Au début des années 80, on ne donnait pas cher pour l’avenir d’un certain Bernard Hopkins. En 1982, il avait été condamné à 18 ans de prison pour toutes sortes de délits graves. D’ailleurs, c’est en prison que B-Hop a appris à boxer. Il a si bien fait qu’après cinq ans d’incarcération, il a été libéré.

Hors des murs, il lui fallait bien travailler. Or, il se trouva un emploi comme cuisinier dans un petit restaurant de Philadelphie. Chaque jour après le travail, il se rendait au gymnase et finalement le 11 octobre 1988, il livra son premier combat pour lequel il empocha quelques dollars et plusieurs claques sur le menton. D’ailleurs, il devait s’avouer vaincu par décision en quatre rounds contre un certain Clinton Mitchell.

Oh, il était bon boxeur…! Mais ses seconds avaient décidé de le faire balouner de poid moyen à mi-lourd. Pour quelle raison? Eux seuls le savent.

Celui qui devait éventuellement se faire connaître avec son masque d’exécuteur des hautes œuvres décida d’abandonner la boxe tellement il était dégoûté de sa performance et des seconds qui l’avaient si mal traité.

Malgré tout, Hopkins continua à travailler et à s’entraîner. Et en février 1990, il remonta sur le ring et commença une brillante carrière qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui, 25 ans plus tard.

UN PEU D’HISTOIRE

Quand tout a commencé pour lui en 1988, c’est l’ex-acteur de cinéma Ronald Reagan qui était président des États-Unis. Au Canada, Brian Mulroney menait la barque à Ottawa tandis que Jeanne Sauvé trônait comme gouverneur général du pays et que Gilles Lamontagne portait le titre de lieutenant-gouverneur du Québec. À Montréal, la Commission Charbonneau n’existait pas encore et Jean Doré dirigeait les destinées de la ville de Paul Chomedey de Maisonneuve.

Assez pour l’histoire ancienne, revenons à nos moutons. Ou plutôt à notre fils du noble art.

De nos jours, chaque fois qu’il monte sur un ring, l’Extra-terrestre (comme il veut se faire appeler maintenant) établit une nouvelle marque pour l’histoire. Oh, il y a bien Evander Holyfield (51 ans), Roy Jones (44 ans), Oliver McCall (42 ans) et James Toney (45 ans), pour ne nommer que ceux-là, mais aucun de ces pugilistes n’est encore champion.

L’ADVERSAIRE KARO MURAT

Samedi soir au Boardwalk Hall d’Atlantic City, Bernard Hopkins livrera bataille à l’Allemand Karo Murat en défendant son titre IBF des mi-lourds. Ensuite, B-Hop a l’intention de se mesurer à notre Surhomme Adonis Stevenson le printemps prochain à Montréal ou ailleurs. C’est pour vous dire comment il ne se casse pas trop la tête avec Murat, un boxeur qui n’a perdu qu’un seul combat en carrière contre l’Anglais Nathan Cleverly qui l’avait emporté par TKO/10 en septembre 2010 en Angleterre. Mais il y a un mais… l’Allemand n’a pas combattu depuis 16 mois.

Murat est classé au deuxième rang des aspirants à la couronne IBF d’Hopkins.

Qui a-t-il battu jusqu’ici ? Personne ou à-peu-près… Il a vaincu des boxeurs aussi illustres que Sandrro Siproshvili, Otis Griffin, Christian Cruz et Tommy Karpency. Il a été passé KO par Nathan Cleverly et a fait match nul avec Gabriel Campillo.

PAS DANS LA MÊME CLASSE

Personnellement, seule la colère de Dieu ou une crise aiguë d’arthrite pourrait souiller la fiche de B-Hop. Murat ne semble pas avoir les atouts pour venir à bout de notre quadragénaire.

Après être monté sur le ring à 63 reprises, Hopkins n’a jamais subi la défaite par K.-O. Récemment, celui qui est venu le plus près de le terrasser pour de bon est nul autre que Jean Pascal.

On se souviendra que ce soir-là, au Colisée Pepsi de Québec, Pascal était parvenu à expédier Hopkins au tapis au cours du premier et du troisième engagement. Finalement, le combat s’était terminé par un verdict nul en décembre 2010.

Mais à 48 ans (il en aura 49 le 15 janvier prochain), tout peut arriver. Il faut se souvenir qu‘Hopkins est toujours en superbe forme physique. Il est un bourreau de travail à l’entraînement, il surveille sa diète et ne prend pas de boisson.

Dans le fond, Murat n’a rien à perdre et tout à gagner. Sa vitesse d’exécution est passable, son énergie-cardio est bonne et sa force de frappe lui a valu 15 K.-O. en 25 triomphes jusqu’ici. Mais il n’a tout simplement pas affronté des rivaux de la trempe de l’Extra-terrestre.

UNE CHANCE POUR ADONIS

Enfin, on peut anticiper une victoire d’Hopkins, disons par décision. Ainsi ce triomphe permettrait à Adonis Stevenson d’inscrire son nom à tout jamais dans les livres de records de la boxe si jamais il parvenait à vaincre le vieux Bernard.

Par contre, avant de crier victoire, il faut qu’Hopkins ait raison de Murat et qu’Adonis en fasse autant contre Tony Belew. Ensuite, on pourra espérer retrouver le nom de Superman au Temple de la renommée de la Boxe. Car celui qui battra Mathusalem deviendra un immortel de la boxe.

Et vous savez quoi? Je crois fermement que Stevenson sera celui qui souillera à tout jamais la fiche de B-Hop et l’enverra à la retraite. Naturellement, si jamais le combat entre les deux se concrétise.

On ne peut pas empêcher un homme de rêver…

Bonne boxe