En ce temps de pandémie de la COVID-19, des promoteurs tentent par tous les moyens de renflouer leur compte de banque, d’organiser des galas qui pourraient attirer des milliers de gens et du même coup leur soutirer de l’argent.  

 

Les temps sont durs et il n’y a pas de promoteur tel  P.T. Barnum pour revigorer le marché des spectacles exceptionnels. 

 

Il faut donc se rabattre sur ce que l’on a de meilleur, sur ce qui pourrait éventuellement allumer cette bougie dont la flamme s’est éteinte en mars dernier. Et quoi de mieux qu’un match entre un super boxeur et un ex-champion controversé de l’UFC. Or, on s’est rabattu sur un des meilleurs boxeurs que la terre ait connus. 

 

Il a été chanteur, acteur de cinéma, joueur de basketball, batailleur de rues. Il est politicien, investisseur et boxeur en même temps. Selon plusieurs, il est un des hommes les plus riches et les plus influents des Philippines. Si on se fie au site Celibrity Net Worth, il vaut pas moins de 200 millions $. Et c’est un des grands philanthropes des Philippines qui a fait bâtir pas moins de 1 000 résidences sociales pour ses compatriotes. 

 

Selon ses proches, il a le cœur sur la main. Il y a quelques mois à peine, il a aidé de nombreux pêcheurs en difficulté à payer pour leurs bateaux. 

 

Vous avez certainement reconnu Emanuel Dapidran Pacquiao, mieux connu sous le surnom de Manny et aussi connu comme le Pacman. 

 

Le bonhomme est né le 17 décembre 1978, ce qui lui donne 41 ans bien sonnés. Il en aura 42 dans deux mois et il veut continuer à boxer. 

 

Les rivaux de taille ne manquent pas. Keith Thurman, qu’il a vaincu par décision partagée à son dernier combat il y a un peu plus d’un an, veut une revanche. 

 

Un nouveau défi 

 

L’ex-champion des arts martiaux, Conor McGregor, une sorte de vache à lait pour la boxe, lui a lancé un défi qu’il espère relever. Mais auparavant, il y a aussi l’ex-monarque Mickey Garcia qui prétend qu’il est un rival de beaucoup supérieur à McGregor. 

 

Pacquiao a donc le choix. 

 

Sa fiche comme pugiliste est impressionnante : 62 victoires contre 7 revers, deux verdicts nuls et un total de 486 rounds de boxe livrés aux Philippines, au Japon, en Thaïlande, en Chine, en Australie et aux États-Unis. 

 

S’il y a un homme sur cette basse terre, une émule de Bruce Lee qui a réussi le rêve américain, c’est bien Manny Pacquiao. 

 

Il est né dans une hutte, à Kibawe, Bukidnon, aux Philippines. Une ville relativement pauvre où habitaient 39 612 personnes en 2015, la plupart des agriculteurs. 

 

Un village pauvre 

 

Manny a déclaré dans une autobiographie, écrite en 2010, qu’il n’y avait ni hôpital, ni docteur, ni pharmacie dans ce village. « Nous étions pauvres, très pauvres.  Mon père était un aide fermier qui souvent quittait la maison pour aller récolter des noix de coco. Quant à ma mère, elle allait vendre des arachides et faisait toutes sortes de besognes pour que nous puissions vivre mes frères, mes sœurs et moi », se souvient-il. 

 

C’est dans cette ville que le Pacman est né, mais à 14 ans, il a déménagé à Manille. Une ville beaucoup plus grande. Dès son arrivée, Manny s’est retrouvé dans la rue à se débrouiller du mieux qu’il le pouvait. 

 

Heureusement, la ville de Manille est grande, très grande. La région autour de la ville compte environ  20 millions d’habitants. C’est une ville où il faut se débrouiller du mieux qu’on le peut. Surtout si on n’a pas d’argent. Bon bagarreur de rue, en dépit de sa petite taille, il empochait quelques dollars ici et là chaque fois qu’il laissait aller ses poings. Manny s’est finalement retrouvé dans un gymnase de boxe. Il a connu une carrière amateur de 60 victoires contre 4 revers et à cause de son brio comme pugiliste, c’est le gouvernement qui a payé pour qu’il puisse manger et dormir convenablement dès qu’il a réussi à faire sa place sur l’équipe nationale. 

 

Difficile d’être plus pauvre que ne l’était Pacquiao. Il ne se gêne pas pour dévoiler que son père était alcoolique. Souvent, il disparaissait de la maison et revenait en état d’ébriété avancé. 

 

Lui et Manny n’étaient pas sur la même longueur d’onde la plupart du temps. C’était querelle par-dessus querelle et les confrontations pouvaient devenir violentes. 
 

Un soir, sur la rue, Manny s’est lié d’amitié avec un chien errant. Cet animal était devenu son meilleur ami. Il le nourrissait, le flattait, dormait à ses côtés. 

 

Un soir où son père est revenu à la maison complètement saoul, il s’est engueulé avec Manny.  Et pour lui montrer qu’il était le paternel et le maitre de la maison, il a saisi son chien, l’a tué, l’a fait bouillir et pour comble de malheur, il a mangé ce chien qu’il adorait tant. 

 

Il a toujours tenu rancune à son père pour ce geste.  D’ailleurs, ce n’est qu’en 2009 qu’il a recommencé à lui parler et à le fréquenter à nouveau. 

 

Les retrouvailles 

 

Son paternel était venu le voir à l’œuvre contre Miguel Cotto. Maintenant «born-again Christian », Manny lui a finalement pardonné son geste 

 

Le 22 janvier 1995, alors qu’il n’avait que 16 ans et ne pesait que 106 livres, Manny a livré son premier combat payant. À peine cinq dollars pour sa soirée de travail. 
 

Ce fut un départ fulgurant. Malheureusement après avoir gagné ses 11 premiers combats, il a perdu par K.-O. contre un certain Torrecampo. 

 

Il a connu six autres défaites par la suite, mais ceci ne l’a pas empêché d’amasser gloire et fortune au cours de ses 24 années de boxe professionnelle, surtout à cause de son style explosif.     

 

Il a passé pas moins de huit ceintures de champion autour de sa taille au cours de ces années. Il a vaincu des supers boxeurs tels Timothy Bradley, Antonio Margarito, Miguel Cotto, Oscar DeLaHoya, Marco Antonio Barrera, Erik Morales, Jesse Vargas et Keith Thurman, pour ne nommer que ceux-là. 

 

Fabuleuse fortune 

 

Cette brillante carrière lui a permis d’amasser une fabuleuse fortune. Il vit maintenant dans la haute société de la ville de General Santos, sur l’ile de Mandanao. 

 

Le Pacman adore les voitures de collection. Il s’est porté acquéreur d’un manoir de 12,5 millions $ à Beverly Hills, aux États-Unis. Il a une luxueuse maison de plage (beach house) près du sanctuaire marin de Sarangani, aux Philippines, et en 2011, après quelques escapades que son épouse n’a pas tellement acceptées, il a acheté un vaste domaine à Forbes Park, en banlieue de Manille. On a surnommé cet endroit de Berverly Hills de Manille, où on peut y jouer au golf, au polo, faire de la natation et beaucoup d’autres activités. 

 

Que va faire le Pacman? Va-t-il réaliser le rêve de Keith Thurman et lui accorder sa revanche? 

 

Il y a de très bons pugilistes chez les mi-moyens où les champions Errol Spence et Terrence Crawford mènent en roi. Mais si Pacquiao veut faire un coup d’argent avant de finalement accrocher ses gants, il affrontera Connor McGregor. 

 

Un gala facile 

 

Victime de Floyd Mayweather en 2015 et auteur d’un record de bourses jusqu’à ce que « Money » se mesure à McGregor, Manny n’est pas sans savoir qu’un tel affrontement lui rapportera gros et lui permettra de continuer son travail social auprès de ses compatriotes. De plus, il ne devrait avoir aucune difficulté à éclipser le barbu irlandais de Dublin. 

 

Mayweather est même prêt à affronter McGregor de nouveau, mais il exige pas moins de 300 millions $ pour un tel gala à saveur de cirque. Il est peu probable que cette revanche se matérialise, surtout à cause de la pandémie qui persiste. 

 

La vie familiale de la famille Pacquiao est trépidante.  Jinkee, son épouse avec laquelle il est tombé en amour en 1999 a aussi des aspirations politiques.  D’ailleurs, en 2013, Jinkee a été élue vice-gouverneure de la province de Sarangani, mais elle a quitté cette fonction en 2016 pour se dévouer entièrement à sa famille de cinq enfants, dont le dernier, Israel, est né en 2014.  

 

Son épouse veut qu’il abandonne 

 

Jinkee ne veut plus qu’il boxe. Elle assiste à tous ses combats, mais elle meurt un peu chaque fois qu’elle voit son époux en difficulté.   

 

Son médecin personnel voudrait qu’il accroche ses gants, mais pour Manny, la boxe c’est comme une drogue qu’il ne peut abandonner. Il se dit en grande forme physique et chaque fois qu’il monte sur un ring, il obtient le feu vert des médecins des différentes régies de boxe où il se bat. 

 

Un match contre McGregor, quelque part au Moyen-Orient dans les premiers mois de 2021, ne poserait pratiquement aucun risque pour Pacquiao. 

 

Lorsqu’on a demandé à Oscar De La Hoya combien de rounds durerait un match entre Pacman et McGregor, il a répondu : «  Le match prendrait fin quand Manny décidera qu’il en a assez. » 

 

Qui sera l’heureux élu? 

 

Votre choix est aussi bon que le mien. 

 

Bonne boxe.