Il n’était peut-être pas connu du grand public, mais l’annonce du décès de Martin Achard dimanche dernier s’est répandue comme une trainée de poudre dans le monde de la boxe.

Amateurs chevronnés, journalistes, boxeurs, entraîneurs et même promoteurs ont tous pleuré la disparition de l’historien de la boxe québécoise qui était âgé de seulement 50 ans. Atteint d’une maladie dégénérative auto-immune, il a mis fin à ses jours pour apaiser ses souffrances.

Les témoignages de sympathie ont fusé de partout au Québec, mais également de la France et des États-Unis, où ses travaux avaient une résonance. Martin Achard s’était créé une réputation enviable en créant le Mémorial de la boxe, un site Internet voué notamment aux principaux acteurs et moments forts de la boxe au Québec, ainsi qu’en interagissant sur les médias sociaux.

« Si j’avais un mot pour qualifier son influence : fécond, a exprimé l’entraîneur et formateur à la Fédération québécoise de boxe olympique Rénald Boisvert en entrevue à RDS.ca. Je n’ai jamais eu autant d’idées innovantes à l’entraînement ou pour mes articles qu’après lui avoir parlé.

« C’est quelqu’un qui t’amenait toujours à te poser des questions, à toujours aller en profondeur d’un sujet. C’est quelque chose dont je n’avais jamais vraiment mesuré toute l’importance. »

« Il avait une merveilleuse folie. [Régis] Lévesque, [Donato] Paduano, [Robert] Cléroux, il les connaissait tous par cœur, s’est rappelé l’administrateur de Boxingtown Québec et animateur du balado Laurent s’écoute parler Laurent Poulin. Il pouvait passer des heures à fouiller les archives et scruter les journaux d’époque. Il était vraiment très, très méthodique et structuré.

« La famille de [l’ancien champion du monde] Marcel Cerdan l’avait même contacté pour le remercier pour ses travaux de recherche. C’était aussi l’un des plus importants contributeurs [de la base de données] du site Internet spécialisé BoxRec. Il s’était donné pour mission d’ajouter des informations et des photos sur de nombreux boxeurs québécois du début du XXe siècle. »

Martin Achard« Un grand vulgarisateur »

Docteur en philosophie ancienne de l’Université Laval et poète, Martin Achard s’intéressait à la boxe depuis le combat entre Sugar Ray Leonard et Roberto Duran présenté au Stade olympique en 1980. Il s’est véritablement révélé en écrivant sur le Grand Club au début des années 2010.

« À l’époque où j’étais rédacteur en chef de La Zone de Boxe, j’étais continuellement à la recherche de collaborateurs et je me souviens qu’après avoir lu son texte à la suite d’un gala d’Eye of the Tiger à Gatineau, je l’avais trouvé tellement bon, s’est rappelé Christian Toussaint.

« Ç’a été le début d’une grande collaboration qui s’est ensuite poursuivie sur 12rounds.ca. C’était vraiment plaisant travailler avec lui parce qu’il était autant compétent qu’humble. Il avait vraiment pris le temps d’étudier la boxe. Il prenait toujours le temps d’aller en profondeur. »

Au cours des dernières années, les médias sociaux lui ont permis de rejoindre encore plus de passionnés avec ses commentaires sur plusieurs pages Facebook consacrées à la boxe, mais également à la musique rock. Malgré son érudition évidente, il parvenait à rallier tout le monde.

« C’était un grand vulgarisateur, explique Rénald Boisvert. C’est quelqu’un qui parvenait à saisir le niveau le plus élevé d’un enjeu ou d’une situation, sans que ça ne paraisse trop, trop. C’était surtout quelqu’un de très, très humble. Et il était extrêmement honnête intellectuellement. »

« Il cherchait d’abord et avant tout à mettre en valeur la boxe et tous les artisans qu’il y avait derrière, ajoute le fondateur et administrateur de la page Passion-Boxe Remi Riverin. Ses propos étaient toujours justes et éclairés. Il avait cette formidable capacité de transmettre son savoir.

« Il était intéressant et intéressé, et surtout toujours très respectueux. Les gens ne pouvaient faire autrement que de se dire "wow". Et il était comme ça dans pratiquement tout. Nous avions une passion commune pour Offenbach et il avait partagé une photo de [l’ex-boxeur] Alain Bonnamie sur laquelle il portait un chandail de l’album Tonnedebrick. Il était comme ça! »

Martin Achard avait soigneusement préparé son départ, si bien qu’il s’est assuré que tous ses travaux et recherches soient archivés pour la postérité. Il a également légué les magazines et items de collections qu’il possédait afin qu’ils se retrouvent entre bonnes mains à sa mort.

« C’est vraiment quelqu’un qui était dans une logique de transmission du savoir, conclut Laurent Poulin. Ce n’est pas quelqu’un qui cherchait la gloire, même s’il était très content lorsque des gens reconnaissaient son travail. L’important, c’est que son œuvre demeure là pour toujours. »

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