La COVID-19 passe le K.-O. à tous les sports
Boxe vendredi, 13 mars 2020. 16:08 dimanche, 15 déc. 2024. 08:48Résumé des ligues et événements touchés par le coronavirus
Je suis né en 1931, juste après le fameux crash boursier de 1929. J’ai connu les hivers où il fallait emprunter du charbon d’un membre de sa famille pour chauffer le taudis dans lequel nous vivions.
J’ai passé au travers les années de guerre 1939-1945. J’ai même été cadet de l’armée canadienne. J’ai passé au travers les « blackouts », ces fameuses soirées où toutes les lumières étaient éteintes dans les rues de Montréal et les tanks se promenaient devant chez moi, rue Ontario.
Je n’ai pas connu la grippe espagnole et ses ravages, mais je sais qu’en 1918 ou 1919, le Québec a vu une vingtaine de milliers de ses citoyens connaitre la mort.
En 1958, j’ai perdu mon père et mon beau-père, morts d’œdème pulmonaire des suites de la grippe asiatique. J’ai lu qu’entre un et quatre millions de personnes sont décédées des suites de cette terrible maladie.
Au cours des ans, j’ai connu la guerre du Japon, celle de Corée, celle du Vietnam, la naissance de la bombe nucléaire les mesures de guerre à Montréal en 1970 alors que chaque soir, en revenant du travail, je devais arrêter ma voiture boulevard La Jeunesse et boulevard Gouin, pour que les soldats puissent la fouiller avant que je me dirige vers ma résidence à Laval.
À cela, ajoutez la mort des Expos, celle du Manic, les courses à Blue Bonnets, les tours jumelles de New York, qui se sont effondrées le 11 septembre.
Il y a eu bien des grippes au Québec au cours des ans. La grippe de Hong Kong en 1968-69. La grippe aviaire en 2006 et plusieurs autres dont je ne me souviens pas. Mais jamais je n’ai vécu une pandémie. Pourtant, nous savions depuis belle lurette qu’un jour nous devrions y faire face. Le mystère, c’était de trouver le virus qui nous envahirait.
Aujourd’hui, on est en plein dedans. Tout a commencé en Chine et s’est propagé en Italie, en Corée du Sud pour ensuite envahir l’Europe et traverser l’Atlantique et le Pacifique pour finalement aboutir en Amérique du sud et du nord.
Tous les sports suspendus
Au moment où j’écris ces lignes, on a suspendu presque tous les sports. Le basketball de la NBA a parti le bal et maintenant, il n’y a plus de hockey, plus de baseball. On a décidé de remettre à plus tard, les matchs d’ouvertures. Il n’y plus de tennis, plus de soccer plus de cyclisme, plus de golf et quoi encore. Même la parade de la St-Patrick a été rayée de la carte et remise à plus tard à Montréal. C’est la première fois depuis 1842, soit en 197 ans, qu’une telle parade est annulée.
Dites-vous bien que les pertes sont énormes. Pour le moment, c’est surtout la maladie qui fait peur. Demain, ce sera l’économie.
Les trois matchs de boxe qu’on devait vous présenter jeudi dernier et ce samedi, ainsi que samedi prochain, en provenance du Casino de Montréal, ont été annulés et remis à plus tard.
Savez-vous ce que cela veut dire ? J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec le président d’Eye of the Tiger, Antonin Décarie et le promoteur Yvon Michel. Tous deux ont eu à peu près la même réaction. « C’est l’enfer…, d’expliquer Antonin Décarie. Il n’y a rien que l’on puisse faire. Il faut espérer que cela se terminera au plus vite, » ajoute Yvon Michel.
Durant cette quarantaine, les boxeurs, contrairement aux joueurs de hockey, de basketball et de baseball, ne seront pas payés puisqu’ils ne travaillent pas. Mais ce sont eux qui doivent défrayer les bourses et les dépenses de leurs partenaires d’entrainement. Quant aux promoteurs, déjà ils ont dépensé de l’argent pour mousser la publicité de leurs activités à la radio, dans les journaux et à la télé. Présentement, ces sommes peuvent dépasser chez nous les 100,000 $.
Les boxeurs doivent continuer à s’entrainer, car un jour, ils reviendront à la compétition. Quand…? Sais pas…
La boxe, c’est pas pareil…
L’entrainement d’un boxeur sort de l’ordinaire. Pendant des semaines et des semaines, il doit la plupart du temps quitter sa famille, entreprendre une diète spéciale, surveiller son poids, étudier la nouvelle stratégie à prendre en fonction du rival et quoi encore…
Le cas d’Artur Beterbiev me vient à l’esprit. Il a fait venir pas moins de six partenaires d’entrainement en vue de son match de championnat contre Fenlong Meng, à Québec le 28 mars prochain. Aux dernières nouvelles, ce gala était toujours à l’horaire. Il doit donc défrayer les dépenses de séjours de ces athlètes et leur salaire pour les semaines à venir.
Pour le moment, ce sont tous les sports qui sont à genoux. Il est trop tôt pour évaluer les pertes économiques, mais dites-vous bien qu’il y aura des changements drastiques et qu’éventuellement il y aura de grosses pertes monétaires. Comme le disait si bien Charles Darwin : « Seuls les plus forts survivront ». Et les plus forts, ce sont ceux qui ont le plus d’argent.
Pas de nouveaux abonnés
Voyons le cas de Canelo Alvarez qui doit affronter Billy Joe Saunders, le 2 mai prochain, lors du gala du « cinco de mayo ». DAZN doit verser les 35 $ millions à Canelo selon son contrat. Mais Saunders n’a pas de garantie. Ce match devait générer des profits pour DAZN, mais surtout des nouveaux abonnés. Il n’y en aura pas si jamais l’affrontement est annulé.
Présentement, ce combat est toujours à l’horaire, mais le nuage plane toujours à l’horizon. Par contre, la Régie de boxe du Nevada a annulé le match de samedi entre Shakur Stevenson et Miguel Marriaga. En somme, on y va au jour le jour.
Jeudi soir dernier, RDS a présenté le gala mettant en vedette Brandun Lee (18-0-0—16/KO contre Camilo Prieto (15-2-0—9/KO) en direct du Grand Casino, de Hinkley, au Minnesota, devant une salle vide. C’est la première fois de ma longue vie que j’ai vécu une scène aussi bizarre. Tout ce qui manquait, ce sont les rires en canne…
Enfin un gros contrat
Dommage pour le gros poids lourd Arslanbek Makhmudov. Il venait de signer le plus lucratif contrat de sa carrière avec Golden Boy et devait se battre à Las Vegas, le 30 avril ou le 2 mai prochain contre un vrai rival de classe choisi par Golden Boy. Il aurait touché la plus importante bourse de sa carrière. Présentement, son cas est en suspens comme tous les autres.
En somme, la seule nouvelle encourageante cette semaine nous est parvenue de Genève, en Suisse, jeudi dernier. Selon le patron de l’Organisation mondiale de la santé, la Pandémie du nouveau coronavirus est maitrisable, mais il y a de sévères conditions à suivre.
La coupe Stanley
Prenez le cas de la coupe Stanley. Les séries 2019-20 auront-elles lieu ? Sais pas… Tout ce que j’espère, c’est que ce ne sera pas comme en 1919.
En 1919, en pleine crise de la grippe espagnole, les séries de la coupe Stanley ont commencé le 19 mars entre le Canadien et les Metropolitans de Seattle. Avant le cinquième match, le joueur le plus dur du Tricolore, un certain Joe « Bad » Hall est transporté d’urgence à l’hôpital où il agonise quelques jours plus tard. Il est mort le 5 avril de la même année.
La série est égale 2-2, mais cinq joueurs du Canadien sont malades et hospitalisés. Pas question de faire venir des nouveaux joueurs pour remplir les rangs. Le 30 juin, la série est annulée et la coupe reste bien rangée dans sa boite de conserve.
C’est peut-être ce qui nous attend, après 101 ans. Mais un peu comme c’est le cas dans la boxe, on peut tomber à genoux, mais l’important, c’est de se relever et de continuer à bûcher.
Bonne santé et Bonne boxe