Enfin, la boxe connaît un vrai champion. Pour la première fois depuis le 18 septembre 2004, un boxeur détient les quatre couronnes majeures, de sa catégorie de poids, la WBC, WBA, IBF et WBO. Le dernier avait été le légendaire Bernard Hopkins, qui s’était payé le luxe de vaincre le Golden Boy, Oscar DeLaHoya par K.-O./9.

Fait à signaler, Terence « Bud » Crawford a réussi à arracher les couronnes WBA et IBF de Julius Indongo exactement de la même façon que son prédécesseur, Hopkins. Avec un solide crochet au corps, mais cette fois au troisième engagement.

« N’essayez pas de me rejoindre au cours des prochains jours, je m’en vais à la pêche, n’a pas manqué de souligner Crawford après son électrisante victoire. Ensuite, je vais prendre un long repos en compagnie des membres de ma famille. Et ensuite… »

Bud n’a pas voulu élaborer sur son avenir. Restera-t-il chez les 140 livres, ou il trône maintenant en roi ou bien tentera-t-il sa chance chez les 147 livres?

« Je vais laisser à mes administrateurs le soin de s’occuper de cela, a-t-il poursuivi. Pour le moment, tout ce que je veux c’est d’aller taquiner le poisson. »

Horn ou Pacquaio?

Présentement, on parle que Crawford pourrait éventuellement affronter le gagnant du match revanche entre Manny Pacquiao et Jeff Horn. Toutefois, il est peu probable que le Pacman accepte de se mesurer au quadruple champion. Si jamais Pacquiao devait remporter la victoire contre Horn, il ne serait pas surprenant qu’il décide d’accrocher ses gants pour de bon. Malgré tout, le promoteur Bob Arum est confiant de voir Pacquiao poursuivre sa carrière. Il a donc a invité Crawford en Australie, l’automne prochain, ou il assistera au combat entre Pacquiao et Horn. Cela veut tout dire.

Quant à Indongo, il s’est aperçu qu’on ne badine pas aux États-Unis présentement. Il retournera dans son pays, la Namibie après un trajet de 22 heures en avion et il ressentira encore des douleurs au foie, là où le coup de massue de Crawford l’a atteint.

Si on accusait jadis Bud Crawford d’en faire juste assez pour remporter la victoire, on devra se raviser. Car contre Indongo, il a été tout simplement le boxeur par excellence. Il a commencé le combat lentement puis a augmenté le tempo au fur et à mesure qu’il parvenait à dompter son rival. Il l'a envoyé au tapis pour le compte de huit au deuxième engagement et il a fini le travail le round suivant avec un coup au visage et l’autre à la cage thoracique. C’était la première défaite d’Indongo chez les pros.

Au 4e rang

Installé au quatrième rang des meilleurs boxeurs, livre pour livre, par la Revue Ring derrière Andre Ward, Gennady Golovkin et Roman Gonzalez, il se pourrait qu’il monte d’un cran si jamais Gonzalez devait subit la défaite aux mains de Wisaksil Wangek le 9 septembre prochain. La même situation pourrait survenir la semaine suivante si Gennady Golvkin devait perdre contre Saul Alvarez.

« Le titre du meilleur boxeur livre pour livre m’intéresse au plus haut point, a-t-il lancé en riant au visage d’Andre Ward, qui agissait comme analyste de son combat. Andre est mon boxeur favori, mais je veux sa place comme le meilleur au monde. C’est très important pour moi.»

Crawford est non seulement un boxeur offensif, mais il excelle aussi en défensive. D’ailleurs, dans son match de samedi soir, il a laissé Indongo prendre l’attaque en main se contentant de contre-attaquer aux moments opportuns. Dans les quelque neuf minutes du combat, il est passé de gaucher à droitier à quelques occasions, ce qui a semblé embêter son rival.

La télé payante

On verra aussi si jamais on retrouvera Bud à la télévision payante. On a tenté l’expérience avec lui en juillet 2016 contre Viktor Postol, mais ce match n’avait pu faire mieux que 50 000 téléspectateurs payants. Samedi soir, Crawford a prouvé hors de tout doute qu’il était un boxeur électrisant, capable de remplir les arénas.

Ce match disputé à Lincoln, au Nebraska, a fait salle comble, tout comme c’est le cas dans son patelin d’Omaha, ou les gens se ruent pour le voir à l’œuvre.

La boxe a besoin de boxeurs tels Crawford, Vasyl Lomachenko, Saul Alvarez, Gennady Golovkin, Manny Pacquiao et David Lemieux… Oui, oui, David Lemieux. Lui, il a compris que la boxe, ce n’était pas seulement l’art de talocher les autres, mais aussi l’art d’être spectaculaire, en talochant les autres.

Attention à Gvodzyk!

Un autre qui a été impressionnant, c’est le mi-lourd Oleksandr Gvozdyk, le médaillé de bronze des Jeux de Londres, en 2012 pour le compte de l’Ukraine.

On pourrait dire qu’il a peut-être été un peu trop méthodique, peu spectaculaire au cours des quatre premiers engagements, mais quand il a ouvert la machine toute grande en sixième, il n’a fait qu’une bouchée de son rival, Craig Baker.

Gvodzyk est présentement installé au deuxième rang des aspirants à la couronne d’Adonis Stevenson, derrière Eleider Alvarez. D’ailleurs, il est inscrit dans les quatre associations, ce qui vous donne une idée de son talent. Qui sait… Peut-être un jour, le verra-t-on face à face avec Superman…

Bonne boxe.

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