Il ne possède pas la force de frappe d’un Gennady Golovkin ou bien d’un Sergey Kovalev. Il n’a pas non plus le charisme d’un Saul « Canelo » Alvarez, mais sa science de boxe se compare avantageusement avec celle de Vasyl Lomachenko, Andre Ward et Guillermo Rigondeau.

Pourtant, « Bud » Crawford, comme l’appellent les intimes ne fait toujours pas partie des plans de la télévision payante.

Boxant pour la 2e fois de sa carrière au Madison Square Garden, Crawford n’a fait qu’une bouchée du médaillé d’or des Jeux olympiques de 2008, Felix Diaz.

Contre un boxeur n’ayant subi qu’une seule défaite très controversée, Crawford s’est moqué de lui pendant pratiquement les 10 assauts qu’a duré le combat.

Pourquoi l’avoir amené au Madison Square Garden? Tout simplement pour mousser sa publicité auprès des amateurs de boxe de l’Est du pays. Déjà, Crawford est très populaire dans sa ville natale d’Omaha, au Nebraska.

Maintenant, il faut le faire mieux connaître sur la scène internationale.

Tous les rounds

Personnellement, j’avais Crawford gagnant de tous les rounds jusqu’au moment où l’entraîneur de Diaz, Joel Diaz, a décidé de retirer son protégé après le 10e assaut.

Ce triomphe est-il suffisant pour permettre à Crawford de passer à la télé payante? Après tout, le rival qu’il vient de vaincre était négligé des parieurs par 25-contre-1. Il faut aussi se souvenir qu’à la 8e reprise, on a entendu des huées dans la foule, ce qui n’est pas bon signe.

Crawford a un peu le style de Floyd Mayweather fils par moment. Devant les attaques répétées d’un rival, il se place en position défensive, se ferme comme une huître et puis se lance en contre-attaque, où il excelle.

S’il n’en tenait qu’à lui, le double champion WBC et WBO des super-légers s’attaquerait à Manny Pacquiao dès cet automne. Mais le « Pacman » est sur le point de mettre un point final à sa carrière. Or, pourquoi risquerait-il de se retirer de la compétition à la suite d’un revers possible, tout comme c’est arrivé à Bernard Hopkins face à Joe Smith fils?

À l’exception de Julius Indongo, le champion WBA et IBF des 140 livres, qui était présent au MSG, Crawford a fait le ménage chez les super-légers et il est temps qu’il passe chez les mi-moyens, où Manny Pacquiao, Keith Thurman, Errol Spence fils, Kell Brook et Shawn Porter mènent le bal.

C’est dans cette catégorie de poids que se retrouvent la notoriété et l’argent.

Soyons logiques : Pacquiao ne devrait pas accepter une offre du promoteur Bob Arum pour affronter Crawford. Keith Thurman vient d’être opéré à un coude et on doute qu’il puisse retourner sur le ring cette année. Il reste donc le gagnant du duel de la semaine prochaine entre Spence et Brook ou bien rester chez les 140 livres et tenter de ravir la ceinture IBF à Julius Indongo.

Boxeur ambidextre

J’aime bien Crawford. Il n’est pas le plus puissant des cogneurs, mais il frappe tellement souvent avec ses jabs, ses crochets et ses uppercuts qu’il épuise ses rivaux et les fait abdiquer, tout comme il vient de le faire avec Diaz. De plus, il est ambidextre. Un soir, il peut boxer droitier et un autre, sortir gaucher, tout comme ce fut le cas contre Diaz.

Après la victoire de son protégé, Arum a déclaré que Crawford devrait se battre plus souvent. « Prenez le cas d’Oscar De La Hoya, de lancer Arum. Regardez sa fiche. Par moment, il se battait cinq fois par année. C’est de cette façon qu’un boxeur devient populaire. »

Au cours des deux dernières années, Crawford n’a livré que 2 combats par an. Sa dernière présence sur le ring remontait au mois de décembre dernier, alors qu’il avait vaincu John Molina par knock-out technique au 8e.

Une commotion

En demi-finale de la soirée, le vétéran de 33 ans Raymundo Beltran a assommé son rival Johathan Maicelo au 2e engagement. Le Péruvien, totalement déclassé, a été assommé par un violent coup de la gauche à la tête et a dû être transporté d’urgence sur civière à l’hôpital Bellevue de New York. Heureusement, il n’a pas été blessé sérieusement, mais on l’a gardé à l’urgence de l’hôpital des suites d’une commotion cérébrale.

Enfin, la vedette en puissance Shakur Stevenson a continué son ascension vers les sommets avec un triomphe relativement facile (TKO/1), remportant ainsi sa deuxième victoire en autant de sorties.

Retenez bien ce nom : Shakur Stevenson (aucun lien de parenté avec Adonis Stevenson). Médaillé d’argent lors des Jeux olympiques de Rio, au l’Américain avait dû abdiquer en finale contre le Cubain Robeisy Ramirez.

Stevenson, un protégé de Top Rank, est pressenti pour devenir une grande vedette chez les poids plumes. Lorsqu’on demande à Arum de le comparer aux ex-Olympiens qui ont si bien réussi, il répond : « il me fait penser à Sugar Ray Leonard à ses débuts. »

Un autre vol manifeste

À Tokyo, encore une fois, les juges se sont placés dans l’eau chaude en accordant le titre vacant de la WBA à Hassan N’Dam, un boxeur contre qui David Lemieux s’était adjugé le titre vacant IBF des poids moyens.
Essayez de comprendre… David Lemieux est toujours aspirant à une couronne mondiale et N’Dam est champion. Mais peut-être pas pour longtemps.

Le président de la WBA Gilberto Jesus Mendoza était tellement dégoûté par la performance des juges qu’il a ordonné la tenue d’un combat revanche entre N’Dam et le Japonais Ryota Murata.

Alors que le juge Raoul Caiz remettait une carte de pointage de 110-117 en faveur de Murata, les deux autres, Gustavo Padilla et Hubert Earl y allaient de scores de 116-111 et 115-112 pour N’Dam.

Qu’arrivera-t-il aux deux juges qui ont erré? Absolument rien comme c’est souvent l’habitude dans le monde de la boxe, surtout à Las Vegas, au Nevada.

Bonne boxe!