Le diable est aux vaches dans le monde de la boxe, et pas à peu près. Non seulement à Montréal, mais un peu partout. Non, les troubles s’étendent de chez nous à tout le continent nord-américain.

Un certain nombre de questions s'imposent...

1. À qui la faute si David Lemieux est maintenant rendu avec Golden Boy Promotions?

2. À qui la faute si les associations WBC, WBA, IBF et WBO sont beaucoup plus intéressées à empocher les royautés pour chaque combat de championnat au lieu de vraiment protéger les pugilistes?

3. À qui la faute si Al Haymon est si puissant et le sera encore plus à compter du mois de mars prochains alors qu’il lancera ses nombreux poulains pour le compte du réseau NBC?

4. À qui la faute si depuis des années on n’a jamais été en mesure d’organiser un combat entre Manny Pacquiao et Floyd Mayweather?

5. À qui la faute si Andre Ward, reconnu comme l'un des meilleurs boxeurs de la planète livre pour livre, n’a pas combattu depuis novembre 2013 et qu'il est toujours reconnu comme co-champion WBA des super-moyens?

6. À qui la faute si Adonis Stevenson et Jean Pascal n’ont livré que deux maigres combats en 2014 contre des rivaux de deuxième classe?

 7. À qui la faute si vous faites partie de la famille du réseau HBO vous ne boxerai jamais pour le compte de Showtime, à moins que votre nom soit Bernard Hopkins ?

8. Comment un boxeur tel Floyd Mayweather peut-il décider contre qui il montera sur le ring et quand il le voudra bien?

9. À qui la faute si des juges incompétents privent des boxeurs de leur gagne-pain en rendant des décisions souvent douteuses et ne sont pratiquement jamais tenu responsables pour leurs décisions?

10. À qui la faute si des experts tels Teddy Atlas, l’analyste du réseau ESPN, et Jim Lampley, son pareil chez HBO, traitent de bandit et lancent en ondes qu’il y a de la corruption dans la boxe. Ils ont entre 30 et 40 ans de métier dans le corps. Ils doivent savoir de quoi ils parlent.

Et je pourrais continuer ainsi pendant des pages et des pages.

Le cas Lemieux

Naturellement, le cas qui nous intéresse présentement est celui de David Lemieux, qui cogne à la porte d’un match de championnat. Maintenant, ce sera au Groupe Golden Boy de faire les démarches.

Nous étions en studio, Yvon Michel et moi, quand un confrère est venu lui annoncer la nouvelle que Lemieux ne renouvellerait pas son entente avec GYM.

Yvon n’a pas voulu commenter et jusqu’ici est resté muet comme une carpe. Mais je me souviens qu’il m’avait déjà dit de ne pas m’en faire, que Lemieux lui avait donné sa parole à New York après sa victoire sur Gabriel Rosado et qu’il signerait à nouveau avec GYM.

Je sais que Lemieux n’était pas tellement satisfait de se retrouver comme deuxième violon derrière Adonis Stevenson, qui accapare la plus grande partie du temps de GYM.

En 2014 Lemieux a livré deux combats dont le dernier pour le compte du réseau HBO. Ce ne doit pas être une question monétaire car en sous-carte de l’affrontement entre Adonis Stevenson et Andrezj Fonfara, il avait touché près de 175 000 $.

À New York, avec un contrat unique de HBO, il avait vaincu Gabriel Rosado dans un furieux combat pour lequel il avait empoché pas loin de 150 000 $. Or, il ne semble pas que ce soit l’argent qui lui a permis de mettre un terme à son contrat avec GYM.

L’inertie des associations

Ce qui me chicotte, c’est l’inertie de toutes ces associations qui ne font pratiquement jamais rien pour améliorer la vie des boxeurs. Une défaite au lieu d’une victoire, rendue par un juge incompétent peut faire une différence de plusieurs centaines de milliers de dollars pour un boxeur.

Mais la farce par excellence, c’est celle des promoteurs et des réseaux de télé payante.

Par exemple, Floyd Mayweather ne boxera jamais pour Golden Boy. Or, les protégés de Golden Boy, dont plusieurs sont déjà sous contrat avec Top Rank, ne se battront pas pour le réseau Showtime.

Maintenant, il y a les cas d’Al Haymon et Roc Nation. Al Haymon gère les affaires de près de 150 boxeurs, tandis que Roc Nation, qui vient de se porter acquéreur de Gary Shaw Productions, vient de mettre le grappin sur une vingtaine de pugilistes.

Haymon va diriger plusieurs de ses protégés chez le réseau NBC à compter du mois de mars et attendez-vous à ce qu’Adonis Stevenson fasse les frais d’une finale et défende son titre des mi-lourds sur les ondes de NBC.

En somme, c’est une vraie guerre que se livre les réseaux de télé, les promoteurs et qui encore? Malheureusement, qui paie la note au bout? Ce sont les amateurs de boxe.

À Montréal, je ne m’en fais pas trop pour GYM, pas plus que pour InterBox. GYM a déjà sous contrat le champion Adonis Stevenson et les aspirants Artur Beterbiev et Eleider Alvarez.

Chez InterBox, il y a Jean Pascal, et un jour on verra bien poindre le nez de Lucian Bute. Encore aujourd’hui, je ne peux m’imaginer qu’il soit rendu au bout de sa corde.

Il y aussi Eye of the Tiger Management, qu’il faut respecter avec le champion des lourds Bermane Stiverne en tête de liste.

Lemieux a-t-il bien fait?

David Lemieux a-t-il bien fait de signer avec Golden Boy? Peut-être. Après tout nous sommes dans un pays libre, donc on peut aller où bon nous semble. Arturo Gatti a fait sa vie aux États-Unis et ce n’est qu’en fin de carrière qu’il est venu se battre à Montréal.

Certains diront que Lemieux était en dette avec Yvon Michel, qui lui avait permis de faire ses premiers pas dans le monde de la boxe professionnelle et avec qui il était associé depuis 2007.

Je me souviens, c’était au début du printemps 2007, dans la salle Baccara du Casino de Montréal, qu’Yvon Michel nous avait présenté ses trois nouveaux porte-couleurs, dont Lemieux faisait partie. On disait de lui qu’il était le nouveau Sidney Crosby de la boxe. Les deux autres étaient Antonin Décarie et Dierry Jean. Tous trois se sont assez bien tirés d’affaires au cours des années depuis leur association avec Michel.

Dans le monde des affaires il y a toujours quelqu’un au départ qui vous donne une bonne poussée. Oui, Yvon Michel a permis à David Lemieux de faire ses premiers pas et il l’a dirigé de main de maître, mais en retour, il a obtenu des compensations monétaires. Donc on est « kif kif ». S’il n’est pas satisfait du résultat, il peut toujours mettre son cas entre les mains d’un avocat, et je ne serais pas surpris s’il le faisait.

Et Lemieux n’est pas le dernier qui changera de clan à brève ou longue échéance. Combien d’yeux surveillent présentement les moindres gestes d’Artur Beterbiev et rêvent de le faire changer de camp un jour?

Ce n’est un secret pour personne. La boxe est remplie de vautours qui rodent tels des charognards autour d’une proie. Mais comment faire cesser le maraudage, les belles promesses, et l’appât du gain?

Mikaël Zewski, un pugiliste de Trois Rivières, est sous contrat avec Top Rank et se développe assez bien. Après 26 combats il présente une fiche parfaite et ne s’est battu que six fois en carrière au Québec.

Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est que lorsque vous possédez un très bon produit, vous pouvez vous attendre à ce que quelqu’un d’autre vienne chercher votre meilleur homme. C’est ainsi que cela se passe dans le monde de la libre entreprise.

Bonne boxe!