À première vue, il ne devait s’agir que d’une énième défense de titres pour le champion unifié WBA « super », IBF, WBO et IBO des poids lourds Wladimir Klitschko.

À vrai dire, il s’agissait d’une excellente « occasion d’affaires » pour les partisans de Klitschko, puisque ceux de Tyson Fury ont tellement parié massivement sur une victoire de leur favori que les cotes en faveur d’un gain de l’Ukrainien n’avaient jamais été aussi élevées depuis des lustres.

Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu et c’est pourquoi la victoire de Fury sur Klitschko par décision unanime des juges est la surprise de l’année en 2015 selon RDS.ca.

Pourtant, ce n’était pas la première fois que Klitschko se mesurait à un aspirant invaincu. Depuis qu’il était redevenu champion en avril 2006, il en avait affronté sept, en arrêtant notamment quatre - Calvin Brock, Ruslan Chagaev, Franceso Pianeta et Kubrat Pulev - avant la limite.

Surtout, « Dr Steelhammer » en était à son 20e combat de championnat consécutif et était même devenu un boxeur complet depuis le début de son association avec feu Emanuel Steward en 2004. Ce dernier avait été remplacé par Jonathan Banks après le décès du légendaire entraîneur en octobre 2012, mais cela n’avait pas empêché le champion de continuer de régner.

Fury avait beau avoir connu un peu de succès dans les rangs amateurs en étant sacré champion du monde junior chez les super-lourds, reste qu’il n’avait battu qu’un seul ancien champion du monde - Steve Cunningham - depuis le début de sa carrière dans les rangs professionnels.

L’Anglais avait cependant soulevé un point extrêmement intéressant avant le combat en notant que l’Ukrainien n’avait jamais croisé le fer avec un adversaire aussi grand que lui - 6 pieds 9 pouces - et que son avantage quant à la portée - 85 contre 81 pouces - allait faire la différence. Sauf qu’étant donné qu’il est un ours mal léché, très peu d’observateurs l’ont pris au sérieux.

Quelle erreur! Car comme il l’avait prédit, Fury a profité de la situation pour empêcher Klitschko d’envoyer machinalement son jab comme il en avait toujours eu l’habitude. Cela dit, si les duels de Klitschko avaient la réputation d’être ternes, celui-là a définitivement repoussé les limites.

Les deux boxeurs n’ont lancé que 231 et 371 coups respectivement et puisque Fury n’a pas été plus ou moins précis que Klitschko, c’est parce que l’aspirant a été plus actif qu’il a mis fin au règne du champion. Et cela faisait depuis avril 2004 qu’au moins un Klitschko détenait un titre.

Une clause de combat revanche figurait au contrat, ce qui indique que les deux poids lourds se retrouveront quelque part l’année prochaine et offriront un meilleur spectacle, espérons-le.

Autres surprises dignes de mention :

Krzysztof Glowacki sur Marco Huck : Champion des lourds-légers de la WBO depuis août 2009, Huck tâtait le pouls de l’Amérique - une première en carrière - pour la 14e défense de son titre. Glowacki n’avait jamais combattu à l’extérieur de la Pologne et en championnat du monde.

Tout fonctionnait sur des roulettes pour Huck, se permettant même d’envoyer Glowacki au plancher au 6e round, mais le ciel lui est tombé sur la tête au 11e quand ce dernier lui a rendu la pareille en l’expédiant au plancher grâce à une violente combinaison gauche-droite au visage.

À peine remis de ses émotions, Huck s’est affaissé quelques instants plus tard dans les câbles après avoir reçu une série de coups à la tête et l’arbitre judicieusement décidé que c’était assez.

Viktor Postol sur Lucas Matthysse : Assurément l’un des boxeurs les plus excitants de l’industrie, Matthysse avait une occasion en or devenir enfin champion du monde en bonne et due forme - il avait été champion intérimaire avant de s’incliner devant Danny Garcia - en affrontant Viktor Postol dans un combat pour le titre vacant des super-légers du WBC.

L’Argentin revenait d’une difficile victoire par décision majoritaire sur Ruslan Provodnikov, tandis que son adversaire - même s’il était entraîné par Freddie Roach - était surtout connu pour avoir passé le knock-out à Selçuk Aydin. Leur cheminement n’avait rien de comparable.

Mais un peu comme tous les boxeurs qui se sont mesurés à Provodnikov, Matthysse n’avait plus du tout l’air du pugiliste qui l’était. Solide encaisseur, Postol a été nettement plus actif et méthodique et a fini par achever son rival au 10e round à l’aide d’un crochet de droite.

Aaron Martinez sur Devon Alexander : Même s’il avait perdu deux de ses trois derniers combats, Alexander aurait dû retrouver le chemin de la victoire contre Martinez, qui avait quant à lui été battu trois fois à ses quatre sorties précédentes. Il était d’ailleurs négligé à 50-contre-1.

Inactif depuis 305 jours, Martinez a néanmoins connu un fort début de combat et a maintenu le rythme avant de l’emporter par décision unanime. Il a prochainement rendez-vous avec l’espoir invaincu Sammy Vasquez et il sera intéressant de voir s’il sera en mesure de refaire le coup.

Adrian Granados sur Amir Iman : Déjà aspirant obligatoire à la ceinture des super-légers du WBC, Iman croisait le fer avec Granados uniquement pour garder la forme en sous-carte du combat entre Lucian Bute et James DeGale présenté en novembre au Centre Vidéotron.

Au premier round, Iman a envoyé son adversaire au plancher, mais quelqu’un, quelque part, n’avait visiblement pas vu que Granados avait subi ses quatre défaites en carrière par décision majoritaire ou partagée. Ce dernier n’a évidemment jamais lâché prise et a ultimement arrêté le protégé du promoteur Don King au huitième round après une série de coups sans réplique.

Yvan Mendy sur Luke Campbell : Médaillé d’or aux Jeux olympiques de Londres, Campbell poursuivait son apprentissage en disputant son 13e combat dans les rangs professionnels contre Mendy, qui avait notamment duré pendant 12 rounds contre Postol il y a quelques années.

Qu’à cela ne tienne, Mendy a expédié Campbell au tapis au 5e assaut à l’aide d’un crochet de gauche à la tête et l’a finalement emporté par décision partagée. Il y a encore quelques semaines à peine, Campbell était vu comme l’espoir à surveiller chez les boxeurs britanniques.