La défaite injuste d‘Éric Lucas en Allemagne survenue il y a 10 ans exactement aujourd‘hui a marqué de nombreuses personnes. D‘ailleurs, c‘est un de mes jeunes collègues, Mathieu Bédard, un passionné de boxe, qui a porté cet « anniversaire » à mon attention.

Je ne sais pas si c‘est le cas pour Mathieu, mais pour plusieurs jeunes adultes, Éric Lucas est le premier boxeur qu‘ils auront connu. Ils ont assisté à la montée de ce bel athlète vaillant, et ils ont vu à la télé, en direct comme plus d‘un million de téléspectateurs québécois, la cruauté de ce sport.

Encore aujourd‘hui, le duel dont Éric Lucas a le plus entendu parlé est ce combat de défense obligatoire WBC en Allemagne contre Markus Beyer.

Lucas a revisionné ce combat à quelques occasions. Et la dernière fois, l‘an dernier, le verdict était le même qu‘à toutes les autres reprises : Beyer n‘a jamais gagné ce combat.

Marcus Beyer a remporté 3 rounds. Dans le meilleur des cas, on peut lui en donner 5. Les juges ont mal fait leur travail et leur décision a eu des conséquences sur la vie d‘un homme sans reproche. Il y a aussi l‘aspect « tricherie », dénoncé par InterBox dès l‘issue du combat, et qui consistait à une transmission d‘information des cartes de pointage des juges au clan Beyer pendant le combat. La preuve la plus flagrante de cette manipulation est l‘attitude de Beyer qui n‘effectue aucune attaque lors du 12e round.

Aujourd‘hui, Éric Lucas dit que ce combat lui a procuré une grande tristesse, et qu‘il est frustré de ne pas avoir obtenu le combat revanche que lui avait accordé le WBC. Par contre il dit avoir tourné la page sur cet épisode. Sagement, il raconte qu‘il a appris de cette expérience, qu‘il a appris du combat contre le cancer qu‘a mené sa fille, et qu‘il continue d‘apprendre tous les jours!

Son entraîneur de l‘époque, Stéphan Larouche a aussi appris. Par l‘une de ses figures de style colorées, il explique que « plutôt que d‘aller se battre en Allemagne, aussi bien immédiatement envoyer la ceinture par la poste! »

Yvon Michel qui était chez InterBox affime que depuis ce combat il s‘assure de toujours obtenir une clause de combat revanche obligatoire en cas de défaire de l‘un de ses protégés. D‘ailleurs, dans l‘entrevue qu‘il m‘a accordé, Yvon Michel m‘explique qu‘à l‘origine ce combat était doté d‘une clause de revanche en cas de défaite de Lucas. Mais le cabinet du ministre des sports de l‘époque Richard Legendre, a fait pression pour que Lucas défende son titre au Québec. Le propriétaire d‘InterBox Hans Mulheg a accepté l‘idée. Yvon Michel est retourné voir les Allemands qui se sont braqués, ce qui a mené à une rupture des négociations et un appel d‘offres remporté par le clan Beyer par 15 000$.

L'autre Éric...

10 ans plus tard, à Calgary, le poids lourds Éric Martel-Bahoeli a mis un terme à une série de 3 défaites. Mercredi soir, il a vengé par K.-O. son revers subi l‘an dernier face à Raymond Olubowale pour gagner le titre Canadien du Professional Boxing Council.



L‘athlète de Québec est soulagé. « Je voyais ma carrière tirer à sa fin, mais elle est maintenant relancée. Je travaille dans un Centre jeunesse et j‘apprends aux jeunes à ne jamais abandonner. Si j‘étais revenu de Calgary avec une autre défaite, j‘aurais envoyé un message contradictoire. »

... Et un François

Éric Martel est encore loin d‘un combat de championnat du monde, mais il partage un point en commu avec Éric Lucas. Ils ont tous les deux été préparés par François Duguay. L‘entraîneur était en Allemagne aux côtés de Lucas il y a 10 ans. « J‘étais impliqué émotivement avec Éric, avec toute la préparation parfaite que nous avons effectuée. »

J‘ignore comment s‘est déroulée la préparation de Martel, mais Duguay en était fort satisfait. « Contrairement à l‘an dernier, Éric était en forme. Il était au gym tous les jours, je n‘avais pas besoin de lui téléphoner pour lui demander de s‘entraîner. Hier à Calgary, il terminait les rounds et il n‘était pas fatigué, et il était à l‘écoute. »