MONTRÉAL - David Lemieux est-il réellement prêt à affronter un adversaire de la trempe de Gennady Golovkin? Depuis que le combat d’unification entre les deux champions chez les poids moyens a été annoncé, il ne se passe pas une journée sans que la question ne soit posée.

Dans une entrevue accordée à une station de radio montréalaise plus tôt cette semaine, le promoteur Yvon Michel a déclaré qu’il n’aurait pas recommandé à son ancien protégé de se mesurer au détenteur des ceintures WBA, IBO et intérimaire WBC à ce stade-ci de sa carrière.

Visiblement piqué au vif quand ces propos lui ont été rapportés, le vice-président de Golden Boy Promotions Eric Gomez a répondu que Michel était drôlement mal placé pour parler, puisqu’il avait conclu une entente avec le promoteur de Golovkin pour un combat au début de 2014.

« Quand j’ai été approché par le promoteur de Golovkin, Tom Loeffler, il m’a dit qu’il avait déjà eu une entente avec Yvon pour un combat, a avoué Gomez pendant une rencontre avec les journalistes mercredi après-midi. Yvon donne l’impression du gars qui va dire : "je vous l’avais dit" si David ne l’emporte pas contre Golovkin. Mais bon, il peut toujours dire ce qu’il veut. »

« Il s’agit des deux meilleurs poids moyens au monde. Le combat sera présenté à guichets fermés et les ventes à la télévision à la carte seront extrêmement bonnes, avait précédemment lancé le président de Golden Boy Promotions Oscar De La Hoya. Il n’y a pas de meilleur moment pour faire le combat et battre Golovkin parce que tout le monde pense qu’il est invincible. »

Joint par le RDS.ca plus tard en soirée, Michel a répliqué que les choses ne s’étaient pas exactement passées comme les dirigeants de Golden Boy Promotions essaient de le faire croire.

« C’est tout à fait faux et grossier, a expliqué Michel en entrevue téléphonique. Il n’y a jamais eu de négociations et encore moins d’entente pour un combat entre Lemieux et Golovkin. Cela n’a jamais dépassé le stade de discussions entre amis autour d’un repas et d’un verre de vin.

« Je dis que je ne recommandais pas à David d’affronter Golovkin, comme j’avais recommandé à Éric Lucas de ne pas affronter Roy Jones fils et comme j’avais fortement recommandé à Adonis Stevenson d’affronter Sergey Kovalev. Je crois que je possède une bonne perspective. Je donne mon opinion et je travaille toujours pour mes boxeurs. Ce sont toujours eux qui décident. »

En trame de fond, il faut savoir qu’une rivalité oppose Michel à Golden Boy Promotions, avec qui Lemieux a signé un lucratif contrat en début d’année après avoir passé toute sa carrière avec le promoteur québécois. Michel est également associé à l’influent conseiller américain Al Haymon, qui tente de changer le modèle d’affaire de l’industrie au grand dam des entreprises établies.

« Nous devrions être tous heureux que deux des meilleurs boxeurs de leur division s’affrontent, a déclaré l’ancien champion unifié des moyens Bernard Hopkins. Nous ne pouvons pas promettre les meilleurs combats et ensuite reculer. C’est vraiment une question de crédibilité. »

« Nous aurions pu offrir trois combats faciles à David, mais ce n’est pas du tout ce qu’il voulait, a ajouté Gomez. De toute façon, il se serait continuellement fait demander quand il se mesurerait à Golovkin. Nous travaillons pour les boxeurs et les aidons à prendre les meilleures décisions. »

Peu importe, De La Hoya, Gomez et Hopkins sont convaincus que Lemieux possède tout ce qu’il faut pour devenir le nouveau monarque de la division des moyens et qu’il ne regrettera pas de sitôt d’avoir osé croiser le fer avec celui qui est présentement au sommet de la pyramide.

« Le niveau de confiance de Golovkin est très élevé, mais il subira un dur retour à la réalité le 17 octobre, a prédit De La Hoya. Golovkin peut se permettre de regarder en avant, car personne ne l’a encore battu, sauf que trop regarder vers l’avant peut parfois devenir source de distraction. »

« D’avoir deux légendes comme Oscar et Bernard qui m’appuient, cela ajoute beaucoup d’essence sur le feu, a illustré Lemieux. Ils m’ont un peu déjà montré la route, mais c’est à mon tour de continuer. Il n’y aura rien de facile, sauf que j’ai confiance en mes habiletés. »