Aujourd’hui, le monde de la boxe est en deuil. Un de ses fils les plus talentueux du nom de Emanuel (Manny) Steward, a rendu l’âme.

Une fois dans ma vie j’ai eu l’occasion de le rencontrer, de jaser avec lui. C’était un être extraordinaire. Un connaisseur de boxe et en même temps un psychologue qui savait comment sortir le meilleur de ses troupes.

Adonis Stevenson est un de ceux qui a été un protégé de Steward et qui le pleure amèrement aujourd’hui. Avec lui, Superman a appris à connaître les vieux boxeurs, les vieux champions. Steward lui a permis de mieux assimiler leur style leur façon de combattre. Autrement dit, grâce à ces bandes vidéos et aux conseils d’Emanuel, Stevenson est devenu un meilleur boxeur.

Pour lui, le meilleur entraîneur au monde est Emanuel Stewart. Pour les autres, ce sera Cus Damato, Eddie Futch, Lou Duva, Angelo Dundee ou bien encore Freddie Roach. Chose certaine, Emanuel Steward a sa place parmi tous ces Grands. Mais comment le prouver ?

Comment prouver que le ténor Luciano Pavarotti était supérieur à Enrico Caruso. Ou bien encore que le plus grand philosophe de tous les temps était Karl Marx. Il sera difficile de le faire croire à ceux qui ne jurent que par Platon.

Personnellement, j’opte pour Emanuel Steward.

Depuis un an, il était devenu un ami intime d’Yvon Michel et d’Adonis Stevenson. “Steward aimait Montréal”, raconte Yvon Michel. C’était un être d’Exception. Il téléphonait toutes les semaines pour savoir ce qui se passait chez nous. Il n’en revenait pas de la popularité de la boxe au Québec. Lorsqu’il venait nous visiter, il en profitait pour aller casser la croûte au Bâton Rouge ou encore à la Queue de Cheval près du Centre Bell. D’ailleurs, il adorait le Québec. Il disait même à Adonis qu’il était privilégié de boxer au Québec.

43 champions


Steward, que ses proches appelaient Manny, n’a jamais mis les gants sur un ring de pros. Mais chez les amateurs, il s’est illustré surtout en 1963 en remportant les Gants dorés chez les poids coqs.

En tout, chez les amateurs, il a compilé une fiche de 94 victoires contre seulement trois revers, un dossier vraiment impressionnant.

Il faudra toujours se souvenir que Steward a eu pas moins de 43 champions mondiaux sous ses ordres à un certain moment. Naturellement, son plus célèbre a été Tommy Hearns qu’il a façonné lui-même à partir de son premier combat.

Mais le premier champion qu’il a entraîné fut Hilmer Kenty. A lui, ajoutez les noms de Wilfredo Benitez, Julio Cesar Chavez, Oscar DeLaHoya, Nasseem Hamed, Evander Holyfield, Lennox Lewis, Wladimir Klitschko, et Sugar Ray Leonard, pour ne nommer que ceux là.

Pour la première fois en huit ans, Steward ne sera pas dans le coin du champion mondial des lourds, Wladimir Klitschko. C’est James Ali Bashir qui prendra la relève.

“Je veux conserver la même équipe que lorsqu’Emanuel vivait“, admet Wlad. “L’esprit d’équipe est là, tout comme avant”, prétend celui qui défendra sa couronne le 10 novembre prochain.

Un ami intime

Lennox Lewis, un champion mondial des lourds n’en revenait tout simplement pas du décès de son entraineur qui célébrait cette année son 68e anniversaire de naissance. “Je suis totalement dévasté par la mort de mon grand ami Emanuel d’écrire Lewis sur son site personnel.”

On se souviendra que Wladimir s’était rendu lui-même au Kronk Gym de Détroit qu’opérait Stewart, après sa défaite surprise aux mains d’Oliver Mcall.

“Nous avons toujours gardé une étroite relation entre nous, de poursuivre Lewis. La dernière fois que je lui ai parlé tout me semblait aller sur des roulettes pour lui. Je n’en reviens tout simplement pas qu’il soit parti aussi vite.”

Un autre qui a été étonné par la mort d’Emanuel Steward est nul autre qu’Amir Khan, l’ex-champion qui a perdu sa couronne aux mains de Danny Garcia, le 14 août dernier. Khan ne s’est pas caché pour admettre publiquement qu’il avait l’intention de divorcer d’avec Freddie Roach après cette défaite et de remettre sa carrière entre les mains de Steward.

Une perte pour HBO

Autant des boxeurs comme Adonis Stevenson ont perdu leur entraîneur, leur mentor, autant le monde de la télévision aussi est en deuil.

Depuis quelques années, Emanuel Steward faisait partie de l’équipe d’analystes du réseau HBO et il se débrouillait admirablement bien. Ses analyses avant, pendant et après les combats étaient justes et pertinentes.

“Emanuel est un homme spécial, relate Larry Merchant, un confrère de travail. Il traite tous ces jeunes qu’il dirige comme s’ils étaient tous des Wladimir Klitschko. C’est un être charitable qui ne ménage jamais son temps ou ses efforts. S’il lui faut voyager deux jours pour superviser quelques jeunes qu’il a sous ses ordres, il le fera avec empressement. Tout comme il l’avait déjà fait avec Klitschko et Lennox Lewis. Tous deux venaient de subir de cuisants revers avant de mettre leur carrière entre les mains de Steward.”

Que reste-t-il à ajouter sur la carrière de ce membre du Temple de la Renommée de la boxe, né d’une famille pauvre, à Bottom Creek, en Virginie occidentale, dirigeant du fameux Kronk Gym. de Détroit ?

Absolument rien… C’était un grand homme… Un grand entraîneur… Un grand communicateur…

Dors en paix Emanuel !