Chaque fois qu’un poids lourd américain connaît le moindrement de succès sur la scène internationale, ses compatriotes ne se gênent pas pour le porter instantanément aux nues.

Depuis que le New-Yorkais Shannon Briggs a perdu son titre de la WBO face à Sultan Ibragimov en juin 2007, le prochain représentant du pays de l’Oncle Sam à mettre la main sur une ceinture mondiale dans la catégorie reine de la boxe est attendu avec l’énergie du désespoir.

En près d’une décennie, ils sont une douzaine à avoir tenté leur chance, mais l’hégémonie des frères Vitali et Wladimir Klitschko a empêché toute forme de réjouissance. Vitali parti, une brèche s’est ouverte et il existe maintenant un réel espoir de réussir là où les autres ont échoué.

C’est ainsi que Deontay Wilder pourrait succéder à Muhammad Ali, George Foreman, Joe Frazier, Larry Holmes, Evander Holyfield et Mike Tyson - pour ne nommer que ceux-là -, alors qu’il affrontera le champion du WBC Bermane Stiverne, samedi soir au MGM Grand de Las Vegas.

L’engouement est tel qu’il s’agira du premier combat de lourds présenté dans la plus mythique des enceintes depuis celui entre Holyfield et Tyson, qui s’était avéré un fiasco, en juin 1997.

« Wilder est un porteur d’espoir, analyse le vice-président, opérations et recrutement du Groupe Yvon Michel, Bernard Barré. La division des lourds en est une à part, car elle est la locomotive de la boxe professionnelle aux États-Unis.

« Dans l’imaginaire de bien des gens, le champion des lourds est automatiquement l’homme le plus fort de la planète et ce titre-là leur échappe depuis environ dix ans. Les amateurs veulent tous revivre la belle époque des années 1970 et 1980. »

Il faut dire que l’histoire de Wilder a de quoi séduire n’importe quel amateur de sports. Ayant mis les gants pour la première fois alors qu’il était âgé de 20 ans, il est devenu champion de son pays deux ans plus tard seulement avant d’être médaillé de bronze aux Jeux de Pékin en 2008.

Ses débuts chez les professionnels ont été tout aussi fulgurants, puisqu’il a remporté ses 32 combats avant la limite jusqu’à maintenant. Il a également servi de partenaire d’entraînement au roi incontesté de la catégorie Wladimir Klitschko. Bref, rien ne semble à son épreuve.

Mais même s’il respecte le parcours de Wilder, Barré ne croit pas qu’il sera en mesure d’avoir le dessus sur un adversaire de la trempe de Stiverne. Le Québécois en sera à la première défense de sa ceinture, mais a tellement vécu d’adversité pour en arriver là qu’il ne peut pas échouer.

« Wilder avait été le seul Américain à remporter une médaille en 2008, mais j’étais convaincu qu’il avait perdu son combat en quart de finale contre Mohamed Arjaoui, rappelle Barré.

« Il possède beaucoup de talent, mais n’a pas encore battu personne chez les professionnels. Si Stiverne survit à la tempête pendant les premiers rounds, il devrait prendre le dessus en deuxième moitié de combat. De plus, Stiverne est un boxeur extrêmement sournois. »

Pour l’instant, les preneurs aux livres favorisent légèrement Wilder, mais tous anticipent que le duel ne se rendra pas à la limite. Il faut dire que l’Américain n’a jamais dépassé le 4e round en 32 sorties depuis le début de sa carrière. Le choc de samedi est prévu pour 12 rounds.