.

«J‘étais négligé pour mon combat contre Chris Arreola. Lorsqu‘on me néglige, je n‘ai aucune pression. J‘étais à 4 contre 1 ou 5 contre 1 pour ce combat. Et même dans ma carrière amateur, j‘ai toujours été négligé. Et j‘ai toujours obtenu mes meilleures performances en ces circonstances. Un underdog n‘a rien à prouver à personne. Le champion a la responsabilité de garder sa ceinture. Moi je suis là pour prendre ce qu‘il a.»

Les camps de Klitschko et Stiverne (représentés par Don King et Eye of the Tiger Management) ont jusqu‘au 20 juin pour s‘entendre. Camille Estephan croit qu‘il devra allonger plus de 10 millions de dollars s‘il souhaite remporter le purse bid. «On s‘assure d‘aller chercher le plus d‘investisseurs pour financer ce combat qui va coûter très cher. Mais les revenus sont là aussi. Nous avons eu un support magistral du Centre Bell, de la place Banque Scotia à Ottawa, du Madison Square Garden, ou à Dubaï. Les négociations devraient s‘intensifier dans les jours avant le 20 juin. L‘équipe Klitschko veut présenter le combat en Allemagne.»

«J‘aimerais avoir mon combat de championnat au Québec», souligne Stiverne. Mais si ça ne se fait pas contre Vitali, on ira en Allemagne ou ailleurs et j‘amènerai le titre au Québec.»

«Bermane sera le 1er Québécois à se battre pour le titre mondial des poids lourds», précise Camille Estephan. «Nous n‘irons pas affronter Klitschko en touristes. Nous y allons pour gagner.»

_Avec la collaboration de Maxime Morin_