Le monde de la boxe amateur est en transformation au Canada, et ça se ressent particulièrement dans son épicentre, Montréal. L’annonce mercredi de la retraite d’Ariane Fortin, « la meilleure boxeuse de l’histoire du Canada » selon mon collègue analyste Sébastien Gauthier, s’inscrit justement dans cette période de transformation.

Même si plusieurs s’ennuieront de la boxe puissante et scientifique d’Ariane Fortin, et que l’entraîneur Mike Moffa, par la simplicité et la sensibilité de son discours, a soutiré quelques larmes, les sourires étaient quand même nombreux dans l’assistance composée de divers intervenants de la boxe comme Camille Estephan, Danièle Bouchard, Stéphan Larouche, Caroline Veyre, Bernard Barré, Jean Pascal, Mathieu Germain, David Théroux, David Gauthier et Clovis Drolet qui incarne aussi la transformation puisqu’il disputera la semaine prochaine son premier combat professionnel.

Si l’on pouvait sourire au Café Barista, c’est que l’on savait qu’on pourrait continuer de compter sur Ariane Fortin pour poursuivre le coup de barre nécessaire au sein de la boxe olympique canadienne.

Entraîneur national recherché

La boxe amateur canadienne a perdu de son lustre depuis au moins deux décennies. Au cours de cette période, le Canada a délégué aux Jeux olympiques des boxeurs de qualité, mais pour divers facteurs (dont des décisions douteuses des juges, contre Fortin, Artur Biyarslanov, et aussi Custio Clayton en 2012), le pays est privé de médaille depuis 1996!

Avant même les Jeux de Rio, Boxe Canada avait effectué un processus de remise en question. L’organisme « À nous le Podium » a mandaté Gary Keegan, qui était à la tête de l’institut irlandais du sport et qui est une sommité du monde de la boxe, de revoir le fonctionnement de Boxe Canada. Ses recommandions ont été accueillies favorablement semble-t-il par Boxe Canada, qui a déjà commencé à les appliquer.

Le gigantesque conseil d’administration passera donc d’une vingtaine de membres à environ six ou sept. Le Québec et l’Ontario conserveront leurs chaises respectives autour de la table.

Il a aussi été décidé de créer un centre national d’entraînement, qui sera basé au Stade olympique de Montréal. Aux Jeux de Rio, la très grande majorité des nations médaillées en boxe pouvaient compter sur un centre national d’entraînement.

La mise en route du centre national d’entraînement pourra vraiment se mettre en branle sous peu, lorsque Boxe Canada procédera à la nomination du nouvel entraîneur national. Depuis les dernières années, ce rôle était occupé par le directeur « haute-performance » Daniel Trépanier. Monsieur Trépanier conserve son titre de directeur « haute-performance » .

Le processus d’embauche tire à sa fin. Pour l’instant, aucun nom n’a filtré. On pouvait toutefois comprendre que Boxe Canada est à la recherche d’un candidat qui a une expertise internationale et qui a déjà fait ses preuves.

« Il faut quelqu’un de l’interne »

Plusieurs se questionnent donc sur l’identité de la personne qui aura le mandat de relancer la boxe amateur canadienne, et lui redonner le lustre que l’équipe avait à l’époque, par exemple, d’Yvon Michel.  

Le boxeur David Gauthier craint toutefois que l’on engage une personne de l’extérieur. « La plus grosse erreur serait, par exemple, de penser qu’un entraîneur cubain réglerait tous nos problèmes. Ça prend une personne qui est à notre écoute, qui comprend notre langue et notre culture. Quand le Cubain Pedro Diaz a passé du temps avec l’équipe canadienne, il nous faisait nous entraîner trois heures au soleil! »

Le vétéran de l’équipe canadienne estime que le Québec regorge de personnes qualifiées pour remplir cette fonction. « On n’est pas des épais ici. Ça prend quelqu’un de l’interne. Et quelqu’un qui détient plus que des étoiles de certifications d’entraîneur. Il faut de l’expérience sur le terrain, savoir créer une expérience positive, car souvent, lorsqu’on arrivait en compétition sur la scène internationale, le climat était souvent négatif » poursuit David Gauthier, en précisant qu’il ne vise pas Daniel Trépanier.

« L’entraîneur doit comprendre la psychologie sportive », estime Gauthier. « Mon entraîneur Jean-François Bergeron, m’apprend beaucoup plus que simplement lancer un coup de poing. Il a été boxeur, il a boxé aux Olympiques. Même chose pour Danièle Bouchard et Ariane Fortin. C’est le genre de personne qu’il nous faut. Quelqu’un qui comprend la psychologie dans les semaines précédant un combat. »

Ce que l’on sait, c’est que le président de Boxe Canada Pat Fiacco, a demandé à Ariane Fortin d’occuper une place de leadership au sein de son organisme. Pour l’instant, elle continue de faire ses classes à l’extérieur des câbles. D’ailleurs dès que les célébrations de sa retraite se sont terminées, la jeune femme de 32 ans est retournée chez elle boucler ses valises pour l’Amérique du Sud, où elle se trouve présentement, avec la boxeuse Myriam DaSilva, en tant qu’entraîneuse.