Le combat entre Eleider Alvarez et Michael Seals vous sera présenté dès 22 h à RDS2 et  RDS Direct.

 

Le combat de samedi soir entre Eleider Alvarez et Michael Seals n’est peut-être pas pour un titre mondial, mais c’est tout comme pour les deux boxeurs en présence.

 

L’affrontement sera pour le titre vacant WBC Continental des Amériques et le gagnant pourra toujours aspirer à un combat de championnat, mais ce n’est pas gagné d’avance pour le Colombien.

 

Tout le monde sait qu’Alvarez (24-1-0, 12 K.-O.) est un bon boxeur. Il l’a prouvé dans le passé. Sa science de boxe est supérieure à celle de son prochain rival, Michael Seals (24-2-0, 16 K.-O.). Mais son menton pourra-t-il résister à la puissante force de frappe de ce dernier?

 

À première vue, il est évident qu’Alvarez est dans une classe à part de Seals. Notre Colombien a battu des champions tels que Lucian Bute, Jean Pascal et Sergey Kovalev, tandis que Seals a croulé devant Edwin Rodriguez, le meilleur boxeur qu’il ait rencontré en carrière.

 

Là est la question...

 

Alvarez est sur le point de revenir à la compétition après une absence de 11 mois. Quelle sorte d’ex-champion allons-nous voir? Un boxeur semblable à Jean Pascal, qui n’est que deux ans plus vieux, ou un pugiliste comme David Lemieux, qui nous a donné la frousse à son retour sur le ring?

 

À son dernier combat le 2 février 2019, Alvarez a déçu tout le monde y compris lui-même en remettant sa couronne WBO des mi-lourds à Kovalev dans un duel où il a nettement manqué d’ardeur. La juge Lisa Giampa, certes pas la plus compétente, mais elle vient de Las Vegas, avait remis une carte parfaite de 120-108 en faveur de Kovalev.

 

Je veux bien croire qu’Alvarez a connu une mauvaise soirée, mais j’accepte plutôt les pointages de 116-112 des deux autres juges. Cela semble plus réaliste.
 

Si Alvarez a pu résister aux coups de Kovalev, on est en droit de se demander s’il pourra en faire autant contre Seals? Ce dernier est un moins bon boxeur que Kovalev, mais il cogne plus fort.

 

À voir sur YouTube

 

Je vous invite à voir les derniers combats de Seals sur YouTube, surtout celui contre son tombeur Edwin Rodriguez. Une vraie bataille de rue, avec cinq chutes au tapis en moins de trois rounds.

 

Seals n’est pas un boxeur de la trempe d’Alvarez. Il a 37 ans et sa défense est poreuse. Toutefois, il compense par une puissante force de frappe.

 

Contre Rodriguez, il a passé son temps à se battre en contre-attaque. C’est là qu’il devient extrêmement dangereux. Il laisse l’adversaire le coller dans les câbles et le cogner, quitte à aller au tapis comme ce fut le cas contre Rodriguez. Soudainement, lorsqu’on croit l’avoir à sa merci, il décoche un puissant crochet, tantôt de la gauche, tantôt de la droite.

 

Seals est un boxeur qui peut vous assommer d’un seul coup de poing, ce qui n’est pas le cas pour Alvarez. Ce dernier a un style plutôt classique; il met l’accent sur son jab et poursuit avec des crochets.

 

Solide menton

 

Dans son premier combat contre Kovalev, Alvarez a démontré une fois de plus qu’il pouvait absorber les meilleurs coups sans trop broncher, surtout au quatrième engagement quand le Russe a tout fait pour l’expédier au tapis.

 

Kovalev a ouvert la machine toute grande et il menait aux points sur les cartes des trois juges avant le début du septième round. Kovalev avait alors baissé quelque peu de régime et Alvarez en avait profité.

 

Voyant qu’Alvarez ne lui faisait pas tellement mal avec ses jabs et ses quelques crochets, la confiance de Kovalev a soudainement été mise à l’épreuve quand Alvarez a laissé partir un solide crochet de la gauche qui l'a envoyé au tapis. Quelques secondes plus tard, une combinaison 1-2 et le champion croulait une deuxième fois sous les coups.

 

Malgré une pause de près de 10 secondes après le compte de 8, gracieuseté de l’arbitre David Fields après la deuxième chute, Kovalev n’a pu reprendre ses sens et un crochet de la droite a terminé le travail.

 

Alvarez était fou de joie après sa victoire. Son rêve se réalisait, il était champion du monde. Il nous avait tous épatés avec cette force de frappe qu’on ne lui connaissait pas.

 

Pourra-t-il répéter son exploit contre Seals?

 

Alvarez devrait être capable d’éclipser Seals, à condition qu’il soit au meilleur de sa forme, surtout psychologiquement. Il nous a laissé un goût amer dans la bouche lors de sa deuxième prestation contre Kovalev, quand il lui a remis sa couronne.

 

Alvarez a un bon menton, un excellent jab et il sait quand décocher ses crochets et ses quelques uppercuts. Tout cela est bien beau, mais sera-t-il en mesure d’éviter les ripostes puissantes de son rival? Car c’est justement au moment où on croit l’avoir à sa merci qu’il est extrêmement dangereux.

 

Autre point en faveur de Seals, c’est qu’il n’a rien à perdre et tout à gagner dans ce combat. Il a 37 ans et est en fin de carrière.

 

Si Alvarez devait perdre devant Seals, qu’adviendrait-il de son association avec GYM? Le Colombien est une tête d’affiche chez GYM. Il est bien connu sur la scène mondiale. Il est déjà coté au WBC. Une victoire et le réseau ESPN ne manquera pas de le ramener à son antenne et lui offrir une bourse fort alléchante.

 

Mais s’il perd, c’est une tout autre histoire. Dans le métier de la boxe, la valeur marchande d’un pugiliste pique du nez rapidement, surtout chez les mi-lourds où le talent est pratiquement illimité présentement. GYM continuera-t-il à le garder sous son aile? Continuera-t-il à vivre à Montréal ou retournera-t-il en Colombie?

 

Bob Arum est sérieux

 

Le promoteur Bob Arum a déjà admis qu’il voulait organiser un combat entre Joe Smith fils, le tombeur de Jesse Hart il y a une semaine, et le vainqueur du duel opposant Alvarez à Seals.

 

Si Seals sortait victorieux, ce serait un rêve réalisé pour le boxeur américain, lui qui, il y a quelques semaines à peine, était pratiquement sans le sou et gagnait sa vie derrière le volant d’une voiture Uber à livrer des colis.

 

Une victoire d’un de nos boxeurs élites ne ferait pas de tort à la boxe québécoise. Nos pugilistes ont connu assez de revers en 2019 pour qu’on puisse se poser la question : aurons-nous un autre champion pour épauler Artur Beterbiev, Marie-Ève Dicaire et Jean Pascal?

 

Des voyageurs

 

Oscar Rivas s’est rendu en Europe pour y affronter Dillian Whyte. Il l’a envoyé au tapis, mais il est revenu bredouille.

 

Un des meilleurs espoirs au Québec, Christian M'Billi, nous a quittés pour réorienter sa carrière ailleurs en Europe.

 

Steven Butler s’est rendu au Japon pour se mesurer à Ryota Murata dans un combat de championnat du monde. Résultat : il est revenu au Québec sans couronne.

 

David Lemieux est revenu sur le ring après une absence de 14 mois pour tenter sa chance chez les super-moyens. Il a gagné son combat contre Mark Bursak, mais il a visité le tapis à deux occasions contre un boxeur de deuxième ordre.

 

Yves Ulysse fils est monté sur le ring de Costa Mesa, en Californie, se croyant champion. Après une défaite par décision en 12 rounds contre Ismael Barroso, il a quitté le ring la queue entre les deux jambes et animé d’une très mauvaise attitude.

 

La malchance

 

Mikaël Zewski a défendu avec succès ses couronnes IBF et NABO en passant le K.-O. au 10e round à Alejandro Davila (19-0-0, 7 K.-O.), invaincu jusque-là. Malheureusement, il a subi une fracture à un pouce au cours de ce combat. Il devrait être en mesure de revenir à la compétition au printemps.

 

Pour reprendre un vieux dicton politique québécois, « Yé temps q’ça change ». Et c’est Alvarez qui a notre sort entre les mains.

 

N’oubliez pas que ce combat vous sera retransmis en direct du Turning Stone Resort & Casino de Verona, dans l’État de New York, samedi soir à compter de 22 h sur RDS et RDS Direct. C’est l’entraîneur Stéphan Larouche qui analysera ce combat.

 

PRÉDICTION : Alvarez par K.-O. au 7e round

 

Bonne boxe.