L’incroyable Joachim Alcine est de retour dans le ring. Encore une fois! Je dis « incroyable », car l’ancien champion du monde est comme une boîte à surprise. On le croit fini : il surprend avec une victoire contre Lemieux. On le croit de retour : il se fait brutalement passer le K.-O. au premier round par Matthew Macklin. On le croit disparu de la mappe : il vient se battre au Stade olympique. On s’attend à ce qu’il poursuive : il se fait attendre. On perd espoir : il annonce un combat contre Jermell Charlo.

J’ai joint le sympathique Québécois jeudi matin à son domicile de Valencia en Californie, où il habite avec son épouse et ses deux filles. Il n’est pas encore arrivé à Houston, où aura lieu vendredi la pesée pour son combat de samedi contre Jermell Charlo. Du grand Alcine!

Comment expliquer cet autre « retour du Roi », près d’un an et demi après avoir soutiré une décision partagée contre Delvin Rodriguez?

« J’ai pris un temps de repos qui m’a permis de retrouver le feu sacré que j’avais perdu », explique le boxeur de 38 ans. « Si je n’ai pas performé lors des dernières années, c’est que j’étais fatigué de la boxe. En ce moment, je suis prêt à repartir. À mon dernier combat contre Delvin Rodriguez, je n’ai pas boxé comme je le voulais, parce que je me suis sous-estimé. Même si j'ai soutiré une décision partagée, après le combat, j’ai compris que je pouvais faire mieux, mais que j’avais besoin de repos pour repartir la machine. »

Après une pause de plus d’un an, l’ancien champion WBA des 154 livres de 2007 à 2009 a finalement accepté de revenir, mais contre un adversaire de grande qualité en Jermell Charlo. Le droitier de 25 ans se battra devant ses partisans à Houston. Charlo a gagné les 26 combats professionnels qu’il a livrés. Ses quatre derniers combats ont été acquis par décision, contre d’assez bons boxeurs (Gabriel Rosado, Charlie Ota à Montréal, Mario Lozano et Vanes Martirosyan).

« Je trouve que c’est un combat intéressant », estime Alcine. « Une victoire me propulserait dans la grosse ligue et me donnerait une chance de me battre pour un championnat du monde. Charlo, c'est un boxeur de gros calibre, je ne peux pas le cacher. C'est un boxeur très talentueux. Mais l’expérience a toujours le dessus. Je ne le sous-estime pas. S’il est à ce niveau, c’est parce qu’il est bon. Moi je n'envisage pas nécessairement le K.O., mais j'envisage une victoire. Le combat peut aller à la limite. »

Alcine s’accroche à l’idée que la boxe peut parfois être imprévisible. Il se souvient bien du jour où il a perdu son titre de champion du monde à Montréal contre Daniel Santos.

« Tout peut arriver. C’est comme quand j’ai perdu, tout le monde pensait que j’allais gagner, mais c’est moi qui suis allé au plancher. »

Sauf qu’Alcine ne semble pas avoir perdu ses habitudes et n’a visiblement pas beaucoup étudié son adversaire.

« Je ne connais pas grand-chose sur Charlo, je pense que j’en saurai plus sur le ring samedi... »

Encore avec McGirt

Joachim Alcine est reconnaissant envers son entraîneur Buddy McGirt, qui avait été dans son coin lors du combat contre Rodriguez, et qui l’avait également épaulé en 2009 lors de sa victoire contre Christophe Canclaux.

« Il a fait tout le nécessaire durant le camp d’entraînement. Il m’a remonté le moral en me disant qu’il voyait encore un champion du monde dans mes yeux. Je sais qu’il ne me raconte pas d’histoire. Je lui fais confiance, je n’ai qu’à aller dans le ring et faire ce qu’il me demande et tout ira bien. Buddy est prêt à faire tout ce qu’il peut pour me remonter. La préparation pour Charlo est excellente. J’ai fait tout ce qu’il fallait. »

Des éloges pour Lemieux

Le nom d’Alcine a souvent été mentionné récemment sur la planète boxe, dans les semaines avant le combat de David Lemieux contre Gennady Golovkin. Alcine a regardé le combat de celui qu’il a surpris en décembre 2011, et il a apprécié l’effort du Québécois.

« Il a fait ce qu’il pouvait faire. Mais je m’attendais à ce qu’il attaque plus. Il était porté sur la défensive. Il faut dire que Golovkin est un boxeur de gros calibre et David a fait du mieux qu’il a pu. Je le félicite pour son combat. »

Il croit aussi que le cogneur de 26 ans sortira grandi de cette troisième défaite.

« C’est l’expérience qui rentre. Ce n’est pas terminé pour Lemieux et je suis convaincu qu’il va remonter la pente. »

Rousey et la boxe féminine

Il y aura de la boxe à Sorel le 20 novembre. Le héros local David Théroux sera de nouveau impliqué dans une bagarre contre Francesco Cotroni. Les amateurs de boxe auront aussi droit au tome 2 entre Jan Michael Poulin et Michel Tsalla, puis au duel entre Guillaume Coudé et Shakeel Phinn.

La soirée sera particulière pour la boxeuse Marie-Ève Dicaire, qui effectuera ses débuts professionnels contre Christina Barry (0-1). Une commotion cérébrale subie en « sparring » il y a exactement un an lui a fait rater neuf mois d’activité, ce qui a compromis ses chances de se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio. Elle a donc consacré ses derniers combats en boxe olympique à préparer du mieux possible son passage en boxe professionnelle.

Et les objectifs sont élevés pour l’ambitieuse boxeuse de 29 ans. Elle veut reprendre le flambeau de Danielle Bouchard, pour continuer d’ouvrir les portes et amener la boxe féminine à un niveau supérieur.

« Je veux amener une image positive de la boxe féminine, qui souffre parfois de stéréotypes. Aux États-Unis, les sports de combat féminins gagnent en popularité, surtout grâce à Ronda Rousey qui s’illustre en UFC. »

La fantastique Rousey fait énormément parler d’elle. Le réputé magazine de boxe The Ring lui a même consacré sa une, ce qui a créé un tollé chez plusieurs amateurs et artisans de la boxe. Rappelons que Ronda Rousey n’a jamais disputé un combat de boxe, mais qu’elle pourrait un jour y faire un saut. Et si jamais elle devait délaisser l’octogone pour le carré de boxe, Marie-Ève Dicaire ne refuserait pas l’invitation de l’affronter...

« Si l’occasion se pointe », dit-elle en riant! « Je vais toutefois aborder mes combats une marche à la fois! »

Marie-Ève Dicaire est reconnaissante envers Stéphan Larouche d'Interbox de lui permettre d'effectuer ses débuts au Québec.