Le combat de l'année
Boxe dimanche, 29 déc. 2013. 09:35 jeudi, 12 déc. 2024. 04:25Lorsqu’il y a de la controverse, une performance exceptionnelle ou un pointage serré au terme d’un combat, ce dernier est susceptible d’alimenter les discussions pendant un certain temps.
Ces trois éléments ont été réunis quand Timothy Bradley et Ruslan Provodnikov se sont affrontés en mars et c’est pourquoi ce duel est le combat de l’année en 2013 selon le RDS.ca.
Neuf mois après son éprouvant choc contre Manny Pacquiao, Bradley ne s’attendait sûrement pas à être poussé dans ses derniers retranchements par Provodnikov. Ancien partenaire d’entraînement de Pac Man, Provodnikov n’avait jamais combattu en championnat du monde auparavant. Et pour une première, il n’a pas raté sa chance de faire une bonne impression.
Les deux boxeurs n’ont pas perdu beaucoup de temps à s’étudier en début de combat, passant rapidement au corps à corps. Bradley a même visité le plancher au premier round, mais l’arbitre a jugé que le champion des poids mi-moyens de la WBO avait glissé. Certains en doutent encore.
Dans les faits, les deux premiers rounds ont été totalement à l’avantage de Provodnikov, qui est même parvenu à ébranler Bradley dans la dernière minute du deuxième round. Sauf que ce dernier n’était pas considéré comme le neuvième meilleur boxeur « livre pour livre » de la planète avant le combat pour rien. Il a su résister à chacune des frappes de son adversaire.
L’Américain s’est posé en agresseur au début du troisième round, mais le Russe a rapidement repris le contrôle du centre du ring. À partir de ce moment, Bradley a compris que c’est en utilisant son jab et en se déplaçant continuellement qu’il aurait le dessus sur Provodnikov.
Du troisième au dixième round - à l’exception du sixième - le champion a démontré toute l’étendue de son talent grâce à des attaques variées et un jeu de pieds digne des meilleurs danseurs. L’aspirant a eu du succès les rares fois où son rival a dérogé à son plan de match.
Sentant l’urgence de la situation, Provodnikov a puisé dans ses réserves aux onzième et douzième rounds et a finalement obligé Bradley à poser un genou au tapis après avoir reçu une série de frappes de plus en plus efficaces. Il s’agit là de la meilleure décision prise par Bradley pendant tout le combat, étant donné qu’il a finalement empêché l’arbitre d’intervenir.
Les secondes se sont ainsi écoulées, et Provodnikov n’a jamais eu le temps de terminer ce qu’il avait commencé. Le verdict est ensuite tombé, Bradley demeurant champion après avoir été déclaré gagnant par décision unanime des juges (115-112, 114-113 et 114-113).
Sept mois plus tard, Bradley a offert une prestation inspirée pour battre Juan Manuel Marquez par décision partagée et est aujourd’hui reconnu comme le troisième meilleur « livre pour livre » de la planète. Quant à Provodnikov, il a forcé Mike Alvarado à l’abandon en octobre pour devenir le nouveau champion des super-légers de la WBO. À quand le combat revanche?
Autres combats dignes de mention
Brandon Rios contre Mike Alvarado II : Plus de cinq mois après avoir offert le combat de l’année en 2012 selon le RDS.ca, Rios et Alvarado étaient de retour dans le ring en mars, cette fois avec le titre intérimaire des super-légers de la WBO en jeu.
À l’image de leur premier duel, les deux boxeurs ont disputé un classique instantané. Le troisième round a été particulièrement épique, alors qu’Alvarado n’a jamais bronché devant les attaques répétées de Rios. Ce dernier a fini par être atteint par une droite, mais est ensuite parvenu à survivre à la série de coups qui a suivi.
Alvarado l’a finalement emporté par décision unanime des juges (115-113, 115-113 et 114-113), après avoir commencé à se servir de son jab et à l’appuyer avec sa main arrière à compter de la deuxième moitié du duel . Il a ainsi vengé la défaite par arrêt de l’arbitre au septième round subie en octobre 2012.
Rios et Alvarado auraient très bien pu compléter la trilogie plus tard dans l’année, mais le premier a plutôt affronté Manny Pacquiao et le deuxième a perdu sa ceinture devant Provodnikov. Les deux boxeurs revenant de défaites, le « rubber match » est peut-être maintenant de mise.
Omar Figueroa contre Nihito Arakawa : Espoir invaincu, Figueroa a l’occasion de mettre la main sur son premier titre mondial - celui intérimaire des légers du WBC - en juillet, alors qu’il affronte Arakawa, un vétéran qui en est lui aussi à son premier combat de championnat.
Les deux pugilistes ne font pas dans la dentelle, et tout comme Rios et Alvarado, le troisième round de leur duel est particulièrement épique. Arakawa met la pression, tandis que Figueroa est celui qui place les meilleurs coups. Il réussit notamment un uppercut de gauche au menton.
Après avoir enregistré deux chutes au plancher, Figueroa l’a finalement emporté par décision unanime des juges (119-107, 118-108 et 118-108), sauf que le pointage est loin d’indiquer l’allure du combat. Figueroa et Arakawa ont lancé 2112 coups en 12 rounds.
Le promoteur Golden Boy aurait aimé que Figueroa se mesure à l’ancien champion unifié des légers Juan Diaz, mais des blessures aux deux mains contre Arakawa ont contraint le Texan à l’inactivité pour le reste de l’année.
Daniel Geale contre Darren Barker : Après être devenu champion des moyens de la IBF à la suite de sa victoire sur Sebastien Sylvester en mai 2011, Geale dispute un premier combat aux États-Unis contre Barker en août à Atlantic City.
Les deux boxeurs sont loin d’être des vedettes de la division, mais le spectacle qu’ils ont offert aux partisans est l’un des meilleurs à avoir été présenté cette année.
Geale a eu légèrement l’avantage pendant la première moitié du duel et pensait bien s’être doté d’une bonne longueur d’avance au sixième round en envoyant Barker au plancher. Ce dernier a cependant été totalement fouetté par cette chute et a ultimement gagné par décision partagée (114-113, 116-111 et 113-114).
Barker n’a été champion que trois mois, puisqu’il a ensuite perdu sa ceinture, après s’être incliné par arrêt de l’arbitre devant Felix Sturm en décembre en Allemagne. Geale n’a toujours pas disputé de combat depuis sa défaite que certains ont qualifiée de vol.
Danny Garcia contre Lucas Martin Matthysse : Après avoir été l’un des sérieux candidats au titre de boxeur de l’année en 2012, Garcia avait eu droit à une féroce opposition de Zab Judah en avril. Et même s’il était toujours champion unifié des super-légers, Garcia était négligé pour son combat contre Matthysse présenté en septembre en sous-carte de Mayweather-Alvarez.
Il faut dire que Matthysse était considéré comme l’un des meilleurs cogneurs de la profession, ses victoires aux dépens de Mike Dallas fils en janvier et Lamont Peterson en mai marquant les esprits. Garcia serait-il en mesure de résister aux frappes de Matthysse?
La réponse est simple : oui. Et en réussissant à fermer l’œil gauche de son adversaire au septième round, Garcia s’est même grandement facilité la tâche. Il a ensuite envoyé Matthysse au plancher au onzième avant de perdre un point au douzième pour coup bas.
Au final, Garcia a gagné par décision unanime des juges (114-112, 115-111 et 114-112) et surtout prouvé qu’il est l’homme à battre chez les 140 livres. Plusieurs le voient comme l’un des prochains rivaux potentiels à Mayweather.
Giovani Segura contre Hernan Marquez : Les combats de mouches sont loin de soulever les passions, étant donné qu’ils ne sont jamais présentés sur les ondes des réseaux américains HBO ou Showtime.
Mais grâce à la magie des Internet, le duel éliminatoire de la WBO entre Segura et Marquez en novembre a rapidement fait le tour de la planète boxe. Les puristes diront que la défensive a été laissée au vestiaire, mais les amateurs répondront qu’ils en ont eu pour leur argent.
Pendant les 12 rounds, Segura et Marquez se sont échangé le rôle d’agresseur, connaissant chacun d’excellents moments en attaque et en contre-attaque. Et malgré certaines séances d’accrochage, cela n’a aucunement affecté le rythme du combat.
Après avoir envoyé deux fois Marquez au tapis, Segura a finalement obtenu ce qu’il désirait et l’a emporté par knock-out grâce à un solide crochet de gauche au menton de son adversaire.