Terence Crawford est quatrième violon, et pourtant...
Boxe vendredi, 19 nov. 2021. 07:30 jeudi, 12 déc. 2024. 09:38COLLABORATION SPÉCIALE
Si je me fie au billet de Chris Williams, dans le site Boxing News 24, Terence Crawford aimerait affronter Canelo Alvarez après avoir disposé de Shawn Porter.
Lui aussi voudrait toucher une bourse de dix millions de dollars et ainsi s’assurer d’une retraite dorée quand viendra le temps. En somme, devenir aussi riche que les dernières victimes de Canelo, telles que Caleb Plant, Billy Joe Saunders, Rocky Fielding et Callum Smith.
Mais pour cela, il lui faudra mettre au moins une vingtaine de livres sur sa charpente de 147 livres.
Bonne chance.
Avant de rêver à affronter Alvarez, Crawford devra émerveiller contre Porter. En somme, lui passer le K.-O. le plus rapidement et le plus spectaculairement possible, ce qui est loin d’être fait.
Crawford ( 37-0-0—28/K.-O.) n’a pas le charisme d’un Canelo Alvarez ou d’un Tyson Fury. Et sa fortune ne se compare pas à celle du roux mexicain. Même s’il n’a jamais été vaincu dans les rangs professionnels, la revue Ring Magazine le place au quatrième rang des meilleurs boxeurs livre pour livre. Il est devancé par Canelo, Oleksandr Usyk, le triple champion des poids lourds et en troisième place par Naoya Inoue, le monarque des coqs à la WBA et à l’IBF.
Alors que Canelo jouit d’une fortune estimée à environ 200 millions $, celle de Crawford vaut à peine 8 millions $. C’est 22 millions $ de moins que la fortune de Fury.
Pourtant, jamais il ne s’est plaint avant aujourd’hui.
Alors que Canelo exige une mise de fonds de 40 millions $ à chacun de ses combats, Crawford n’a jamais touché plus de 4 millions encaissés après sa victoire par TK.-O./4 , sur Kell Brook, à Las Vegas, il y a un an.
Crawford a 34 ans, il est natif d’Omaha, au Nebraska où il y vit toujours en compagnie de son épouse et de ses cinq enfants.
Il en est à sa dernière sortie pour le compte de Top Rank, à moins de signer un nouveau contrat. Cela fait maintenant treize ans qu’il est géré par ce bon vieux Bob Arum.
Plusieurs prétendent qu’il pourrait se retrouver avec Al Haymond, chez PBC, où son prochain rival Shawn Porter (31-3-1—17/K.-O.) est déjà sous contrat.
Crawford est un boxeur ambidextre. Il n’est pas reconnu pour avoir une force de frappe extrême et pourtant, il a battu ses huit derniers rivaux par K.-O.. Le dernier boxeur à rester debout devant lui pendant les douze rounds règlementaires est Viktor Postol qu’il avait vaincu par décision unanime en mars 2016.
À venir jusqu’ici, Crawford a été parfait dans son travail chez les mi-moyens. Il a compilé pas moins de cinq K.-O. depuis qu’il a décidé de boxer chez les 147 livres. Ceux-là s’ajoutent aux trois précédents chez les super-légers. Mais on lui reproche de ne pas avoir affronté Manny Pacquiao, à son meilleur, ou encore Errol Spence au cours de sa carrière.
La plus forte compétition
Shawn Porter demeure le meilleur rival qu’ait affronté Crawford jusqu’ici au cours de sa carrière. Il a porté les couronnes IBF et WBC des mi-moyens à deux occasions, cédant la dernière à Spence en septembre 2019.
Porter n’a jamais perdu par K.-O. depuis qu’il a commencé à boxer professionnellement en 2008.
Une seule de ses trois défaites a été enregistrée par décision unanime. C’était en juin 2016 contre Keith Thurman alors que les trois juges avaient opté pour Thurman par 115/113. Les deux autres revers l’ont été par décision partagée contre Errol Spence et par décision majoritaire contre Kell Brook.
Il est le deuxième aspirant à la couronne WBO de Crawford derrière Vergil Ortiz et la même place à l’IBF où Errol Spence trône en roi.
S’il y a un boxeur chez les mi-moyens qui peut mettre un terme à la série de huit K.-O. de Crawford, c’est bien Porter, reconnu pour présenter un solide menton.
Crawford est favori pour vaincre Porter mais peu d’experts croient qu’il sortira vainqueur par K.-O.
Prédiction : Crawford par décision
Vous pourrez voir ce gala samedi soir sur les ondes de RDS à compter de 19 h en provenance du Mandalay Bay Resort, à Las Vegas
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire
Il n’y a pas si longtemps, Canelo Alvarez a vraiment impressionné le monde de la boxe avec une superbe performance contre un rival de classe, Caleb Plant.
Mais aujourd’hui, à peu près tous ceux qui l’ont félicité trouvent qu’il ne pense qu’à son palmarès et à son histoire sans égard pour leur préférence.
Pas plus tard que la semaine dernière, voyant que Canelo voulait tenter sa chance chez les lourds légers, le champion de l’IBF, Mairis Briedis lui a lancé un défi.
Canelo n’est pas fou. Il sait fort bien que Mairis est le meilleur des champions chez les lourds légers.
Il a fait la sourde oreille à Briedis pour faire un clin d’œil à Ilunga Makabu, (28-22-0—25/K.-O.) un illustre inconnu chez nous, qui règne sur la WBC.
Une cinquième catégorie de poids
J’ai toujours montré une certaine admiration pour l’apport de Canelo Alvarez dans le monde de la boxe, mais il y a une limite à tout. Et cette intention d’affronter Makabu me semble de trop, une façon d’ajouter un autre titre facile à son palmarès.
Au lieu de défendre ses quatre couronnes chez les super-moyens, où il est le roi. Canelo veut tenter sa chance chez les 200 livres afin d’ajouter un titre dans une cinquième division de poids.
Au diable Artur Beterbiev, au diable David Benavidez, au diable Gennady Golovkin. Non, c’est Makabu et personne d’autre.
Chez nous au Québec, il y a l’arbitre Michael Griffin qui connait un peu Makabu. Ayant été l’arbitre de son match de championnat WBC en janvier 2020, dans un combat qu’il a remporté par décision contre Michal Cieslak, à Kinshasa, au Congo.
« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. »’ Pierre Corneille l’a si bien dit.
Car Makabu n’a jamais battu personne de marque dans sa vie. Un coup d’œil sur sa fiche et vous allez trouver que la plupart de ses victimes étaient des deux de pique.
Son grand fait d’armes c’est d’avoir voyagé un peu partout sur la planète. Il a boxé au Congo, en Russie, en Allemagne, en France, au Zimbabwe, à Monaco, en Afrique du sud, en Grande Bretagne et au Luxembourg, mais jamais en terre d’Amérique.
Sur Youtube
Si vous voulez avoir une meilleure idée de son talent de boxeur, je vous conseille de visionner son match de championnat qu’il a livré à Tony Bellew, à Liverpool, en mai 2016.
Dans le premier round, il surprend Bellew avec un direct de la gauche et envoie le Britannique au tapis à la toute fin du round.
En deuxième, Bellew l’éclipse totalement et en troisième, c’est l’arbitre qui met fin au carnage alors que Makabu, acculé aux câbles, n’est plus en mesure de se défendre.
C’est lui, la prochaine cible de Canelo
Le pire dans tout cela, c’est que les différentes Associations de boxe sont totalement en faveur de cette rencontre, surtout le président du WBC, Mauricio Sulaiman, qui a failli s’étouffer avec son verre de vin à l’annonce du clan Canelo.
En deux temps trois mouvements, Sulaiman trouvait l’idée géniale. Un match de championnat dans une cinquième division.
Bravo, la caisse enregistreuse va se remplir.
Cela se comprend. Après tout, Canelo fait vivre honorablement beaucoup de gens dans le monde du pugilat. En bon français, il peut faire à sa guise.
Ce que veulent les amateurs
Les amateurs de boxe ne veulent pas voir Canelo contre des pieds de céleri. Il en a assez tabassé au cours de sa carrière. Ce qu’ils veulent c’est de le voir s’attaquer à Gennady Golovkin, une troisième fois, avant que ce dernier ait droit à sa pension de vieillesse.
David Benavidez pourrait lui donner une bonne bataille à 168 livres, tout comme Jermall Charlo, le roi du WBC chez les poids moyens, qui est prêt à passer chez les super moyens pour l’affronter. Et que dire de Demetrius Andrade, le monarque de la WBO. Lui aussi est dans les cartes.
Un autre Mexicain, de Mazatlan, voudrait bien se mesurer à lui, mais Canelo le fuit comme la peste. C’est Gilberto Ramirez (42-0-0—28/K.-O.), un super-moyen de 30 ans qui a livré ses trois derniers combats chez les 175 livres.
À sa dernière sortie, en septembre dernier, Martinez n’a fait qu’une bouchée de Sullivan Barrera qu’il a vaincu par K.-O./4.
Martinez est prêt pour affronter Canelo, mais il faut être deux pour danser et Canelo est réticent à se mesurer à lui et pour cause. Il sait fort bien que la victoire n’est pas acquise d’avance.
Les souffre-douleurs
S’il veut se la couler vraiment douce, et protéger sa postérité, Canelo peut toujours piger dans la liste des aspirants à sa couronne des super-moyens. Le problème, c’est qu’à peu près tout un chacun ont subi la défaite contre les meilleurs et leur pouvoir d’attraction à la Télé est bien ordinaire pour ne pas dire nul.
Parmi ceux dont les noms ont été mentionnés, il y a
2) David Lemieux : Vaincu UD/12 par Billy Joe Saunders
Vaincu UD/12 par Gennady Golovkin
(3) Daniel Jacobs : Vaincu UD/12 par Canelo Alvarez
Vaincu UD/12 par Gennady Golovkin
(4) Billy Joe Saunders : Vaincu RTD/8 par Canelo Alvarez
(5) Anthony Dirrell : Vaincu K.-O./9 par David Benavidez
Vaincu MD/12 par Badou Jack
(6) Jesse Hart: Vaincu SD/12 par Joe Smith
Vaincu MD/12 par Gilberto Ramirez
Encore aujourd’hui, on conteste sa victoire sur le vieux Sergey Kovalev, pour devenir ainsi champion des mi-lourds et sa victoire sur GGG lors de leur première rencontre a laissé un goût amer dans la bouche de plusieurs.
Au lieu de vouloir affronter le maillon faible des lourds légers, en Makabu, pourquoi Canelo ne défie-t-il pas Artur Beterbiev, ou bien encore Dimitri Bivol ou bien n’accepte-t-il pas le défi de Mairis Breidis? Et s’il veut vraiment briller chez les super moyens, qu’il se mesure à David Benavidez.
Bonne boxe!