En ce temps de pandémie, on ne cesse de nous répéter qu’il faut être prudent, car on ne sait toujours pas ce que l’avenir nous réserve, surtout dans le monde de la santé et des affaires. On peut facilement passer du vert au jaune et à l’orange dans le temps de le dire. Ce qui m’amène à vous parler de DAZN.

DAZN est une compagnie qui voyait grand, même très grand le monde du sport. À sa création, en 2018, cette compagnie valait 3,3 milliards $ US. Un an plus tard, l’évaluateur Bloomberg révélait que la compagnie montrait une perte de 629 millions $, malgré ses 8 millions d’abonnés dans le monde plus un autre million aux États-Unis. Mais ça, c’était avant l’arrivée de la pandémie de COVID-19.

Heureusement, ce n’est pas une perte de 629 millions $ qui énerve le principal bailleur de fonds, Len Blavatnik.

Ce nom, Len Blavatnik, vous dit quelque chose? Non!

N’ayez crainte, je n’ai pas l’intention de faire une demande de la PCU en son nom.

Monsieur Blavatnik, est le grand argentier derrière DAZN dans lequel il a investi des millions de dollars. Une sorte de Hans Mulhegg, qui a créé InterBox, mais cent fois plus riche.

Le problème, c’est que depuis la création de DAZN en 2018, des contrats mirobolants, pour ne pas dire incroyables ont été alloués aux plus grandes vedettes de la boxe, notamment au roux mexicain Saul « Canelo » Alvarez, qu’on a mis sous contrat pour la modique somme de 365 millions $ pour livrer 11 combats.

Je suis certains qu’à ce moment, les bonzes de DAZN se tapaient dans le dos et se donnaient des « hi-five » pour leur bon coup. D’ici peu, ils connaîtraient le succès anticipé avec un troisième combat entre « Canelo » et Gennady Golovkin. Les nouveaux abonnés de DAZN cogneraient aux portes pour voir ce match.

Bull...!

Malheureusement, « Canelo » s’est contenté de livrer trois combats en deux ans contre des boxeurs bien ordinaires.

Pas de trilogie, et en plus, la pandémie qui a chambardé le modus operandi de la boxe, partout sur le globe.

Depuis, cette populaire vache à lait qu’est DAZN n’a jamais produit les bénéfices anticipés. Puis, est arrivée la maudite pandémie de COVID-19. Donc, aucun match aux États-Unis entre la fin mars et la mi-août et des galas sans personne dans les estrades.

Parlons de monsieur Blavatnik

Mais parlons un peu de monsieur Blavatnik. Il est né à Odessa, en Ukraine, le 14 juin 1957, de parents de confession juive et il possède la double citoyenneté russe et américaine.

C’est un ami personnel du président Poutine, qui a fait ses premiers milliards dans les puits de pétrole en Russie, au moment où l’ancien système communiste baissait les bras.

En 1978, il est devenu citoyen américain et depuis, il y brasse de grosses affaires, surtout dans le monde de la boxe, de la musique et de l’hôtellerie. Depuis peu, monsieur Blavatnik est devenu propriétaire du Ocean Club de Paradise Island, dans les Bahamas. Un Four Seasons haut de gamme.

Len Blavatnik est marié à Emily et ils ont eu quatre enfants. Il n’est pas un deux de pique. C’est un homme averti. D’ailleurs, dès son arrivée aux États-Unis, il a réussi à obtenir une maitrise en science informatique de l’Université Columbia. Puis, il est allé chercher un MBA à Harvard.

Une fortune en milliards

Pour vous donner une idée de sa fortune, après avoir vendu ses parts dans le pétrole, en Russie, pour la somme de 7 milliards $, il s’est porté acquéreur de Warner Music, aux États-Unis, pour la modique somme de 3,3 milliards $.

Selon la revue Forbes, il est le 4e homme le plus riche du Royaume-Uni et le 45e personnage le plus fortuné des États-Unis. Sa fortune est évaluée à 30 milliards de dollars américains et peut-être plus.

La raison pourquoi je vous parle de Len Blavatnik, c’est que j’ai lu que DAZN cherchait un investissement de 500 millions $ de la part de quelques généreux investisseurs dans l’entreprise privée.

Attention on passe au jaune...

Il n’y a pas de fumée sans feu. À cause de la pandémie et le litige avec « Canelo », DAZN commence à montrer des signes d’énervement. Rien pour faire une dépression nerveuse, mais il faut être prudent.

Les milliardaires n’aiment pas perdre de l’argent. Pour certains, une concession de sports ou la boxe peuvent paraitre comme un hobby. Mais ces investisseurs sont de fins renards financiers.

Pour vous donner une idée de ces multimilliardaires, dites-vous que 15 des propriétaires d’équipes de la NFL font partie des 400 plus riches Américains.

C’est David Tepper, le propriétaire des Panthers de la Caroline qui vient en tête de liste avec une fortune estimés à 13 milliards $. Robert Kraft, le Grand Manitou des Patriots de la Nouvelle-Angleterre a acheté l’équipe en 1994 pour la modique somme de 171 millions $. Aujourd’hui, les Patriots valent plus de 4 milliards.

Même chose pour Jerry Jones, le propriétaire des Cowboys de Dallas. Il a payé 150 millions $ en 1989 pour acquérir les Cowboys., En 2020, la valeur de l’équipe est de 5,5 milliards $.

Pauvres à comparer avec Blavatnik

Mais le plus drôle dans tout cela, c’est que Blavatnik a tellement d’argent qu’il peut acheter ensemble David Tepper, Jerry Jones et Robert Kraft sans même demander une marge de crédit à son gérant de banque.

Comme vous le voyez, ce qui est un hobby pour certains devient un investissement majeur pour d’autres

Politiquement parlant, c’est difficile de trouver de quelle couleur politique monsieur Blavatnik fait partie. C’est un fin « politicailleur ». Il a déjà versé des millions pour faire battre Donald Trump. Il a fourni à la caisse d’Hilary Clinton. Il a donné un million de dollars pour la campagne de Joe Biden, mais attention... il a aussi versé un autre million de dollars pour aider Trump à obtenir un deuxième mandat à la Maison-Blanche.

C’est comme ça quand on est riche à milliards. On a le droit de jouer sur la clôture. On se croirait durant les bonnes années de Maurice Duplessis, au Québec, ou encore du temps des enveloppes brunes si généreusement distribuées dans plusieurs municipalités de chez nous il n’y a pas si longtemps.

Pas en péril

Avant d’aller plus loin, dites-vous bien que DAZN n’est pas en mauvaises affaires. C’est juste que l’investisseur principal commence à en avoir soupé de voir son argent être distribué sans retour d’intérêt.

Heureusement, DAZN a déjà annoncé la tenue de six galas d’ici la fin de l’année, surtout en Grande-Bretagne et supposément qu’on négocie toujours pour que « Canelo » affronte Avni Yildirin avant la fin de l’année et si on se fie aux déclarations du promoteur Eddie Hearn, GGG se battra le 21 novembre prochain. Contre qui... sais pas.

Mais il n’y a jamais de fumée sans feu.

Souvenez-vous, il n’y a pas si longtemps, HBO menaçait de se retirer de la boxe. Plusieurs abonnés ne le croyaient pas, et pourtant, c’est arrivé. Heureusement, ESPN, FOX et Showtime ont pris la relève. Mais jamais au grand jamais, ils verseront des sommes astronomiques aux boxeurs comme l’a fait DAZN. 365 millions $ à Alvarez pour 11 combats. Plus de 100 millions $ à Gennady Golovkin pour 6 matchs et cette trilogie avec « Canelo ». Douze millions $ à Sergey Kovalev pour se faire assommer par Alvarez et d’autres dizaines de millions pour que leur favori se frotte à Rocky Fielding et Daniel Jacobs.

Pas pire pour un boxeur... « Canelo » a empoché plus de 110 millions $ sans pratiquement ne rien risquer contre Fieldidng, Jacobs et Kovalev.

Tout cela c’est bien beau. C’est comme dans le temps où on payait 2000 $ pour une voiture tout équipée ou une maison unifamiliale pour moins de 10 000 $. Aujourd’hui, la voiture coute 40 000 $ et la maison 450 000 $.

Vous souvenez-vous de Hans Mulhegg?

En voyant tout cela, je ne peux faire autrement que de revenir en arrière avec InterBox. Vous vous souvenez au début des années 2000, grâce à un mécène du nom de Hans Karl Muhlegg qui amenait la boxe locale dans les grandes ligues.

Avec l’entrée en scène de ce millionnaire, on plaçait InterBox dans le même lot que Top Rank, Main Events, Don King Production et qui encore... C’est Guy Jutras qui avait parti le bal en parvenant à intéresser l’homme d’affaires à investir dans la boxe.

Après avoir perdu entre trois et cinq millions de dollars, Mulhegg s’est dit... assez, c’est assez... non pas parce qu’il manquant d’argent, mais tout simplement parce qu’il n’éprouvait plus de plaisir avec son hobby. Il a donc passé le flambeau à Yvon Michel et InterBox a poursuivi sa route jusqu’en 2007 jusqu’à ce qu’Éric Lucas veuille en devenir propriétaire.

Il y a eu l’entrée en scène de Jean Bédard de la Cage et finalement l’arrivée de GYM avec Yvon Michel et son groupe composé de Dino Marchitello, Bernard Barré et Alexandra Croft.

Aujourd’hui, Marchitello a quitté et c’est le trio de Michel, Barré et Croft qui mène le navire.

Au tour de Eye of the Tiger

Camille Estephan est devenu l’autre joueur et la boxe se porterait assez bien au Québec si ce n’était pas de cette maudite pandémie.

Pour les boxeurs, ce n’est pas une catastrophe, mais pas loin. Tu peux boxer aux États-Unis, mais pas au Québec.

Ou bien le boxeur accepte une bourse moindre qu’avant la pandémie et monte sur le ring ou bien il refuse de baisser son prix et ne boxe pas.

« Canelo » a décidé de ruer dans le brancard et d’exiger son dû selon ce qui est garanti par contrat, soit 35 millions $ pour chacune de ses sorties sur le ring.

Ça va pour les plus riches, ceux comme entre autres : « Canelo », GGG, Manny Pacquiao, Vasiliy Lomachenko, dont l’avenir est assuré, mais combien d’autres veulent et doivent boxer pour faire vivre leurs familles.

II faudra que les boxeurs se mettent dans la tête que tant et aussi longtemps que la pandémie ne sera pas disparue, et qu’il n’y aura pas d’amateurs dans les estrades, ou bien ils accepteront une baisse de revenus ou bien ils demeureront inactifs.

Dix millions pour « le Problème »

Alors qu’un bozo comme Adrien « The Problem » Broner, qui n’a pas gagné un seul de ses trois derniers combats exige 10 millions $ pour monter sur le ring, on est en droit de se demander ce qui se passe. On regarde les cotes d’écoute à la télé et on se dit : les temps sont durs.

Pas plus tard que samedi dernier, le match entre Erickson Lubin et Terrell Gausha, présenté par Showtime, n’a attiré que 122 000 auditeurs. Et on constate à peu près les mêmes baisses, surtout aux États-Unis.

Je ne crois pas que DAZN soit en difficulté financière, mais quand le grand « boss » commence à montrer qu’il ne veut plus investir dans la compagnie, il faut passer du vert au jaune. Juste au cas où...

Bonne boxe!